New Cex-dealer veut devenir un - Diocèse de Nice · 2019. 3. 13. · Carros, Antibes, Valbonne,...

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Communication
13 mars
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Cagnes région nice-matin

Mercredi 13 mars 2019 15

Cex-dealer veut devenir un médedn anti-drogue Agé de 30 ans, Roman Sanchez témoignera de son parcours hors du commun demain, vendredi et samedi à Carros, Antibes, Valbonne, Cannes et Grasse (1). Devant jeunes et adultes

Tout a commencé dans la co�r_de mon_ c?llègeen regwn pansIenne,

alors que j'avais 12 ans et que j'étais en Se. li y avait des élèves de 3e qui se roulaient un joint sur la table de pi� pong. Je leur ai demandé d'essayer». Six ans plus tard, en terminale, Roman est de­venu un dealer et empoche plusieurs milliers d'euros par mois ! Aujourd'hui, il est en 6• année de médecine. Demain, vendredi et samedi il va partir à la rencontre de collégiens et de lycéens de Carros, Antibes, Valbonne, Cannes et Grasse pour leur expliquer comment il est tombé dans la drogue et comment il en est sorti. Un itinéraire hors du commun.

Ça a commencé comment? En 6•, je faisais le pitre pour épater la galerie et j'allais tous les jours faire un sport différent avec mes potes. Mais l'année suivante, il a suffi que je voie des « grands 1, rouler un joint dans la cour pour que je leur demande d'essayer. J'ai été défoncé pendant deux heures. J'ai failli me faire virer du cours. Mais à la maison, mes parents n'ont rien grillé. Avec des copains, on s'est mis à fumer ensemble tous les jours. En nous cotisant sur notre argent de poche.

Comment avez-vous commencé à dealer ? A ma rentrée en 1'" S, on a fait une connerie avec des copains. On a détruit le mur d'enceinte d'une école à coups de pied. Mes parents ont dû verser 1500 euros. Je voulais les rembourser. Je me suis dit "Pourquoi pas dealer ?". Je me suis mis à vendre à des copains par-ci par-là. On se partageait 20

Avec ses plants de can nabis dans son jardin, peu avant de se faire interpeller par la police. (DR)

l'armée ? J'ai fait les trois jours, ça ne m'a pas plu. Pourquoi pas pilote de ligne ? J'ai pris 15h de cours de vol. Jusqu'à ce que je fasse une mauvaise manip. J'avais fumé du shit. On a failli se tuer.

Roman Sanchez : aujourd'hui étudiant médecin. (DR)

usurpateur d'identité, deux hommes qui s'étaient battus, et un violeur. On m'a relâché. Un mois plus tard, on était dix à être jugés, mais j'ai été l'un des deux seuls à ne pas faire de la prison ferme, peut-être parce que je sentais que ça

allait arriver et que j'avais arrêté de dealer.

Ça m'a déprimé. Un soir, j'ai goûté au LSD. Ça s'est mis à monter alors que j'étais au volant sur l'autoroute. J'avais des hallucinations incroyables. J'ai encore failli me tuer. Le lendemain, j'ai réfléchi pendant des heures. Je me suis dit que la médecine me correspondait en tous points: un métier intéressant, des sciences, pas de patron, aider les autres ...

joints par jour. Je sortais la nuit en cachette pour les retrouver, fumer et dealer. Et puis j'ai découvert Sevran, à une quinzaine de kilomètres de chez moi. Une plaque tournante de la drogue en Ile-de-France. Un jour, un pote m'a emmené dans une cité. Les prix étaient bas, il y avait du shit à volonté. J'ai arrêté le sport, je n'allais presque plus en cours. J'ai redoublé. C'est alors que j'ai rencontré un mec qui en vendait des kilos. J'avais des revendeurs. En janvier, j'ai arrêté le lycée.

Vous avez eu des ennuis ? Un jour, un mec a sorti un couteau, et moi mon poing américain. Il s'est enfui. Une autre fois, deux types ont carrément sauté la grille du lycée, juste pour me racketter, parce qu' ils

savaient que je me faisais Ça m'a fait réfléchir. J'ai décidé de retourner à

l'école . .Comme

pas mal d'argent. On s'est battus. Ils étaient repartis quand les flics sont

'' Je regrette j'avais 18

ans, j'ai dû faire ma troisième classe de

tout le temps que Jal perdu"

arrivés, Mes amis m'appelaient« Chanel », diminutif de chatte éternelle, vu la chance que j'avais.

