À Alexandre - Université du Québec à ChicoutimiIll RÉSUMÉ L'industrie forestière du Québec...

96
UNIVERSITE DU QUEBEC A CHICOUTIMI MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN RESSOURCES RENOUVELABLES PAR CHARLES SIROIS B. Se. (CHIMIE) VALORISATION DES EXTRAITS DE PIN GMS (Pinus banksiana) PAR L'ÉTUDE DE LEUR COMPOSITION CHIMIQUE ET DE LEURS ACTIVITÉS BIOLOGIQUES Avril 2008

Transcript of À Alexandre - Université du Québec à ChicoutimiIll RÉSUMÉ L'industrie forestière du Québec...

UNIVERSITE DU QUEBEC A CHICOUTIMI

MÉMOIRE PRÉSENTÉ À

L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAÎTRISE EN RESSOURCES RENOUVELABLES

PAR

CHARLES SIROIS

B. Se. (CHIMIE)

VALORISATION DES EXTRAITS DE PIN GMS (Pinus banksiana)

PAR L'ÉTUDE DE LEUR COMPOSITION CHIMIQUE

ET DE LEURS ACTIVITÉS BIOLOGIQUES

Avril 2008

bibliothèquePaul-Emile-Bouletj

UIUQAC

Mise en garde/Advice

Afin de rendre accessible au plusgrand nombre le résultat destravaux de recherche menés par sesétudiants gradués et dans l'esprit desrègles qui régissent le dépôt et ladiffusion des mémoires et thèsesproduits dans cette Institution,l'Université du Québec àChicoutimi (UQAC) est fière derendre accessible une versioncomplète et gratuite de cette �uvre.

Motivated by a desire to make theresults of its graduate students'research accessible to all, and inaccordance with the rulesgoverning the acceptation anddiffusion of dissertations andtheses in this Institution, theUniversité du Québec àChicoutimi (UQAC) is proud tomake a complete version of thiswork available at no cost to thereader.

L'auteur conserve néanmoins lapropriété du droit d'auteur quiprotège ce mémoire ou cette thèse.Ni le mémoire ou la thèse ni desextraits substantiels de ceux-ci nepeuvent être imprimés ou autrementreproduits sans son autorisation.

The author retains ownership of thecopyright of this dissertation orthesis. Neither the dissertation orthesis, nor substantial extracts fromit, may be printed or otherwisereproduced without the author'spermission.

À Alexandre

Ill

RÉSUMÉ

L'industrie forestière du Québec abandonne annuellement environ 10 millions de mètres

cube de résidus forestiers sur les parterres de coupe. Les travaux de recherche ont été

effectués à l'UQAC. Les travaux présentés dans ce mémoire tentent d'identifier par le

truchement de l'analyse phytochimique de nouvelles substances bioactives à valoriser à

même ces rejets de coupe.

Au total, 11 espèces d'essences ligneuses de la forêt boréale, réparties sur deux récoltes, ont

été testées pour l'activité anticancéreuse, antibiotique, antioxydante et antifongique de leurs

bois. Les résultats d'analyse nous ont amené à concentrer l'effort sur le Pinus banksiana

qui démontrait une très bonne réponse aux tests anticancéreux.

Au cours des travaux, dix molécules comprenant entre autre des flavonoïdes (la

pinobanksine ainsi que sont dérivé acétate, la pinocembrine), et des acides résiniques

faydroxylé ont été isolées par diverses techniques chromatographiques, identifiées par

résonance magnétique nucléaire et testées sur des cultures de cellules pour déterminer la ou

les molécules responsables de l'activité anticancéreuse observée sur les extraits bruts.

IV

Au terme de plusieurs mois de recherche, je remercie du fond du c�ur les personnes qui

m'ont soutenu dans cette recherche, en particulier :

Vakhtang Mshvildadze, pharmacognosiste profondément géorgien;

Serge Lavoie, l'homme orchestre, pour son support indéfectible;

François Simard, mon modèle au quotidien et colocataire à Marseille;

Carole Grenon, pour l'aide apportée en HPLC;

Professeur Riad Elias, qui a généreusement partagé son savoir et son temps lors de mon

stage à Marseille.

Je ne peux non plus oublier la contribution d'André Barrette, Hélène Gagnon. Maxime

Lebrun, Catherine Dussault, Josette Ross, Tommy Perron. Marie-Eve Bradette-Hébert et

Dominic Dufour.

Enfin, je remercie André Pichette et Jean Legault, mes directeurs de recherche, pour la

liberté dont j 'ai bénéficié tout au long de ce projet et pour leur soutien financier.

V

TABLE DES MATIÈRES

TABLE DES MATIÈRES v

LISTE DES FIGURES ...ix

LISTE DES TABLEAUX , ........x

INTRODUCTION ..13

CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE ........20

1.1 Description morphologique ............21

1.2 Habitat et distribution 21

1.3 Utilisation par l'industrie forestière 22

1.4 Compositions chimiques connues des parties de Pinus banksiana... 23

1.4.1 La résine 24

1.4.2 L'écorce 24

1.4.3 Les aiguilles 24

1.4.4 Le bois...... ...........25

CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE 29

2.1 La récolte et la préparation 30

2.1.1 La récolte du matériel végétal ............30

2.1.2 La préparation du bois ........30

2.1.3 Le broyage. , 31

2.2 Les extractions des produits naturels 31

2.2.1 Extractions au Soxhlet à petite échelle (50 g) 31

2.2.2 Extractions au Soxhlet à grande échelle (400 g) 33

2.2.3 Extractions effectuées à la sonde ultrason 35

2.3 Le criblage biologique et biochimique 35

2.3.1 Évaluation de l'activité anticancéreuse..................................................36

2.3.2 Évaluation de l'activité antibiotique ............37

2.3.3 Évaluation de l'activité antifongique ..........37

2.3.4 Évaluation de l'activité antioxydante 38

2.4 La chromatograpMe... 35

2.4.1 La nomenclature des échantillons...................... 38

2.4.2 La chromatographie sur couche mince............................................ ..39

2.4.3 La chromatographie sur colonne.... ....................................40

2.4.4 La chromatographie en phase gazeuse.................................. 41

2.4.5 La chromatographie liquide haute performance 42

2.5 La spectroscopie .................44

2.5.1 La spectroscopie de résonnance magnétique nucléaire 45

CHAPITRE 3 RÉSULTATS ET DISCUSSION 46

3.1 Extractions ..47

3.1.1 Résultats des extractions de la première cueillette 47

3.1.2 Résultats des extractions de la seconde cueillette 47

3.1.3 Rendements des extractions avec la sonde à ultrason....... 48

3.1.4 Rendements des extractions à grande échelle (Soxhlet 400 g) 49

vu

3.2 Criblage biologique et biochimique 49

3.2.1 Résultats du criblage biologique de la première cueillette 49

3.2.2 Résultats du criblage biologique de la seconde cueillette 51

3.3 ' Choix de l'espèce......................................................... 56

