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La breloquedu destin
Linda Joy Singleton
Traduit de l’anglais par Lynda Leith
VISIONS
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Copyright © 2007 Linda Joy SingletonTitre original anglais : Fatal CharmCopyright © 2008 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec Llewellyn Publications, Woodbury, MNTous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque formeque ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François DoucetTraduction : Lynda LeithRévision linguistique : Féminin PlurielCorrection d’épreuves : Marie-Lise Poirier, Isabelle VeilletteDesign de la page couverture et illustration du fer à cheval : Lisa NovakIllustration de la couverture (arrière plan) : © PhotoDiscMontage de la page couverture : Matthieu FortinMise en page : Sébastien MichaudISBN Papier 978-2-89667-418-3ISBN Epub 978-2-89683-267-5 ISBN PDF numérique 978-2-89683-268-2 Première impression : 2008Dépôt légal : 2008Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]
DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion
Z.I. des Bogues31750 Escalquens - FranceTéléphone : 05-61-00-09-99
Suisse : Transat - 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion - 05-61-00-09-99
Imprimé au Canada
Participation de la SODEC.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Pro-gramme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.Gouvernement du Québec - Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres - GestionSODEC.
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LINDA JOY SINGLETON demeure dans le nordde la Californie. Elle a deux grands enfants etbénéficie du soutien de son merveilleux mari,qui adore voyager avec elle à la recherched’histoires inhabituelles.
Linda Joy Singleton est l’auteure de plus devingt-cinq livres, incluant ceux des sériesRegeneration, My Sister the Ghost, CheerSquad et Rencontres de l’étrange.
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À Felicia Velasquez pour avoir partagé ses voyages astraux avec moi.
À Cassandra Whetstone, pour ses conseils critiques.
À Taylor, et à mes cousines Courtney et Kadie.
Et à tous mes formidables admirateurs qui ont réclamé ce livre.
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Partie 1Retour à la maison
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EST-CE MAL DE DÉTESTER UNE PERSONNE JUSTE
parce qu’elle est née ? Je m’interrogeais là-dessus pendant que j’épiais la voleuse qui m’avait dérobé davantage que mon visage.
Le morne matin gris convenait à monhumeur maussade. Je m’étais levée tôt et j’avais sauté le petit-déjeuner ; à présent, mon
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estomac grondait. Je n’avais pas voulu con-duire jusqu’ici, pourtant, je me sentais attiréepar cette maison comme une mouche par unpapier collant.
Je devais voir la rouquine encore une fois.Je ne lui avais jamais parlé, et je ne connais-sais presque rien d’autre que son nom : Jade.J’avais essayé de me mettre au diapason avecelle psychiquement, mais mes émotions instablescourt-circuitaient mon sixième sens, et je n’avais rien obtenu.
La partie rationnelle de mon cerveau savaitque la fille n’avait rien fait de mal. Néanmoins,je la détestais quand même, et je voulais lablesser aussi profondément qu’elle m’avaitblessée. Elle était mon ennemie — la demi-sœur secrète que mon père avait cachée jusqu’àhier.
Affalée, avec mon manteau sombre et mescheveux blonds dissimulés sous une casquette,je regardais par la vitre de ma voiture la mai-son jaune avec en façade une énorme jardi-nière en brique. Il n’y avait pas de fleurs dansla jardinière, uniquement des herbes qui sem-blaient mortes, et la brume du matin faisaitbriller la rosée sur chaque brique usée, commesi la maison pleurait des larmes de sang.
Je m’étais garée discrètement sous lesvignes envahissantes d’un saule, et j’espérais
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que personne ne remarquerait une voiture deplus dans ce quartier plein à craquer de véhi-cules aux coins des rues, dans les allées degarage, et même sur les pelouses. Après tout,il y avait cinq voitures entassées dans l’allée degarage de la maison jaune.
L’une d’elles appartenait-elle à Jade?Me rapprochant de la vitre de ma voiture,
je l’aperçus à travers les rideaux transparentsalors qu’elle se déplaçait dans ce qui me sem-blait être le salon. La lumière dorée d’unelampe illuminait ses cheveux roux, ce qui don-nait l’impression qu’ils brûlaient. Elle collaitun téléphone à son oreille tout en gesticulantde l’autre main. Je ne pouvais pas voir sonvisage de si loin, mais son langage corporelsuintait le drame, et je me demandais ce qu’elledisait. Bien plus, je me demandais si elle luiparlait, à lui.