Vous avez arrêté ? La police me coursait tout le temps. Peu après mes 18 ans, j'ai été convoqué au commissariat. Les policiers m'ont ramené chez moi menottes aux poings, pour perquisitionner. Je me suis retrouvé au dépôt, en cellule. Zéro étoile sur Tripadvisor, et en compagnie de 5 "joyeux" inconnus : un dealer, un

l'" au lycée du soir. J'ai eu de super résultats. Mais ma copine et moi on s'est séparés, et en terminale, j'ai replongé, à la coke et à l'alcool. J'ai eu un sursaut trois semaines avant le bac. J'ai révisé tous les jours et surprise : j'ai eu l'examen sans rattrapage.

Le bout du tunnel ? Pas vraiment. Je ne savais pas quoi faire. Au hasard, je me suis dit : "Pourquoi pas médecine ?" . Mais il était trop tard pour les inscriptions. Alors pourquoi pas pilote d'hélico à

J'ai été refusé à Paris, mais pris à Marseille. Je me suis mis à bosser 12h par jour, 7 jours sur 7, pendant huit mois. Au début j'étais mauvais. Finalement, j'ai été reçu 3o6• sur 312 places.

Et maintenant ? Je suis revenu à Paris. Je suis en 6• année. Je voudrais devenir addictologue.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans les médias ? J'ai créé une page Facebook en 2015 en pensant

raconter mon histoire. Des médecins devenus dealers, j'en avais trouvé sur Internet, mais pas l'inverse. Et puis je me suis dit que ça pourrait aider des jeunes. Le Parisien a fait un article sur moi, Julian Bugier m'a invité avec ma mère sur France 2 pour une soirée débat sur la drogue, Hondelatte a raconté mon histoire sur Europe 1 ...

Et avec les jeunes ? J'étais allé devant les grilles de mon collège, mais je n'avais pas osé. Quelques jours après l'émission d'Hondelatte sur moi, une Azuréenne m'a demandé de venir dans des établissements scolaires dans les Alpes-Maritimes (lire encadré). Du coup, je suis allé voir mon ancienne prof de SVT et la première fois que je suis intervenu devant des élèves, c'était dans mon collège.

Pourquoi faire tout ça ? Je regrette tout le temps

1que j'ai perdu, les soucis causés à ma famille, le mal que j'ai fait à ceux qui sont devenus « accros » pour de l'argent que j'ai dépensé égoïstement. Je suis passé par là, je ne le souhaite à personne. Je veux rattraper mes erreurs, et que les choses bougent. Il n'y a pas beaucoup de gens qui se battent contre ça. J'ai même l'impression que ce serait plutôt l'inverse.

PROPOS RECUEILLIS

PAR LAURENT QUILICI

[email protected] He jeooi 14 mars au lycée privé du Mont St· Jean à Antibes, puis au ly<ée public Tocqueville de Grasse; le �ndredi 15 mars au �cée privé Stanislas de Cannes puis au CIV de Valbonne ; le samedi 16 mars à SOS village d'enfants à Carros, avec les ados et les éducateurs. Reos. 06.30.49.81.77.

cc J� témoigne· de ma vie >> En privé à SOS Village d'enfants à Carros, en public à Antibes

Que dites--vous aux jeunes ? Je ne leur dis pas : "Faites pas ci, fai­tes pas ça". Je ne leur fais pas un ex­posé ... Je leur raconte juste ma vie avec un peu d'humour. On analyse des paroles de chansons de rap, et je réponds à leurs questions. Mais j'ai aussi envie de leur dire de rester loin des écrans et des réseaux sociaux, et de se reconcentrer sur l'essentiel... De faire du sport...

Et aux parents ? Avec mes parents, on ne parle pas trop de ça. Mais ils m'ont aidé: ils ne m'ont jamais mis dehors, ils m'ont toujours proposé de faire des choses, ils m'ont soutenu et aidé financière­ment, ma mère passait des heures à essayer de discuter ... Ils m'ont donné l'exemple du travail, d'un mode de vie que je voudrais avoir moi aussi. S'ils avaient prévenu la police, je me serais peut-être senti trahi.

Ce samedi, Roman Sanchez intervient à SOS Village d'enfants à Carros, mais uniquement pour les adolescents et les éducateurs du centre. Cette organisation non gouvernementale internationale agit dans le cadre des lois sur la protection de l'enfance. Le céntre azUFéen créé dans les années 70 à Carros accueille 45 enfants âgés de 18 mois à 19 ans. Roman vient dans les Alpes-Maritimes à la demande de Sandrine de la Brosse,

responsable des Chantiers éducation des Associations familiales catholiques à Antibes. «Mais il n'y aura que deux réunions ouvertes au public : pour les adultes le jeudi 14 mars à 20h30 à la salle des associations 2 cours Masséna à Antibes; et pour les lycéens et les collégiens de 4' et de 3' le vendredi 15 mars à 20h30 salle Notre-Dame, 10 rue du directeur Chaudon, derrière l'église du Sacré­Cœur à Antibes. L'entrée est libre et gratuite».

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