La problématique de la mise en oeuvre du système …199 C.M. Diallo, M.T. Diacouné, N.T....

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© ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues 2014;5. Issn 2079-651X

La problématique de la mise en oeuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD) en Guinée.

C.M. Diallo1, M.T. Diacouné2, N.T. Millimono3, S. Cissé4 et S. Conté5

1- Ph.D, Enseignant-chercheur à l’ISSEG, parrain scientifique2- Enseignant-chercheur à l’ISSEG, chercheur principal3- Enseignant-chercheur à l’ISSEG, chercheur associé4- Enseignant-chercheur à l’ISSEG chercheur associé5- Enseignant-chercheur à l’ISFAD, chercheur associéRépublique de Guinée

RéSuMé

L’étude sur la problématique de la mise en œuvre du LMD en République de Guinée est essentiellement fondée sur les données d’entretien avec les acteurs et les bénéficiaires des programmes universitaires. Cet entretien a été réalisé avec 24 étudiants, 20 enseignants-chercheurs, 11 agents des services d’appui scientifique et techniques, 12 gestionnaires des programmes et deux membres du Comité de passage au LMD. Il a été complété par l’analyse de 16 plans de cours disponibles sur 44 cours touchés par l’étude. L’étude s’adresse à sept institutions d’enseignement supérieur dont une privée.

L’analyse des résultats a permis de comprendre que le choix de basculer vers le système LMD est jugé pertinent par plusieurs personnes interrogées qui reconnaissent que beaucoup d’efforts ont été consentis par les acteurs et les partenaires par rapport à la rénovation des anciens programmes et à l’amélioration des conditions de travail dans les IES, une grande majorité d’entre elles pense qu’il y a eu de la précipitation par rapport à la mise en œuvre du LMD.

En effet, en novembre 2007, nos universités n’étaient pas suffisamment prêtes dans la mesure où les conditions de mise en œuvre, du reste très exigeantes, n’étaient pas encore très rassurantes. Au nombre des défis qui interpellent à présent les acteurs et les partenaires de la mise en œuvre du LMD dans les IES de Guinée, figurent en bonne place le perfectionnement pédagogiques des personnels, la rationalisation des

C.M. Diallo, Ph D, M.T. Diacouné, N.T. Millimono, et al., La problématique de la mise en oeuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD) en Guinée., Afr educ dev issues 2014;5:194-215- ISSN 2079-651X

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C.M. Diallo, M.T. Diacouné, N.T. Millimono, et al., La problématique de la mise en oeuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD) en Guinée.

effectifs des groupes pédagogiques, l’amélioration significative de l’environnement didactique et pédagogique, la motivation des enseignants, etc.

mots-clés : Problématique, LMD

AbstRACt

The study on the issue of implementation of the LMD in the Republic of Guinea is mainly based on data from interviews with stakeholders and beneficiaries of academic programs. This interview was conducted with 24 students, 20 faculty members, 11 officers and technical support scientist, 12 program managers and two members of the transition to LMD. It was supplemented by analysis of 16 lesson plans available on 44 courses affected by the study. The study is aimed at seven institutions of higher education, including one private.

The analysis of results led to the understanding that the choice to switch to the LMD system is considered relevant by several respondents who acknowledged that many efforts have been made by stakeholders and partners in relation to the renovation of old programs and the improvement of working conditions in higher education institutions. However, a large majority of them think that there was any precipitation in relation to the implementation of the LMD.

In November 2007, our universities were not adequately prepared to the extent that the conditions of implementation, is very demanding, were not very reassuring. Among the challenges now facing the players and partners in the implementation of the LMD in the IES of Guinea, there are prominently upgrading teaching staff, streamlining the number of educational groups, the significant improvement of environmental and educational motivation of teachers.

Keywords : Context, BMP

INTRODuCTION La présente étude est réalisée dans le cadre des subventions

de recherche du Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation (ROCARÉ) pour l’année 2008, sur un financement du Projet Centre d’Excellence Régionale de l’UEMOA et du Ministère des Affaires Étrangères des Pays Bas.