Notre père.Cela avait été un hasard — ma découverte.Alors que papa me reconduisait à la maison
(après une journée angoissante meublée par la trahison, la violence et les policiers), sonportable avait sonné. Je voyais bien à la façondiscrète de papa de murmurer et de me jeterdes coups d’œil qu’il se passait quelque chosed’étrange, alors j’avais fait semblant de dormir.Cependant, la comédie avait pris fin quand
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papa avait fait un crochet par cette maison, oùil avait été accueilli par une fille d’à peu prèsmon âge et par une femme que je supposaisêtre sa mère. À part ses cheveux roux, la filleme ressemblait de façon choquante. J’éprouvaiencore un plus grand choc quand elle enroulases bras autour de mon père et qu’elle l’appela«papa !»
Tout d’abord, je crus qu’elle avait pris monpère pour quelqu’un d’autre.
Mais c’est moi qui faisais erreur.À propos de mon père.Par la suite, mon père m’avait conduite
dans un café presque désert et nous nousétions assis à la table l’un en face de l’autre. Lapeine et la colère bouillonnaient en moicomme le thé dans ma tasse, et me laissaientun mauvais goût.
— Ne me regarde pas comme ça, Sabine.Laisse-moi t’expliquer, s’il te plaît, dit monpère d’une voix basse et peinée qui, habituel-lement, m’aurait influencée.
Mais je restai de marbre en m’abreuvantd’amertume brûlante.
Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcherd’écouter alors qu’il parlait.
Il m’expliqua qu’avant son mariage avecma mère, il avait rencontré Crystal au casinooù elle travaillait comme croupière. Crystal
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était belle, débridée et imprévisible, à l’inversedes filles convenables de bonne famille qu’ilfréquentait d’habitude. Il se croyait amoureuxet il la demanda en mariage. Ils furent fiancéspendant seulement quelques semaines, avantqu’elle ne le plaque pour un homme riche plusâgé. Papa avait eu le cœur brisé, mais il s’enétait remis rapidement, et il avait fini parépouser ma mère. Je suis née un an plus tard.
Il ne savait même pas que Crystal avait euun enfant, jusqu’à ce que son mari meure, il ya quatre ans, endetté auprès de tellement decréanciers que sa femme et sa fille déclarèrentfaillite. C’est à ce moment-là que Crystal avaitcherché mon père et lui avait présenté Jade,âgée de treize ans : sa fille aînée.
— La ressemblance de Jade avec toi nelaissait aucun doute sur le fait qu’elle était demoi.
Mon père soupira profondément, ses mainsrefermées autour d’une tasse de café commes’il s’accrochait à une bouée de sauvetage.
— Elle a manqué tant de choses. Je nepouvais pas rattraper les années perdues,mais, depuis, j’ai fait de mon mieux pour êtreun père sur lequel elle peut compter.
— Mais… et nous ? lui demandai-je doucement. Ta vraie famille?
— Vous n’avez manqué de rien.
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— Sauf de toi.Il ferma les yeux comme si j’étais le soleil et
que me regarder de trop près lui ferait perdrela vue. Et il ne dit rien. Ce père avocat, que j’avais idolâtré toute ma vie et qui pouvaitinfluencer un jury avec son éloquence brillante,ne prononça aucune parole pour sa défense ; ilse contenta de baisser les épaules en acceptantsans joie mon verdict de culpabilité.
Une serveuse arriva avec une cafetière,remplit la tasse de papa et me demanda si jevoulais encore du thé. Je secouai la tête, monregard fixé sur papa, sans lever les yeux.Quand elle se tourna vers l’autre table, jedemandai d’une voix douce :
— Est-ce que maman le sait ?— Non. Et je préférerais que ça reste ainsi.— Tu veux que je mente pour toi ?— J’espère que tu respecteras ma vie
privée.— Que sais-tu du respect?Mes mains se resserrèrent autour de ma
tasse de thé, et je fus tentée de lui jeter auvisage davantage que des mots. Je songeai àla façon dont son visage s’était illuminé quandil avait décrit Crystal comme une femme « débridée et imprévisible ». Ajoutez à cela latension croissante entre mes parents, et toutesles nuits où papa « travaillait tard».