3.4 Résultats de chromatographie... 56

3.4.1 Isolation des composés de l'extrait dichlorométhane 56

3.4.2 Purification de l'extrait à l'hexane .................61

3.5 Résultats de spectroscopie : identification des molécules 64

3.5.1 CS1CA et CS1EB : le matairésinol.............. 64

3.5.2 CS1BB : lapinosyîvinemonométhyleéther.. 65

3.5.3 CS1CB : lapinocembrine... 65

3.5.4 CS1CC : l'acétate de pinobanksine 66

3.5.5 CS1EA : le pinorésinol ................................66

3.5.6 CS1EC : la pinobanksine .67

3.5.7 CS6CC : l'acide 15-h.ydroxydéhydroabiétique ...................68

3.5.8 CS6CD : l'acides 13-keto-8(14)-podocarpenoïque 68

3.5.9 CS6CF : l'acide 12-hydroxyabiétique 69

3.5.10 CS6CH : l'acide imbricatolique 70

3.6 Bioactivité des molécules isolées ..70

vm

CONCLUSION 72

BIBLIOGRAPHIE ..................75

ANNEXE 1 Liste des abréviations.... ...................84

ANNEXE 2 Identification RMN des molécules 86

CS1CA et CSÏEB : MatairésinoL... 87

CS1CB : Pinocembrine 88

CS1CC : Acétate depinobanksine.... .....................................................89

CSÏEB : Pinorésinol.... 90

CSlEC:Pinobanksine .91

CS6CC: Acide 15-hydroxydehydroabiÉtique.. 92

CS6CD : Acide 13-keto-8(14)-podocarpenoïque .....93

CS6CE: Acide 12-hydroxyabiÉtique ......94

CS6CH : Acide imbricatolique 95

LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : PINUSBANKSIANA LAMBERT 21

FIGURE 2 : DISTRIBUTION DU PINUS BANKSIANA LAMB. [THOMPSON, 1999] 22

FIGURE 3 : STRUCTURE MOLÉCULAIRE DE LA PINOBANKSINE 23

FIGURE 4 : STRUCTURE MOLÉCULAIRE DE L'ACIDE 13~KETO-8(14)PODQCARPEN-18-QÏQUE .25

FIGURES : STRUCTURE MOLÉCULAIRE DE LA PINOSYLVINE...................................................25

FIGURE 5 : STRUCTURE MOLÉCULAIRE DE LA CONIFÉRINE-E.... ........................26

FIGURE? : SCHÉMA DE L'EXTRACTION AU SOXHLET 32

FIGURES : MONTAGE DU SOXHLET DE 400 G 34

FIGURE 9 : SCHÉMA DE PURIFICATION DE L'EXTRAIT AUDICHLOROMÉTHANE... 57

FIGURE 10 : CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCES SUR GEL DE SILICE DES FRACTIONS 1A

À H ( C H C L 3 : M E O H 4 0 : 1;VANILLINE) 58

FIGURE 11 : CHROMATOGRAMME GC/MS DE LA FRACTION IB................ .......................59

FIGURE 12 : CHROMATOGRAMME HPLC PRÉPARAIT* DE LA FRACTION 1C. 60

FIGURE 13 : CHROMATOGRAMME HPLC DE LA FRACTION IE 61

FIGURE 14 : SCHÉMA DE PURIFICATION DE L'EXTRAIT À V HEXANE 62

FIGURE 15 : CHROMATOGRAMME HPLC DE LA FRACTION CS6C. 64

X

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : MOLÉCULES IDENTIFIÉES À PARTIR DE PINUSBANKSIANA, SELON LA FAMILLE,

1930-2007 27

TABLEAU 2 : CHRQMATOGRAPHIE DE L'EXTRAIT DICHLOROMÉTHANE BRUT. 40

TABLEAU 3 : CHROMATOGRAPHIE DE L'EXTRAIT HEXANE DU BOIS DE PIN GRIS ..............41

TABLEAU 4 : PARAMÈTRE D'UTILISATION DU GC/MS..... ..........42

TABLEAU 5 : CONDITION EN HPLC ANALYTIQUE UTILISÉ POUR L'ANALYSE DE

L'ÉCHANTILLON 1C 43

TABLEAU 6 ; CONDITION EN HPLC ANALYTIQUE UTILISÉ POUR L'ANALYSE DE

L'ÉCHANTILLON CS6C 43

TABLEAU 7 : CONDITIONS HPLC UTILISÉES POUR L'ISOLATION DES COMPOSÉS DE LA

FRACTION 1 C . 4 4

TABLEAU 8 : RENDEMENTS OBTENUS AVEC L'APPROCHE SÉQUENTIELLE D'EXTRACTION POUR

LES DIFFÉRENTS BOIS DE LA PREMIÈRE CUEILLETTE . . . . . . . . .47

TABLEAU 9 : RENDEMENTS DES EXTRACTIONS DE LA SECONDE CUEILLETTE 48

TABLEAU 10 : RÉSULTATS IC50 DES TESTS D'ACTIVITÉ ANTICANCÉREUSE DE LA PREMIÈRE

CUEILLETTE...... 5 1

TABLEAU 11 : RÉSULTATS IC5Q DES TESTS D'ACTIVITÉ ANTICANCÉREUSE DE LA DEUXIÈME

CUEILLETTE................. 5 2

TABLEAU 12 : RÉSULTATS DES INDICES ORAC ET ACTIVITÉ ANTIOXYDANTE SUR CELLULE

POUR LES EXTRAITS DE LA SECONDE CUEILLETTE ...54

TABLEAU 13 : ÉVALUATION DE L'AVTICITÉ ANTIBIOTIQUE DE PLUSIEURS ESPÈCES DE LA

FORÊT BORÉALE RÉSULTATS DES TESTS ANTIBACTÉRIENS D'EXTRAITS DE LA

SECONDE CUEILLETTE..... . 5 5

TABLEAU 14 : MASSE ET VALEUR D'IC5O DE L'EXTRAIT À L'HEXANE ET DES DIFFÉRENTES

FRACTIONS OBTENUES LORS DELA PURIFICATION PRIMAIRE..... 63

TABLEAU 15 ; ACTIVITÉ ANTICANCÉREUSE DES MOLÉCULES ISOLÉES..... 71

INTRODUCTION

INTRODUCTION

Deux ordres de préoccupation se rencontrent dans ce mémoire et lui donnent sa substance.