L’objectif principal de cette étude est de faire une observation

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et une analyse critique du bilan d’une année de mise en œuvre du système LMD dans les Institutions d’Enseignement Supérieur de la République de Guinée. Pour cela, nous nous sommes interrogés sur un certain nombre de questions :

• Les objectifs définis dans les plans de cours (syllabus) sont-ils exprimés en termes de compétences ?

• Les travaux demandés aux étudiants satisfont-ils aux exigences des crédits d’enseignement ?

• Le LMD, tel qu’il se déroule actuellement, permet-il aux étudiants de développer les compétences véhiculées par les programmes rénovés ?

Des jeunes assistants (es) d’université se sont constitués en équipe pour réaliser cette recherche dont le parrainage scientifique à été assuré par un expert national, titulaire d’un Ph.D. en Mesure et Évaluation, fortement impliqué dans la formation des enseignants en pédagogie universitaire, en prélude au lancement du LMD.

Dans les prochains développements, nous aborderont successivement le contexte de l’étude et la justification, les objectifs de la recherche, la méthode d’investigation, les résultats et leurs discussions ainsi que les recommandations et suggestions visant l’amélioration de la mise en œuvre.

CONTExTE ET JuSTIFICATION L’ambition pour l’accès à une éducation de qualité, en faveur

des guinéennes et guinéens, a conduit à des réformes au sein du système éducatif. A partir de la rentrée universitaire 2007-2008, l’enseignement supérieur a basculé vers le système LMD, d’inspiration anglo-saxon, un système dont le fondement est le socioconstructivisme. Cette réforme dans l’enseignement supérieur, basée principalement sur le système de crédit d’enseignement

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arrive avec de nouvelles exigences, dont entre autres :

• la rénovation des programmes1 selon l’approche par les compétences. Ce sont au total 54 programmes d’études de licence, huit (8) programmes de Mastères (économie, sociologie, informatique, mathématiques, Droit, Lettres, Espace-temps-Société et Biodiversité) et quatre (4) programmes de mastères en Science de l’éducation qui ont connu cette rénovation.

• la qualification et l’opportunité de s’ouvrir au monde extérieur pour le marché de l’emploi

• le perfectionnement pédagogique des enseignants

Autant dire que l’enseignement supérieur guinéen n’est pas resté en marge des innovations pédagogiques en s’engageant dans le LMD. Le rapport sur les États Généraux du système éducatif, tenue à Conakry en mai 2008, souligne que les reformes entreprises s’inscrivent dans le sens de l’atteinte des finalités de l’éducation, même si le système reste toujours confronté à certains défis tels que :

• la formation adéquate du personnel d’encadrement ;

• l’accès à la qualité de l’enseignement, par l’approvisionnement des bibliothèques des IES en documents liés aux programmes dispensés;

• la construction ou le renouvellement des infrastructures et équipements adaptés ;

• l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (notamment à l’Internet) dans la plupart

1 Ces programmes ont été élaborés par les acteurs universitaires en collaboration avec les consultants de l’université de Québec à Montréal et la Coopération française et validés par le comité scientifique de passage au LMD en Guinée ; l’assistance financière a été assurée par la Banque Mondiale à travers l’Association Internationale pour le Développement(IDA).

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des institutions d’enseignement supérieur et l’équipement de laboratoires appropriés etc.

C’est suivant cette logique que l’ex-Ministre de l’Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique2, soutenait devant la presse locale «qu’investir dans l’éducation c’est investir dans le développement et parier sur le futur ».

OBJECTIFS DE LA RECHERCHECette recherche vise les objectifs suivants :

• analyser le matériel pédagogique des enseignants pour savoir si les objectifs/compétences, les stratégies d’enseignement/apprentissage et les procédés d’évaluations sont pertinents au regard des préoccupations de construction des compétences par les étudiants ;

• évaluer les travaux exigés dans le cadre des cours par rapport aux exigences des crédits d’enseignement ;

• mesurer les perceptions des acteurs et des bénéficiaires au regard des conditions actuelles de la mise en œuvre du LMD ;

• faire des recommandations pour le bon fonctionnement du LMD.