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Oh, mon Dieu ! Il s’agissait de quelquechose de plus important que la découverted’une autre fille. Il était retombé amoureux de Crystal et il trompait ma mère. Tout celatombait sous le sens. La prochaine étapeconduirait au divorce ; ce qui briserait mafamille. Mes jeunes sœurs, Amy et Ashley,seraient anéanties.
— Ça n’a pas été facile, dit papa grave-ment. C’est compliqué, être déchiré entre tousles gens qu’on aime. Tu ne comprendrais pas.
Pourquoi les adultes disaient-ils toujourscela ? Comme s’ils savaient tout et qu’ilscroyaient qu’être jeune, c’était être idiot. Maispapa avait tort — je comprenais davantagequ’il ne le pensait. Il n’était pas le seul à avoirdes secrets.
J’en cachais un énorme à Josh — monséduisant et doux petit ami qui avait confianceen moi. Josh n’avait pas été très disponible,dernièrement ; nous n’avions donc pas passébeaucoup de temps ensemble. Peut-êtreétions-nous en train de nous éloigner l’un del’autre. Je n’en étais pas certaine, mais, à moinsde nous séparer, c’était incorrect de ma part dedésirer un autre garçon. Pourtant, c’est ce queje ressentais pour Dominic (homme à tout faireet apprenti employé par ma grand-mèreNona) depuis que nous travaillions ensemble
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pour découvrir un remède pour la maladie deNona. Pis encore — dans un moment étince-lant de vie ou mort, j’avais embrassé Dominic,et j’en avais éprouvé du plaisir. À présent, je nepouvais plus m’arrêter de penser à lui.
Comment pouvais-je juger mon père, alorsque j’étais aussi coupable?
J’ai donc accepté de garder le secret depapa. Non pas pour le protéger, mais pourprotéger mes sœurs jumelles de dix ans, quiméritaient un meilleur traitement, et mêmemaman, qui avait ses défauts, mais qui restaitma mère et que je ne voulais pas voir blessée.
« Mais je ne serai pas comme toi, papa »,pensai-je avec détermination. Plus question dementir à Josh en désirant quelqu’un d’autre.J’arrangerai les choses avec Josh. J’oublieraitout ce qui concerne Dominic.
Alors, pourquoi est-ce que j’espionnaisdans ce quartier délabré, où les mauvaises herbes s’épanouissaient davantage que lespelouses, à des kilomètres de la maison huppéede mes parents? Est-ce que je voulais en savoirplus sur Jade ? Étais-je jalouse de cette demi-sœur qui semblait recevoir plus que la moitiéde l’attention de mon père ? Voulais-je êtrevengée ou apprendre à la connaître ? Ou bienétais-je ici pour me prouver qu’elle ne comp-
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tait pas ; que ma famille restait entière et quetout allait bien dans mon monde?
Des ombres bougèrent dans le salon, et un homme marcha vers Jade. Toutefois, il nes’arrêta pas, et elle ne mit pas son téléphone decôté. Puis la porte d’entrée s’ouvrit, et l’hommesortit de la maison.
L’espace d’une seconde, j’ai cru que j’allaissurprendre mon propre père à sortir furtive-ment après avoir passé la nuit avec sa petiteamie. Mais c’était impossible. La voiture depapa se trouvait toujours dans l’allée de garagequand j’étais partie, une heure auparavant.D’ailleurs, cet homme était beaucoup plusvieux que mon père ; costaud, les cheveux griset portant un affreux pantalon en tweed avecune chemise à manches longues jaune mou-tarde. Si ma meilleure amie Penny-Love étaitici, elle voudrait l’abattre pour cause de crimecontre la mode.
Monsieur Tweed jeta un coup d’œil furtifaux alentours et je me suis demandé s’il sentaitque je l’observais. Rapidement, je me baissaitrès bas. Je regardai à nouveau par la vitre avecprécaution. L’homme gardait la tête baissée,comme s’il cachait quelque chose, alors qu’iltraversait la pelouse en direction d’un pick-uprouge vin de taille moyenne.
Qui était-il ?
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Je me penchai plus avant pour mieux voir,jusqu’à ce que mon nez cogne contre la vitre.
Pendant que monsieur Tweed se tournaitpour ouvrir la portière de sa voiture, un objetrond sortant de sa poche arrière lança un éclairargenté. Au premier coup d’œil, cela ressem-blait à un bracelet en argent pendant à unechaîne. Mais la réalité me frappa de pleinfouet, et je laissai échapper un petit hoquet.
Des menottes.
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