Le premier a trait à la maladie et à la recherche incessante de l'homme qui, observant la

nature et les effets de ses propres expériences, a depuis longtemps découvert que le monde

végétal est porteur d'une multitude de solutions aux problèmes de santé qui affligent les

humains.

Le deuxième se rapporte au fait que l'industrie forestière exploite massivement l'univers

végétal de la forêt boréale, y laissant comme résidu une proportion majeure de biomasse

coupée sans qu'on se soit assuré que ces résidus - que l'on perçoit d'emblée comme un

problème - fassent plutôt partie de l'ordre des solutions.

Reliant les deux ordres de préoccupation énoncés, le sujet de ce mémoire rejoint donc

l'interrogation globale suivante :

« Les matières ligneuses qui jonchent si abondamment les parterres de coupe

recèlent-elles, en qualité et en quantité, des molécules utiles à notre lutte contre la

maladie? »

Le monde végétal comme réponse à la maladie

La quête de remèdes au sein du règne végétal date de plusieurs millénaires. Venant en cela

appuyer la transmission orale des savoirs, l'écriture a grandement contribué au transfert

intergénérationnel des connaissances empiriques sur les plantes médicinales. Le papyrus

médical d'Ebers, rédigé environ 1500 ans avant J. C , compte parmi les premiers écrits

consacrés à l'usage thérapeutique des plantes [Wichtl, 1999]. Depuis lors, de nombreux

ouvrages ont servi au fil des siècles à soigner les maux qui affligent l'espèce humaine. Ces

savoirs empiriques, transmis oralement ou par écrit, trouvent aujourd'hui une nouvelle vie

dans le contexte du développement des techniques de la chimie analytique moderne.

En effet, depuis le 19e siècle, les scientifiques s'appliquent à isoler les molécules

responsables de l'activité médicamenteuse des plantes. En 1804, un scientifique allemand

nommé Rose isole l'inuline [Tungland, 2000]. Quelques années plus tard, en 1817, c'est au

tour de la morphine par Seriûmer, puis de la codéine par Robiquet en 1832. Juste après,

Paria identifie l'acide salicylique en 1838. Plusieurs de ces molécules extraites des végétaux

ont grandement contribué à la pharmacothérapie. La morphine, issue du pavot, devient le

premier analgésique central; la cocaïne s'avère un anesthésique local; l'éphédrine, principe

actif de l'éphédra, a mené aux dérivés amphétaminiques. La rauwolfîa a conduit à la

réserpine utilisée comme antihypertenseur et antidépresseur. La famille des solanacées a

mené à l'extraction de l'atropine, un antispasmodique puissant [Chalandre, 1999].

Les produits naturels d'origine végétale sont largement utilisés à des fins thérapeutiques.

On estime que plus de 60% de la population mondiale contemporaine a eu recours à de la

médication issue du règne végétal. Les produits naturels d'origine végétale occupent

également une part importante du marché pharmaceutique. En 1999, neuf des vingt

médicaments les plus vendus provenaient d'extraction végétale. Ces médicaments

16

représentent annuellement des ventes de 16 milliards de dollars US [Harvey, 2000]. La

recherche de nouveaux médicaments à l'intérieur de ce règne est loin d'être arrivé à terme3,

À ce jour, moins de 15% des 250 000 espèces connues du règne végétal auraient fait l'objet

d'analyse visant à y déterminer la présence de molécules bioactives [Balandrin et al,, 1993],

La valorisation des résidus, forestiers

Le contexte économique et les préoccupations environnementales partagées par un nombre

grandissant de citoyens et d'autres acteurs incitent l'industrie forestière à évoluer. Ainsi, de

nombreux changements s'introduisent dans ses méthodes de travail qui deviennent plus

conciliables avec la perspective d'une exploitation durable de la ressource.

L'industrie forestière québécoise s'intéresse presqu'uniquernent au bois de certaines

espèces (épinette noire, épinette blanche, pin gris, bouleau blanc, bouleau jaune, sapin

baumier, etc.). L'industrie exploite une quantité importante de matière ligneuse. Elle coupe

annuellement 30,9 millions de mètres cube de résineux pour l'industrie papetière et de

construction ainsi que 7,9 millions de mètres cube de feuillus [Coulombe, 2005]. Sur

l'ensemble de la biomasse ainsi récoltée, 27% est inutilisée et laissée sur le parterre de

coupe. À terme, 55% seulement du volume prélevé sur la biomasse forestière se retrouve

sur le marché sous forme de fibre ou de planche. Il devient donc urgent de vérifier si

certaines essences végétales, dont on abandonne des milliers de tonnes sur place chaque

a En 2005, le marché mondial des médicaments à base de taxanes était estimé à 4 milliards $ US(BioxelPharma inc, 2006),

année à titre de résidu, ne pourraient pas devenir une source pour le développement de

produits à haute valeur ajoutée.

Les, produits forestiers non-ligneux au Canada

Le prélèvement de matière végétale non ligneuse occupe une place marginale comparée à

celle de matière ligneuse. L'acériculture produit tout de même 25 millions de litres de sirop

d'érable par an. La récolte de bleuets et la production de sapin de Noël s'avèrent aussi des

activités économiques non négligeables. À cela, il faut ajouter la récolte de ginseng, d'if du

Canada, de la gomme de sapin, des huiles essentielles, et d'autres produits par les industries

nutraceutique et pharmaceutique [Coulombe, 2005]. Cette industrie génère des retombées

estimées à 241 millions de dollars par armée au Québec. Seulement en Colombie

Britannique, 200 produits forestiers non ligneux font l'objet d'une exploitation. À l'échelle

canadienne, ce chiffre atteindrait 500 produits [Deschesne, 2003]. De façon générale, les

produits forestiers non ligneux ont une grande valeur par rapport au volume récolté.

La province de Québec est un endroit de prédilection pour la recherche de molécules

bioactives d'origine végétale. Le territoire québécois comporte environ 1875 espèces de

plantes vasculaires indigènes [Gagnon, 2004].

Utilisation en. médecine traditionnelle du pin gris (Pinus banksiand)

Le pin gris est une espèce très abondante dans la forêt boréale. Diverses tribus

amérindiennes ont, traditionnellement, fait usage des différentes parties du pin gris. Les

18

Crée du Woodland utilisaient des compresses faites avec des morceaux d'écorce interne

pour soigner les coupures profondes. Les amérindiens de Potawatomi utilisaient la résine

des cônes bouillis en onguent pour toutes sortes de maux. La fumée dégagée par les

aiguilles était un remède utilisé contre la congestion des poumons. Cette même fumée

permettait d'éveiller des malades comateux. [Moerman, 1998]. Kunkel confirme que la

plante et ses graines sont comestibles. Ses jeunes aiguilles sont utilisées pour faire un thé

très riche en vitamines [Kunkel, 1984]. Plusieurs maux étaient également traités à l'aide

d'autres essences de pins comme diurétique, pour traiter la vessie, les reins et les

rhumatismes [Grieves, 1967],

Problématique et objectifs

Depuis près de dix ans, le Laboratoire d'analyse et de séparation des essences végétales

(LASEVE) de l'UQAC poursuit des travaux de recherche et développement ayant

notamment pour objet de valoriser la biomasse résiduelle engendrée par les activités de

coupe de l'industrie en forêt boréale. Les travaux et les résultats présentés dans ce mémoire

s'inscrivent à l'intérieur de ce vaste programme de développement et de mise en valeur des

connaissances sur les essences forestières des écosystèmes boréaux.