MéTHODOLOGIEDurant cette étude nous avons utilisé à la fois des approches

qualitative et quantitative, puis nous avons procédé à l’analyse des données recueillies suite aux entretiens directs et focus groupe. Les enquêtes ont touché quatre IES de la capitale Conakry et trois 2 El Hadj Ousmane SOUARE. Ministre de l’Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique de la République de Guinée entre Mars 2007 et Décembre 2008.

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de l’intérieur du pays. Le public concerné était les gestionnaires

des programmes LMD, les acteurs et les bénéficiaires de la réforme.

Tableau I : Les IES visitées durant l’enquête

N° Noms Date de création Statut Régions admi-

nistratives

1Université Gamal Abdel Naser de Conakry (UGANC)

1962 Public Conakry

2Université Géméral Lan-sana Conté de Sonfo-niah (UGLCS)

2003 -//- -//-

3Institut Supérieur des Siences de l’Education de Guinée (ISSEG)

1979 -//- -//-

4 Université Kofi Anan de Guinée (UKAG) 1994 Privé -//-

5Institut Supérieur des Mines et Gàologie de Boké (ISMGB)

1972 Public Boké

6 Centre Universitaire de Labé (CUL) 2001 -//- Labé

7

Institut Supérieur des Sciences Agronomiques et Vétérinaire de Fara-nah (ISAVF)

1978 -//- Faranah

Ainsi, avant la réalisation de l’enquête de terrain, nous avons d’abord élaboré des guides d’entretien direct pour chaque public, ensuite recruté et formé des équipes d’enquêteurs.Avec l’aide du parrain scientifique, nous avons adopté le plan suivant conformément aux différentes rubriques des guides d’entretien pour la rédaction du rapport:

• L’identification des caractéristiques de l’échantillon ;

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• L’identification des modes de planification et de réalisation de l’enseignement ;

• Les aspects positifs et les difficultés rencontrées par les bénéficiaires de la réforme;

• Les appréciations générales liées aux questions de précipitation, de succès enregistrés, de défis à relever, de suggestions et recommandation pour rendre plus efficace la mise en œuvre du LMD en Guinée ;

• La conclusion.

RéSuLTATSLe chapitre des résultats traite l’analyse, l’interprétation et la

discussion sur les conditions de mise en œuvre du LMD dans les IES de Guinée ainsi que des recommandations.

Caractéristiques des échantillonsLes Étudiants L’enquête a touché 24 étudiants dont sept filles. Parmi eux,

deux sont inscrits aux programmes de mastère Professeur d’Écoles Normales (PEN) de l’Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation de Guinée (ISSEG). L’échantillon ne comporte aucun étudiant inscrit au doctorat dans la mesure où les programmes de doctorat n’ont pas démarré encore au niveau des IES. Les étudiants de l’échantillon fréquentent des classes dont les effectifs varient entre 35 et 300 pour les programmes de Licence et entre 5 et 45 pour ceux du Mastère.

Les EnseignantsUn échantillon de 20 enseignants ont passé l’entretien.

L’enquête s’étant déroulée pendant les vacances, nous avons eu des difficultés à rencontrer les enseignantes dont la représentativité est encore très faible au niveau des IES. La majorité des enseignants de l’échantillon provient de l’Université

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Général Lansana Conté de Sonfoniah (UGKCS) et de l’ISSEG. Au passage des enquêteurs, ceux de l’Université Kofi Anan de Guinée (UKAG) étaient tous en vacances.

Il ressort dans cette étude que Les titulaires d’un troisième cycle sont minoritaires dans l’échantillon à l’image de la population d’enseignants d’où il provient. La plupart d’entre eux sont des assistants d’université avec une expérience dans l’enseignement qui dépasse rarement 10 ans. En considérant le niveau d’études et le statut, on peut s’interroger sur l’aptitude de ce corps à mettre en œuvre efficacement les programmes rénovés des IES.