Dans le cadre de ce projet, le potentiel anticancéreux du bois de quatre espèces de résineux,

en l'occurrence le Pinus banksiana, le Pinus strobus, le Pinus resinosa et le Thuja

ocddentalis a été évalué sur des cellules en culture. Le second volet de ce projet consistait

à isoler et à identifier les molécules responsables de l'activité anticancéreuse des extraits

démontrant le meilleur potentiel anticancéreux.

Pour contribuer au développement de la base de connaissances du laboratoire LASEVE,

un criblage plus étendu au plan des essences échantillonnées et des types de bioactivité

vérifiés a aussi été effectué. Les huit espèces échantillonnées correspondent à des essences

exploitées par l'industrie forestière : Thuja occidenîalis, Pinus banksiana, Abies baïsamea,

Populus tremuloïdes, Betula atteghaniensis, Betula papyrifera, Picea mariana, Picea

glauca. Les échantillons sont ensuite traités selon des techniques similaires à celles

appliquées dans la première partie du projet. Les extraits soumis aux tests d'activité

anticancéreuse, antifongique, antibactérienne et antioxydante doivent permettre

l'acquisition de résultats utiles aux travaux ultérieurs de valorisation menés par le groupe de

recherche.

CHAPITEE 1

REVUE DE LITTÉRATURE

21

REVUE DE LITTERATURE

1.1 DESCRIPTION MORPHOLOGIQUE

Figure 1 : Pinus banksiana Lambert

Le pin gris est un conifére de la famille des pinacées. Sa forme et sa hauteur dépendent de

son habitat, en particulier de la composition du sol. Dans un sol sablonneux et riche, sa

hauteur peut atteindre 20 mètres et le diamètre de son tronc presque 60 centimètres.

Cependant, les individus mesurent de 12 à 18 mètres et ont un diamètre variant entre 20 et

30 centimètres [Hosie, 1979]. Le pin gris est une espèce adaptée au feu. En effet ses cônes

éclatent à la grande chaleur d'un incendie et dispersent leurs graines capables de germer en

moins de 10 jours [Marie-Victorin, 1995].

1.2 HABITAT ET DISTRIBUTION

À l'échelle du Canada, le pin gris présente une vaste distribution. De l'île du Cap Breton en

Nouvelle-Ecosse jusqu'à la rivière Mackenzie dans les Territoire du Nord-Ouest, les

22

peuplements mixtes ou purs de pin gris s'étendent sur de vastes étendues du territoire

canadien [Rudolph, 1990].

Le pin gris est un arbre essentiellement boréal qui pénètre très loin au nord, presqu'à la

limite des arbres dans la péninsule labradorienne. Le sol du Saguenay-Lac-Saint-Jean est un

endroit propice à la prolifération des peuplements de pin gris. Les sols composés

d'alluvions et de sable lui conviennent. Il est absent dans les régions calcaires et argileuses.

Le pin gris manifeste une préférence pour les terrains siliceux brûlés. On le retrouve en

grande quantité dans la région de l'Abitibi et dans les zones siliceuses de Kamouraska

[Marie-Victorin; 1995].

. / � � Y

A

Figure 2 : Distribution du Pinus banksiana Lamb. [Thompson, 1999]

1.3 UTILISATION PAR L'INDUSTRIE FORESTIÈRE

Le pin gris représente 10 % du volume des résineux coupés par l'industrie forestière. Il sert

de bois de charpente, de traverses de chemin de fer, de poteaux et est utilisé plus

23

marginalement par la fabrication du papier. Depuis quelques années, l'industrie forestière

québécoise replante jusqu'à 31,6 millions de plants de pin gris par année, ce qui représente

environ 20 % de son effort de reboisement. Depuis 25 ans, 450 millions de plants ont été

mis en terre. L'un des freins à l'utilisation plus importante du pin gris par l'industrie des

pâtes et papier tient à la présence de pinobanksine (Figure 3) un composé dans le bois qui

entraîne une coloration jaunâtre du papier [Chapman, 1974; Law, 1994].

Figure 3 : Structure moléculaire de la pinobanksine

1.4 COMPOSITIONS CHIMIQUES CONNUES DES PARTIES DE PINUS BANKSIANA

Les premières publications touchant la composition chimique du pin gris ont paru dans les

années 1930. On trouvera au tableau 1 une synthèse des principales molécules isolées dans

les différentes parties de Pinus banksiana de 1930 à nos jours.

24

1.4.1 La résine

Les premières molécules isolées de la résine du pin gris furent des acides résmiques, des

acides gras et des stérols (tableau 1). La résine contient aussi une certaine quantité de

monoterpènes volatils [Hippert, 1931].

1.4.2 L'écorce

Les travaux sur l'écorce ont conduit à l'identification d'un bon nombre de terpènes. Cette

partie de l'arbre semble très riche en diterpenes, surtout en acides résiniques (tableau 1).

1.4.3 Les aiguilles

Depuis une trentaine d'années, des chercheurs canadiens tentent de comprendre pourquoi

Neodiprion rufifrons et Neodiprion swainei se nourrissent presque exclusivement

d'aiguilles matures plutôt que des aiguilles issues de l'année. Ces chercheurs ont postulé

que les compositions chimiques des « vieilles » aiguilles et des aiguilles d'un an étaient

différentes. C'est ainsi qu'ils ont constaté des variations dans la composition en acides

résiniques des aiguilles. Par différents tests biologiques, ils ont identifié l'acide 13-keto-

8(14)podocarpen-18-oique(figure 4) comme étant la molécule responsable de ce choix par

les insectes [Hceda, 1977]. Des acides phénoliques ainsi que des acides résiniques ont aussi

été isolé à partir des aiguilles (voir tableau 1).

25

COOH

Figure 4 : Structure moléculaire de l'acide 13-keto-8(14)podocarpen-18-oïque

1.4.4 Le bois

Figure 5 : Structure moléculaire de la pinosylvine

Les premiers polyphénols ont été isolés en 1943 par Erdtman. En 1951, l'équipe de

Lindstedt confirma la présence de trois polyphénols et isola à son tour un stilbène bien

connu, la pinosylvine (Figure 5). En 1963, des progrès majeurs furent réalisés par Rudloff

et Sato. L'analyse par chromatographie en phase gazeuse de l'huile essentielle de bois de

c�ur mit en évidence 17 composés volatils. Onze de ces pics étaient identifiés comme des

monoterpènes (voir tableau 1). L'extrait acétonique du bois de pin gris a une composition

assez complexe. Trois types de molécules furent isolés : les phénoliques, les acides ainsi

que les glycérides. La présence de coniférine-E (Figure 6) et de sucre apparait aussi au

26

tableau 1. Des travaux parus en 2004 montrent la relation entre l'activité antibactérienne de

l'extrait acétonique du bois et la présence de stilbenes [Lindberg, 2004].

Figure 6 : Structure moléculaire de la coniférine-E

27

Tableau 1 : Molécules identifiées à partir de Pinus banksiana, selon la famille, 1930-2007

FamilleAcide gras

Flavanoïde

Phénylpropane

Stilbène

Sucre

Autres metabolites

Nomacide oléique

acide linoléique

acide linoléniqueacide lignocériqueacide linoléniqueacide palmiqueacide stéariquepinocembrinepinobanksinequercetin6-methylquercetine6-methylmyricetindihydroquercetinedihydromyricetincatecholvanillinconiferine-Eacide ferruliquemonométhyle éther de pinosylvine

pinosylvinecis-monométhylétherde pinosylvinetrans-monométhylétherde pinosylvinearabinosexylosemannosegalactoseglucoseacide maliqueacide quiniqueacide shikimiqueacide syringiqueacide benzoïqueglycérolvanillin

PartieRésineBoisRésineBoisRésineRésineBoisBois3oisBois3oisÉcorceEcorce=corceEcorceEcorceÉcorceEcorceBoisÉcorceBoisEcorceBoisEcorceEcorceBoisBoisBoisBoisBoisAiguilleAiguilleAiguilleAiguilleBoisBoisÉcorce

RéférenceHibbertand Phillips 1931]Rudloff, 1963]Hibbertand Phillips 1931]Rudloff, 1963]Hibbertand Phillips 1931]Buchannan étal, 1959],[Rudloff, 1963]Rudloff, 1963][Rudloff, 1963]Erdtman, 1943].Erdtman, 1943].[Rowe, 1971][Rowe, 1971]Rowe, 1971][Rowe, 1971][Rowe, 1971]Rowe, 1971]Rowe, 1971];Savidge, 1989][Bower, 1969][Erdtman, 1943].[Bower, 1966][Lindstedt, 1951][Rowe, 1969][Rowe, 1969][Hattonm, 1993][Hattonm, 1993][Hattonm, 1993][Hattonm, 1993][Hattonm, 1993][Sarkar, 1979][Sarkar, 1979][Sarkar, 1979][Sarkar, 1979][Rudloff, 1963][Rudloff, 1963][Rowe, 1971]

28

FamilleMonoterpène

Diterpène

Acide résinique

Stérol

Triterpène

Noma-pinène

L-p-pinène

camphènemyrcèneimonènep-phellandrèney-terpinènecis-p-Menthan-8-ola-terpinolagathadiolorulosol13-épitrorulosoloxyde de manoyle

+)-13-epimanoyl oxide(-)-13-epimanoyl oxidedehydroabietol18-norabieta-8,11,13-trien-4-ol19-norabieta-8,11,13-trien-4-olnimaradiènesopimaradiène5-cadinenedehydrojuvabionemanoolZ-abienolisoabienolnéoabienolDimaral7-ketodehydroabietolacide abiétique

acide pimarique

acide sandaracopimarique

acide isopimarique

acide déhydroabiétique

acide 7-ketodehydroabietiqueacide néoabiétique

acide 13-keto-8(14)podocarpen-18-oiacide levopimariqueacide palus triquephytostérol

cam pesteraidihydrocampesterolp-sitosterol

A4-stigmastèn-3-oneA4-campesten-3-oneserra tenèdiolepiserratènedioldiepiserratènediolepiserratènediol-21 monométhyl éthe

PartieRésineBoisRésineBoisBoisBoisSoisBoisBoisSoisBoisÉcorceÉcorceEcorceÉcorceSoisÉcorceEcorceÉcorceÉcorceÉcorceÉcorceEcorceÉcorceSoisBoisSoisBoisBoisBoisÉcorceRésineBoisAiguilleRésineBoisBoisAiguilleBoisAiguilleBoisÉcorceAiguilleEcorceBoisAiguilleAiguilleAiguilleAiguilleRésineEcorceÉcorceEcorceBoisÉcorceÉcorceÉcorceEcorceEcorceEcorce

RéférenceHibbertand Phillips 1931]Rudloff, 1963]Haagen-Smitetal, 1950]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Bower, 1966]Bower, 1966]Bower, 1966]Bower, 1966]Pichette, 1998]Bower, 1966]Bower, 1966]Bower, 1969]Rowe, 1971]Rowe, 1971]Rowe, 1971]Rowe, 1971]Rowe, 1971]Pichette, 1998]Pichette, 1998]Pichette, 1998]Pichette, 1998]Pichette, 1998]Pichette, 1998]Bower, 1969]

[Hibbertand Phillips 1931][Rudloff, 1963]Beth, 1984][Hibbertand Phillips 1931][Rudloff, 1963]Rudloff, 1963]Ikeda, 1977]Rudloff, 1963][Beth, 1984][Rudloff, 1963]Bower, 1969][Ikeda, 1977][Bower, 1969][Rudloff, 1963][Ikeda, 1977][Ikeda, 1977][Ikeda, 1977][Ikeda, 1977][Hibbertand Phillips 1931][Bower, 1966][Bower, 1966][Bower, 1966][Rudloff, 1963]

[Bower, 1966][Bower, 1966][Bower, 1966][Bower, 1966][Bower, 1966][Bower, 1966]

CHAPITRE 2

MÉTHODOLOGIE

30

METHODOLOGIE

2.1 LA RÉCOLTE ET LA PRÉPARATION

2.1.1 La récolte du matériel végétal

La première partie du matériel végétal a été récoltée le 18 mai 2004 soit Pinus banksiana,

P. strobus, P. resinosa et Thuja occidentalis. Ces espèces ont été prélevées à la station de

recherche de Simoncouche, 48°14'38.43"N, 71°15'15.51"O, ainsi qu'au lac des Îlets,

48°12'13.40"N, 71°14'57.99"O. Quatre individus par espèce ont été récoltés afin d'avoir un

échantillonnage représentatif et ainsi minimiser l'impact des différences individuelles. Les

arbres furent ebranchés, coupés en billots de 1 m et entreposés dans un réfrigérateur à 4°C.