Personnel des Services d’Appui Scientifique et technique (PsAst)Au sein de ce personnel, l’enquête a touché cinq laborantins,

quatre bibliothécaires et deux informaticiens.

Les enquêtés déclarent avoir bénéficié de formations professionnelles, à divers endroits:

• Deux laborantins formés en 2006 (l’un à l’UGANC et l’autre à l’UK) ;

• Deux bibliothécaires formés à Yaoundé (Cameroun) en 1985 et à l’UCAD3 de Dakar en 2005 ;

• Un Informaticien formé en maîtrise informatique à l’UQAM ;

• Les six autres techniciens affirment tout simplement avoir suivi des séminaires dans le cadre du LMD

Les résultats indiquent que du point de vue de l’expérience du personnel des services d’appui scientifique et technique, la majorité totalise au plus 30 ans d’expériences avec une médiane qui s’établit entre 20 et 30 ans.

3 Université Cheick Anta Diop de Dakar

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Tableau II: Population d’étude et échantillon des personnes interrogées

Population d'étudeéchantillonsTotal Femme

Étudiantes et Étudiants 24 7Enseignants-chercheurs 20 0Personnel des Services d’Appui Scienti-fique et Technique (PSAST) 11 0Gestionnaires des programmes LMD 12 0Membres du comité national de pas-sage au LMD 2 0TOTAL 69 7

Enseignants et PSAT ont par la suite précisé leur niveau de formation et leur statut à l’intérieur du corps d’enseignants-chercheurs des IES. Tableau III : Niveau d’études et statut des enseignants et du PSAST

Niveau d’études StatutPremier cycle(Maî-trise)

Deuxième cycle(DESS/DEA)

Troi-sième cycle (Ph.D)

Assis-tant

Maître assis-tant

Maître de confé-rences

Enseignants 7 9 3 13 2 3

PSAST 0 6 5 6 3 2

TOTAL 7 15 8 19 5 5

Sur les 20 enseignants de l’échantillon, un s’est abstenu d’indiquer son niveau d’études et deux leurs statuts au niveau du corps d’enseignants-chercheurs des universités.

Gestionnaires de programmeLes Directeurs des programmes d’études et les membres du

Comité de passage au LMD sont tous titulaires d’un doctorat et assument des responsabilités au niveau du LMD. Pour ces personnes interrogées, les programmes sont bien ficelés et

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pertinents, bien qu’il existe une inadéquation entre les exigences liées à leur mise en œuvre et les réalités du terrain.

Les programmes touchés par l’étudeLes programmes de Licences sont les plus touchés par l’étude.

Cela se comprend dans la mesure où le LMD a démarré en 2007-2008 par les premières années de la Licence et la progression dans le LMD est en relation avec le cheminement de cette cohorte. Les Mastères concernés sont ceux du département PEN-CPMF de l’ISSEG qui recrute des instituteurs du primaire et des professeurs du secondaire pour les former au certificat de 2e cycle CPMF4 et au Mastère PEN. Les autres Mastères sont développés à L’UKAG, une IES privée dans les domaines de l’Économie, du Droit, de la Sociologie et des MIAGE5.

Tableau IV: Programmes et cours touchés par l’étude avec le nombre de plans de cours disponibles

Programmes cours plans de cours disponibles

Licence 37 41 15Mastère 7 3 1TOTAL 44 44 16

Les cours obligatoires avec six crédits d’enseignement sont les plus touchés par l’étude. Cela suppose qu’en dehors des rencontres avec le professeur, l’étudiant doit totaliser minimalement 60 heures de travail personnel à l’ISSEG et davantage ailleurs. Le professeur devrait faire de sorte que ce temps de travail minimum soit respecté ; cependant l’étude révèle qu’il en est rarement

4 Conseiller pédagogique Maître Formateur5 Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion de l’Entreprise

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ainsi. Autre fait remarquable est que ni les enseignants, ni les étudiants interrogés n’étaient en mesure de préciser le nombre de crédits attribués à 14 cours dont un au Mastère. Cela montre que l’approche par les compétences est loin d’être maîtrisés.