La seconde récolte a eu lieu le 5 mai 2005 pour un criblage biologique plus étendu, en vue

de travaux futurs. Huit espèces ont été prélevées : Thuja occidentalis, Pinus banksiana,

Abies balsamea, Populus tremuloïdes, Betula alleghaniensis, Betula papyrifera, Picea

mariana, et Picea glauca. Ces échantillons ont été récoltés sur le même site que la première

cueillette et transportés à l'UQAC.

2.1.2 La préparation du bois

L'écorçage des billots à l'aide d'une plane a permis d'obtenir le bois. Les billots ont été

découpés en tranches minces au moyen d'une scie à ruban. Les tranches de bois furent

ensuite placées une journée dans une étuve Theko Model 18, à une température variant

entre 40°C et 50°C. Un ciseau à bois a ensuite été utilisé pour réduire les tranches de bois

en morceaux afin d'être en mesure d'introduire le bois dans le broyeur.

31

2.1.3 Le broyage

Le broyage des morceaux de bois en fine poudre fut réalisé à l'aide d'un broyeur de marque

Fritsch, modèle D-55743. Le tamis utilisé laissait passer des particules d'une grosseur

maximale de 2 mm. La poudre végétale ainsi récupérée a été placée dans des sacs de papier.

Sur ces sacs sont identifiés le nom de l'espèce, le numéro d'individu (1 à 4) et la date de la

récolte. La poudre végétale fut ensuite conservée dans un congélateur à -20°C.

2.2 LES EXTRACTIONS DES PRODUITS NATURELS

Au fil du projet, différents types d'extraction ont été effectués. L'extraction utilisait une

quantité égale de poudre végétale pour chaque individu afin de réduire la variation

interindividuelle. Les extractions servant au criblage biologique ont été effectuées au

Soxhlet avec une cartouche contenant approximativement 50 g de matériel végétal, tel que

décrit à la section 2.2.1 ci-dessous. Pour obtenir une quantité suffisante d'extrait,

l'extraction du Pinus banksinana, espèce choisie pour l'analyse phytochimique, fut

accomplie à l'aide d'un Soxhlet de 400 g (section 2.2.2 ci-dessous). Quelques

expérimentations ont été effectuées avec une sonde ultrasonique dans le but d'optimiser les

rendements d'extraction. Les détails de ces expériences sont décrits à la section 2.2.3 ci-

dessous.

2.2.1 Extractions au Soxhlet à petite échelle (50 g)

L'extraction au Soxhlet a été retenue comme technique d'extraction car elle favorise

l'extraction relativement complète des metabolites présents dans la matrice végétale. Les

32

extractions au Soxhlet ont été effectuées de façon séquentielle, en utilisant des solvants de

polarité croissante (figure 7). Les solvants utilisés étaient l'hexane, le dichlorométhane, le

méthanol et l'eau. Cette approche d'extraction permet de fractionner grossièrement les

divers produits naturels de la matrice végétale.

Bois interneséché naturellement et broyé

Soxhlet Hexane

Extrait Hexane

Extrait DCM

Extrait MeOH

Extrait H2O

Figure 7 : Schéma de l'extraction au Soxhlet

Les joints de verre frittes du montage étaient recouverts de ruban de téflon pour empêcher

les fuites et diminuer les pertes de solvant. Le montage a été réalisé à l'aide d'un ballon de

250 ml, d'un Soxhlet de 60 mm de diamètre, d'un réfrigérant ainsi que d'une cartouche de

cellulose (Whatmann, 60 x 180 mm) contenant la matière végétale broyée.

33

L'expérience nécessitait 700 ml de solvant. Une petite quantité de pierre ponce servait à

régulariser 1'ebullition. La mante chauffante était utilisée à une puissance correspondant à

70 % de sa capacité. Après le passage de chaque solvant, la cartouche séchait 24 heures à

l'étuve à 40°C. Les extraits étaient ensuite évaporés à l'aide d'un évaporateur rotatif.

L'extrait aqueux était, pour sa part, lyophilisé grâce à un appareil de marque Labconco,

modèle 6 1.

2.2.2 Extractions au Soxhlet à grande échelle (400 g~)

Même si le principe reste identique, l'extraction au Soxhlet de 400 g présente plusieurs

différences. Premièrement, un système de fixation permanent était nécessaire pour

immobiliser le montage. La verrerie requise comprenait un ballon de 4 1, le Soxhlet de 400

g et un réfrigérant de 40 cm. Les joints de verre frittes étaient recouverts de ruban de téflon.

Les cartouches utilisées étaient des Whatmann 90mm x 200mm. Trois litres de solvant et

des pierres à ebullition étaient nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du système

de retour du solvant. Le fort volume de solvant et la grosseur du système augmentait

considérablement le temps requis pour faire le premier cycle. Des bandelettes isolantes

servaient à recouvrir la partie inférieure du Soxhlet. Ces bandelettes assuraient une certaine

isolation et contribuaient à diminuer l'emballement de 1'ebullition difficile à contrôler avec

ce système. La régulation thermique de la mante exigeait beaucoup de précision et

d'attention pour maintenir le point d'ébullition, tout en empêchant qu'elle ne s'emballe et

provoque des projections.

L'extraction sur de grandes quantités de bois impliquait deux solvants, hexane et

dichlorométhane. Pour l'extraction séquentielle cependant, tout le matériel a d'abord été

extrait à l'hexane et ensuite au dichlorométhane. Cette procédure a permis de diminuer la

quantité de solvant utilisée puisque le changement de solvant s'effectuait tous les trois

jours, plutôt que sur une base quotidienne. Le matériel végétal était remplacé tous les jours.

Un litre de solvant était ajouté quotidiennement pour compenser les pertes imputables aux

fuites du système. Pour extraire les 10 kg de matrice végétale, 22 jours d'extraction à

l'hexane et 22 jours d'extraction au dichlorométhane ont été requis. Le solvant était éliminé

des extraits par évaporateur rotatif suivi d'un séjour sur la pompe à vide.

i

11

Figure 8 : Montage du Soxhlet de 400 g

35

2.2.3 Extractions effectuées à la sonde ultrason

L'extraction des produits naturels en utilisant les ultrasons a été envisagée afin d'améliorer

le rendement et/ou la vitesse de cette étape. Les pulsations émises par la sonde à ultrasons

permettent souvent d'obtenir de meilleurs rendements car elles favorisent le bris des parois

cellulaires cellulosiques. Dans un erlenmayer de 500 ml, 50 g de bois était mis en contact

avec 500 ml d'hexane. La sonde à ultrasons de marque Sonifer, modèle Cell Disruptor 350

W, a été réglée en mode continu et la puissance ajustée à 70 W. La sonde était plongée dans

la solution pendant 30 minutes. La solution était ensuite filtrée pour séparer le filtrat de la

matière végétale. Celle-ci était séchée et ré-extraite avec dichlorométhane selon le même

protocole. Une tentative non séquentielle, avec dichlorométhane seulement, a aussi été

testée. Les solvants ont été évaporés à l'aide d'un évaporateur rotatif sous vide et les

masses des extraits déterminées afin d'évaluer les rendements d'extraction.

2.3 L E CRIBLAGE BIOLOGIQUE ET BIOCHIMIQUE

Les solutions mères des extraits et des fractions ont été préparés à une concentration de 80

mg/ml tandis que les molécules pures étaient préparées à 80 mM. Les solvants utilisés pour

dissoudre ces échantillons étaient le méthanol et le DMSO. Des séries de dilutions

successives avec du milieu de culture ont été préparées pour chaque échantillon (400 à

3.125 ug/ml ou uM) et 100 uL de chacune des concentrations ont été ajoutés aux cellules à

tester.

36

2.3.1 Évaluation de l'activité anticancéreuse

Culture des cellules : les lignées cellulaires humaines suivantes ont été utilisées pour cette

étude: A549 (cancer du poumon), DLD-1 (adénocarcinome colorectal) et WS1 (fibroblastes

de peau normale). Toutes les lignées ont été obtenues auprès de l'American Type Culture

Collection (ATCC, Manassas, États-Unis). Les cellules A549, DLD-1 et WS1 ont été

cultivées dans du « Minimum Essential Medium with Earle's salt ». Le milieu de culture a

été complété avec 10% de sérum foetal de veau, des solutions de L-glutamine (IX), de

vitamines (IX), de pyruvate de sodium (IX), d'acides aminés non-essentiels (IX), de

pénicilline (100 UI) et de streptomycine (100 mg / Ml). Les cellules ont été cultivées dans

une atmosphère humidifiée à 37 °C et 5% de CO2

Test de cytotoxicité : les cellules à croissance exponentielle ont été inoculées avec une

densité de 5 * 103 cellules par puits de microplaques 96 puits et 100 uL de milieu de

culture ont été ajoutés. Les cellules ont été incubées pendant 16 heures. Cent microlitres

d'extrait (ou de composé pur) de concentrations croissantes a été ajoutés (voir ci-haut). La

concentration finale de solvant dans le milieu de culture a été maintenue en deçà de 0,5%

(v/v) afin d'éviter leur toxicité des solvants. Les cellules ont été incubées pendant 48 h, en

l'absence ou en présence de l'extrait. La cytotoxicité a été évaluée en utilisant le test de

Hoechst qui quantifie la quantité d'ADN cellulaire. La fluorescence a été mesurée à une

longueur d'onde d'excitation de 350 nm et à une longueur d'onde d'émission de 461 nm. La

cytotoxicité est exprimée comme la concentration de l'extrait ou composés inhibant la

37

croissance des cellules de 50% (IC50). Les manipulations sont similaires à celle rapportée

dans la littérature par notre groupe [Sylvestre M., 2006]

2.3.2 Évaluation de l'activité antibiotique

L'activité antibactérienne a été évaluée en utilisant la méthode décrite par [Banfi, 2006]

avec quelques modifications. Brièvement, les bactéries à croissance exponentielle ont été

inoculés dans des plaques 96 puits à fond rond. Les cellules ont été placées dans chaque

puits des microplaques à une densité de 5 x 103 pour les E. Coli (gram-négatives, ATCC

25922) et à 25 x 103 pour les S. aureus (gram-positive, ATCC 25923) et 50 ul de bouillon

nutritif (Difco) ont été ajoutés. Cent microlitres des produits à tester (concentrations

croissantes) ont ensuite été ajoutés dans chaque puits en augmentant la concentration des

extraits. Cinquante microlitres de résazurine 4% ont été ajoutés à chaque puits et les

bactéries ont été incubées pendant 6 h à 37 ° C. La fluorescence a été mesurée après 6 h par

un appareil automatisé pour la lecture de plaques 96 puits Fluoroskan Ascent à une de

longueur d'onde d'excitation de 530 nm et d'émission de 590 irai. L'activité antibiotique est

exprimée comme la concentration de produit inhibant la croissance des cellules de 50%

(IC50). Les manipulations sont similaires à celle rapportée dans la littérature par notre

groupe [Pichette A., 2007]

2.3.3 Évaluation de l'activité antifongique

La levure utilisée pour le test d'activité antifongique était Candida albicans. Cette levure a

un cycle de division de 3 heures. Comme pour les tests d'activité anticancéreuse, des

plaques 96 puits ont été ensemencés et incubées jusqu'à confluence. Les produits à tester

38

ont déposés dans chaque puit de la même manière que pour les tests d'activité

anticancéreuse

2.3.4 Évaluation de l'activité antioxvdante

La procédure a été modifiée à partir de la méthode décrite par [Ou, 2001]. Le test ORAC a

été effectué sur un Fluoroskan Ascent. Le trolox a été utilisé comme standard de contrôle.

L'expérience a été menée à 37,5 °C et à un pH de 7,4, avec un échantillon témoin en

parallèle. Le fluorimètre a été programmé pour enregistrer la fluorescence de la

fluorescéine toutes les 30 s après l'addition du 2,2-azobis (2-amidinopropane)

dichlorhydrate (AAPH). Les résultats finaux sont calculés en comparant la différence de

l'aire sous la courbe de l'échantillon et celle du témoin. Les valeurs du test ORAC sont

exprimées en micromoles d'équivalents de Trolox (TE) par milligramme (TE umol / mg).

Les manipulations sont similaires à celle rapportée dans la littérature par notre groupe

[Mamelona M., 2007]

2.4 LA CHROMATOGRAPHIE

Plusieurs types de chromatographie ont été utilisés dans ce projet. La combinaison de

diverses techniques de chromatographie permet d'obtenir des fractions purifiées et,

ultimement, des molécules pures.

2.4.1 La nomenclature des échantillons

Les échantillons de ce projet ont tous un code unique qui permet de bien les identifier et de

faciliter le retraçage. Le nom des échantillons commence toujours par les initiales de

39

l'expérimentateur suivi d'un chiffre (1 pour extrait DCM et 6 pour extrait hexane). Les

lettres qui suivent correspondent au fractionnement dans l'ordre d'élution. Le nombre de

lettres dépend du niveau de complexité de la fraction. Exemple : CS6CD : II s'agit d'une

fraction issue de l'extrait hexane (6) séparé 2 fois. La première lettre (C) indique qu'il

s'agit de la troisième fraction et la seconde lettre indique que la fraction C a été

refractionnée et qu'il s'agit de la quatrième fraction (D).