PLANIFICATION ET DE RéALISATION DE L’ENSEIGNEMENT

Sur 44 cours évalués, les enquêteurs sont rentrés en possession de 16 plans de cours (à peine 37 %). Sept de ces plans ont été obtenus à Conakry et les autres à l’intérieur du pays. Après l’analyse de ces plans par l’équipe de recherche, il a été constaté que trois plans de cours sont bien élaborés et sont conformes au modèle recommandé par les organisateur de l’atelier de formation en pédagogie universitaire à l’ISSEG en 2007 portant sur « la planification des cours et des leçons »

Certains plans de cours analysés insistent davantage sur des savoirs, des savoirs faire, et des savoirs propres à l’approche par objectifs développée par les béhavioristes durant la seconde moitié du siècle dernier.

INSTALLATIONS ET éQuIPEMENTS DES LOCAuxTrois bibliothèques, trois laboratoires et un centre informatique

ont été visités durant l’enquête. La capacité de ces structures est souvent faible (moins de 50 places) ; Toutefois, la bibliothèque de l’UGANC, en rénovation peut contenir jusqu’à 300 places.

L’enquête révèle que sur les sept services d’appui visités, quatre ne peuvent contenir qu’au plus une cinquantaine de place. Ce qui pose un épineux problème quand on réalise que les IES reçoivent annuellement des cohortes de plus de mille élèves.

Par rapport aux matériels existants, l’enquête révèle une insuffisance, malgré les efforts consentis à cet effet. Aussi ces techniciens pensent que le temps de fonctionnement de ces

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locaux demeure très insuffisant et parfois l’ouverture est liée aux activités (de cinq à 10heures).

Pour espérer obtenir une heure supplémentaire au laboratoire, par exemples, il faut avoir plus de 36 heures de travaux pratiques, alors que pour les cours en présentiel ce seuil est ramené à 12heures.

DISCuSSIONS ET PERSPECTIVESCette section du rapport rend compte des succès enregistrés,

des défis à surmonter et de l’appréciation générale faite par les acteurs et partenaires au sujet du LMD.

Les succès enregistrés Il serait certainement prématuré de parler de succès du

programme LMD à l’issue d’une seule année de mise en œuvre. Les résultats en termes d’efficacité, d’efficience et d’impact s’observent inéluctablement dans la durée. En attendant, voici quelques indices de succès qu’on peut attribuer au système LMD dans notre pays. Il s’agit notamment de :

• L’extension et l’équipement de sept bibliothèques dans les IES de Conakry et de l’intérieur du pays ;

• La formation d’une soixantaine de jeunes diplômés de l’université de Kankan en bibliothéconomie ;

• La formation continue des enseignants-chercheurs en pédagogie universitaire ;

• L’organisation des ateliers d’élaboration des plans de cours ;

• La remise de plans de cours élaborés aux ayant droit (étudiants, gestionnaires de programmes, comités institutionnels etc.) ;

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• La formation des chargés de la scolarité à la gestion du programme LMD (inscription, réinscription, notes de cours, etc.).

Les défis du système LMDLe défi fondamental de l’approche LMD, initié en Guinée, est

de faire des étudiants les artisans essentiels de leur cheminement d’apprentissage.

En effet, les IES de Guinée disposent d’un réseau de bibliothèques, de laboratoires et de centres informatiques. Cependant, nombreuses difficultés surviennent de façon récurrente tant par rapport à la gestion des locaux, des équipements et du matériel existants, que par rapport à l’encadrement des Travaux demandés aux étudiants.

• La faible disponibilité des ouvrages de référence, du matériel didactique et informatique dans les IES (particulièrement au CUL, à l’ISMG de Boké et à l’ISAV de Faranah), pendant que les effectifs des étudiants sont très importants ;

• En général, les étudiants manquent de préalables pour un cheminement facile à l’intérieur des différents programmes universitaires. Un formateur du département PCL de l’ISSEG illustre cette situation lorsqu’il dit « contrairement à ce qui aurait du être, nous avons l’impression qu’on oriente à l’ISSEG les plus faibles des bacheliers».

• Même si d’énormes efforts ont été consentis par le Ministère et ses partenaires pour l’ouverture et l’équipement des bibliothèques, des laboratoires et des centres informatiques, la dotation de ces structures en ouvrages spécialisés, en matériels de laboratoires et une connexion Internet à haut débit constituent de nos jours des défis de taille pour l’ensemble du système d’enseignement supérieur de Guinée ;

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La situation ainsi décrite concerne à la fois les IES publiques et privées. La seule différence réside dans l’organisation de conférences débats, de visites et de stages fréquents dans les IES privées à l’instar de l’UKAG.

D’ailleurs, l’autoévaluation de la mise en œuvre du LMD, récemment réalisée par le comité de passage, prouve à suffisance qu’il y a assez de problèmes dans la maîtrise des techniques d’évaluation suggérées dans le cadre du LMD (définition et évaluation des compétences, cohérence et continuité du processus pédagogique, correction et notation).

Pour relever ces défis, les IES doivent :

• Créer un environnement propice à l’apprentissage ;

• Rendre effectif l’accès aux revues scientifiques et pédagogiques ;

• Mettre à la disposition des étudiants et autres acteurs, les syllabus des cours, les supports didactiques des différents modules, soigneusement préparés ;

• Renforcer continuellement les compétences des enseignants-chercheurs et du personnel d’appui par des sessions de perfectionnement ;

• Exécuter les cours préalables, inscrits au programme, avant les cours obligatoires ou optionnels qui leurs sont associés ;

• Impliquer les enseignants d’expérience dans la prise en charges des nouveaux cours ou des cours fondamentaux du programme ;

• Relancer les programmes de mastère suspendus, avec plus de rigueurs ;

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• Introduire en hors des programmes, un cours de recherche documentaire et d’initiation à l’internet dès la première année ;

• Mettre en place dans chaque IES, une bibliothèque virtuelle (le wifi) avec une connexion internet à haut débit et une radio universitaire, comme le prévoit le Conseil d’Administration de l’UKAG, dans son rapport annuel, adressé au MESRS en juin 2008, portant sur la gestion de l’information dont voici un extrait :« La mise en place du LMD en Guinée pose des problèmes au niveau de l’’information qui s’accroît et se diversifie constamment ; elle exige de chaque IES une gestion efficace des données relatives à chaque étudiant. C’est pourquoi, il est indispensable de mettre les IES en réseau. Ainsi les renseignements au sujet de chaque étudiant seront obtenus par toute autre IES à travers un numéro d’identification personnel (NIP ou matricule, comme c’est le cas ailleurs à travers le monde». Cette stratégie permet de contrôler les informations au sujet d’un étudiant à partir d’un serveur national via la création d’un Dossier Unique de l’Étudiant (DUE) »

APPRéCIATIONS GéNéRALES DES ACTEuRS ET DES ENQuêTEuRS

Une des questions portait sur la perception des publics consultés au sujet d’une éventuelle précipitation de la mise en œuvre du LMD en Guinée.

On observe que la presque totalité des personnes consultées sont unanimes à reconnaître qu’il y a eu de la précipitation avec le démarrage du LMD à l’ouverture universitaire de 2007. Pour ceux-ci, une expérimentation sur trois ans, à travers quelques programmes était nécessaire, avant l’extension du système LMD à l’ensemble des programmes des IES. Cette extension devrait

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s’appuyer sur les résultats de l’évaluation de la phase pilote ou expérimentale. Pour eux, cette démarche est d’autant plus importante que les lycéens qui entrent actuellement à l’université manquent de préparation conséquente afin de se prendre en charge pour leur propre formation.

Par contre, les optimistes (qui sont largement minoritaires) soutiennent qu’il n’y a pas eu de précipitation, dans la mesure où plusieurs mesures d’accompagnement ont été envisagées avant le démarrage du système LMD. Ils affirment que la mise en œuvre graduelle du LMD, en commençant par les premières années pour l’année universitaire 2007-2008 est une mesure de prudence avérée chez les acteurs et les partenaires de l’implantation de ce système. Pour eux, la phase préparatoire a couvert cinq années pendant lesquelles des campagnes de sensibilisation ont été organisées, le personnel enseignant formé à la pédagogie universitaire centrée sur le socioconstructivisme, les structures nouvelles ont été créées et les anciennes rénovées, le PSAST formé à l’animation de leurs structures. Tous ces efforts ont eu pour corollaire l’adhésion de tous les acteurs et partenaires du projet. Ils affirment que le LMD est une opportunité à saisir pour la Guinée et que c’est un courant mondial qui amène les gouvernements à mieux investir dans l’enseignement supérieur. Ils espèrent que lorsque l’État décide d’implanter un système pédagogique, alors il est de son devoir de l’accompagner très vigoureusement.

Pour les chercheurs, les institutions universitaires ont utilisé une démarche efficace et structurée pour rénover leurs programmes d’études inscrits au LMD, en procédant, entre autre, par :

• Une analyse de la situation de départ des IES, via une autoévaluation des anciens programmes ;

• Une définition de profils de sortie des étudiants selon les filières universitaires, en tenant compte des compétences essentielles requises dans le milieu professionnel ;

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• L’élaboration des nouveaux programmes, selon une vision socioconstructiviste pour laquelle il appartient à l’étudiant de construire ses compétences avec l’aide de l’enseignant ;

• L’utilisation de l’expertise nationale évoluant au niveau des IES et d’une expertise internationale (canadienne et française) ;

• L’utilisation d’une méthode participative pour la mise en œuvre de l’ensemble des activités de rénovation ;

• La validation des programmes rénovés, avant la mise en œuvre ;

• La formation des enseignants à la pédagogie universitaire ;

• L’amélioration significative des conditions d’études et de travail dans les IES ;

• Cependant des problèmes réels demeurent lorsqu’on s’intéresse à la mise en œuvre du LMD au niveau des IES. Au nombre de ces problèmes on peut citer :

• La faible disponibilité des plans de cours (37 %), ce contrat entre le professeur et ses étudiants qui précise les intentions du cours.

• Certaines stratégies d’enseignement/apprentissage utilisées par les enseignants sont jugées pertinentes pour le LMD, mais leurs mises en œuvre souffrent des conditions défavorables déjà décrites.

• Les procédés traditionnels d’évaluation qui mettent l’emphase sur les tests de connaissances prédominent encore dans les pratiques pédagogiques des enseignants.

• Des ressources humaines parfois peu disponibles et peu qualifiés au regard de exigences de la mise en œuvre du LMD ; Ce sont les jeunes enseignants-chercheurs

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(personnels essentiellement constitués d’assistants ou de maîtres-assistants d’université) peu expérimentés qui démontrent plus de disponibilité ;

• Les conditions de mise en œuvre ne sont pas encore satisfaisantes au niveau des services d’appui scientifique et technique ;

• Un partenariat avec le milieu professionnel qui a besoin d’être renforcé.

Cette position des chercheurs est réconfortée par les personnes consultées, lorsqu’elles parlent des succès enregistrés par le LMD, des défis à surmonter et les stratégies à déployer pour améliorer les résultats.

Il est donc impérieux que les acteurs et les partenaires de la mise en œuvre du LMD, tentent d’apporter les solutions les plus appropriées à ses différents problèmes, afin que l’enseignement supérieur guinéen puisse mettre à la disposition du marché de l’emploi le professionnel dont il a vraiment besoin.

SuGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS VISANT à ACCROîTRE L’EFFICACITé DE LA MISE EN PLACE Du LMD EN GuINéE

Au regard de toutes les difficultés évoquées plus haut, il est opportun pour les acteurs du système LMD d’agir pour renforcer les acquis et minimiser les contraintes. Cela est possible lorsqu’on postule que toute réforme s’implante progressivement, en corrigeant ses imperfections, au risque d’être compromise à terme.

• Pour pallier le manque d’ouvrages, de référence par exemple, les universités qui ont les mêmes programmes d’études peuvent se constituer en réseau pour la

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production, la duplication et la diffusion de modules relatifs à un cours donné. Cette politique est déjà appliquée par l’Institut Supérieur de Formation à Distance (ISFAD) et dans plusieurs IES des pays du Maghreb. Il est curieux de constater fréquemment dans nos IES que le professeur rédige personnellement son cours, le corrige lui-même et le distribue aux étudiants, avec dépôt parfois d’une copie à la bibliothèque, sans le valider auprès de ses collègues professionnels ;

• Il est également souhaitable de revoir le mode d’orientation des bacheliers dans les IES, en associant davantage les autorités universitaires. A cet effet chaque institution devrait recruter suivant un mode fondé sur des critères spécifiques qui tiennent compte des préalables indispensables au bon cheminement dans ses propres programmes. Autant que possible, il est important de tenir compte des choix des étudiants et des possibilités d’accueil des IES. Des suggestions par rapport à la limitation à six de l’éventail des choix possibles pour chaque profil du Lycée, ce qui suppose une éventuelle multiplication de ces profils ;

• Assurer un perfectionnement académique et professionnel des enseignants-chercheurs des IES et du personnel d’appui ;

• Rehausser le budget de fonctionnement des Services d’Appui, redéfinir la politique des heures supplémentaires, mettre à la disposition des enseignants des moyens de déplacement et les motiver à travailler au-delà du temps réglementaire ;

• Mobiliser les ressources humaines et les moyens matériels pour la réalisation des stages, des excursions, des visites, des stages etc. ;

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• Mettre les universités en réseau pour palier au manque d‘enseignants et développer la formation à distance ;

• Améliorer la fourniture en eau et en électricité ;

• Participer à des évaluations transnationales pour suivre l’évolution du système d’enseignement supérieur et comparer l’étudiant guinéen à ceux de la sous région et d’ailleurs du point de vue de leur rendement scolaire ;

• Sensibiliser les étudiants, les parents sur l’avantage du LMD ;

• Ouvrir des lycées techniques à l’intention des élèves désireux de s’inscrire dans les filières d’ingénierie.

CONCLuSIONA partir de la rentrée universitaire 2007, l’enseignement

supérieur guinéen a basculé dans le système LMD, à la suite de plusieurs années de formation, de recherche et de planification. Ce système, qui a fait ses preuves ailleurs dans les pays anglo-saxons, est inspiré du socioconstructivisme pour lequel, il appartient à l’étudiant de construire les compétences qu’il devra exercer dans son milieu professionnel (le rôle du professeur est de l’accompagner dans cette construction).

Pour les acteurs et les partenaires de la mise en œuvre du LMD en Guinée, les intentions et les stratégies planifiées sont très pertinentes, mais les conditions de cette mise en œuvre sont encore très problématiques. Ce jugement s’appuie sur l’insuffisance des ressources humaines qualifiées pour la prise en charge des cours inscrits au programme d’études, la pénurie en matériels didactiques et de laboratoire, la pléthore des effectifs d’étudiants, l’inefficacité du partenariat avec le milieu professionnel, le manque de motivation et d’engagement des enseignants et des étudiants par rapport au respect du règlement des études, etc.

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Ces constats nous font penser que la poursuite du LMD en Guinée, fortement souhaité par les acteurs et les bénéficiaires des nouveaux programmes, devra tenir compte des limites observées et d’un souci permanent pour améliorer la situation actuelle.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQuESOuvrages généraux

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La problématique de la mise en oeuvre du système …199 C.M. Diallo, M.T. Diacouné, N.T....

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