2.4.2 La chromatographie sur couche mince

Les plaques de chromatographie sur couche mince (CCM) de marque Silicycle sont

recouvertes avec du gel de silice 60 et un indicateur fluorescent à 254 nm. Le milieu

d'élution (chloroforme : méthanol, 50 : 1) (Wagner, 1984) était préparé puis ajouté dans la

chambre et laissé une heure avant d'y faire migrer les plaques. Le milieu d'élution

changeait selon les produits à analyser. Plus les produits étaient polaires, plus l'éluant était

riche en méthanol. À l'aide d'une seringue, des dépôts de 15 fj.1 d'une solution de 10mg/ml

de l'extrait ou la fraction étaient effectués de façon linéaire sur la plaque. Les différents

dépôts étaient espacés de 1 cm afin de prévenir la superposition des taches. Les plaques

éluaient sur 7,5 cm lors des chromatographies sur colonne. Pour l'évaluation de la pureté

des fractions, les plaques éluaient sur 15 cm pour obtenir une plus grande résolution.

Après migration, la plaque était séchée à l'air puis observée à l'aide d'une lampe UV à

deux longueurs d'onde (254 nm et 366 nm). Les taches apparentes ont été notées au crayon

plomb pour chaque longueur d'onde. La plaque était ensuite soumise à une pulvérisation

d'une solution 1% de vanilline dans EtOH et une pulvérisation subséquente d'une solution

40

5% de H2SO4 dans EtOH. Les produits étaient ensuite révélés par chauffage de la plaque à

110°C dans une étuve.

2.4.3 La chromatographie sur colonne

A) Chromatographie de l'extrait dichlorométhane brut du bois de pin gris

Dans une colonne de 5,8 cm x 50 cm était ajouté un morceau de laine de verre qui

empêchait le gel de silice de s'échapper par la valve. 400 g de gel de silice en suspension

dans le chloroforme ont été utilisés pour le montage de la colonne. L'extrait (10 g) a été

dissout dans 20 ml de chloroforme et le tout a été ajouté délicatement au sommet de la

colonne. Le tableau 2 résume les volumes, la composition de Féluant et le numéro de

fraction des solvants utilisés pour effectuer la chromatographie.

Tableau 2 : Chromatographie de l'extrait dichlorométhane brut

Volume(ml)1500

6000

1000

1000

SolvantCHCb-MeOH

100:060: 1

20: 1

0 : 100

Volume Fraction

25 ml

25 ml

1000 ml

1000 ml

Numéro de fraction

1 -60

60 - 300

Flush 20 : 1

Flush MeOH

Cette étape a été effectuée à deux reprises pour purifier les 18 g d'extrait dichlorométhane

disponibles. Les fractions contenant des produits similaires par chromatographie sur couche

mince ont été regroupées.

41

B) Chromatographie de l'extrait hexane du bois de pin gris

L'extrait à l'hexane a été partitionné par extraction liquide-liquide entre l'hexane et le

méthanol aqueux (60 %). Cette partition avait pour but d'éliminer les acides résiniques

présents en grande quantité dans l'extrait brut. La colonne a été montée comme

précédemment avec 400 g de silice. La portion soluble dans le méthanol aqueux (6,5 g) a

été déposée sur la tête d'une colonne de silice tel que décrit précédemment (9 cm x 14 cm).

Le tableau 3 résume les volumes, la composition de l'éluant solvants utilisés pour effectuer

la chromatographie et le numéro des fractions associées.

Tableau 3 : Chromatographie de l'extrait hexane du bois de pin gris

Volume(ml)2000

2000

2000

2000

1000

1000

SolvantDCM-MeOH

100:0

100: 1

80: 1

40: 1

20: 1

0:100

Volume Fraction

230 ml

230 ml

230 ml

230 ml

230 ml

1000 ml

Numéro de fraction

1-9

10-18

19-27

27-36

37-41

Flush MeOH

2.4.4 La chromatographie en phase gazeuse

Le chromatographe en phase gazeuse utilisé dans ces travaux est celui des laboratoires

d'enseignement du Département des Sciences Fondamentales (DSF). Il s'agit d'un appareil

Agilent 6890N, couplé à un spectromètre de masse et d'un injecteur automatique de la série

7683. La méthode de chauffage, le débit des gaz ainsi que les différents paramètres sont

42

résumés au tableau 4. Les échantillons ont été dérivés à l'aide de diazométhane avant

l'injection pour augmenter la volatilité des produits (acides).

Tableau 4 : Paramètre d'utilisation du GC/MS

Appareil:Modèle

ConditionsInjection

Gaz porteur

HP6890

chromatographiques :: 3M!: Hélium, 1 ml/min

Détection:MS quadrupoleIonisation : El, 70 eV

Température :

Colonne:Longeur:

Diamètre:Size :

Injecteur :Détecteur :

Colonne initiale :Colonne gradient :

Colonne finale :

DB-530 m0.25mm0.25um

250 °C280 °C100°C(1 min)3 °C/min280 °C

2.4.5 La chromatographie liquide haute performance

Les travaux d'isolation ont nécessité deux types de chromatographes liquides haute

performance (HPLC). Les sous-sections suivantes traitent plus précisément du HPLC

analytique couplé à un détecteur MS ainsi que du HPLC à capacité semi-préparative.

A) HPLC analytique couplé à un détecteur MS

Le HPLC utilisé est un Agilent de la série 1100 équipé d'une pompe quaternaire, d'un

dégazeur, d'un système d'injecteur automatique, d'un module chauffe-colonne, d'un

détecteur UV-visible à barrette à diodes ainsi que d'un détecteur MS. Cet appareil permet

d'évaluer la complexité d'une fraction, le niveau de pureté d'un produit, et donne

également des informations structurales sur les produits séparés (profil de fragmentation et

ion moléculaire). De plus, l'appareil a été utilisé pour élaborer une méthode de séparation

sur HPLC préparatif.

43

Tableau 5 : Condition en HPLC analytique utilisé pour l'analyse de l'échantillon 1C

Appareil:Modèle: Agilent 1100 series

Échantillon : 1CFichier: \Sirois\1 C000008

Détection:

Conditions chromatographiques :Injection : 5ul

Solvent A : H2OSolvent B : MeOH

DAD: Long, d'onde Bandwith Référence :

250 100

Paramètre MSD : Mode: scanPolarité: (+)

Chambre :Drying gas flow (L/min): 10

Nebulizer pressure (psig): 40

Drying gas temp (°C): 350

UV (DAD)MSD

Colonne: ZORBAX ODSLongeur: 150mm

Diamètre: 4.6mmSize : 5um

# série : USG0014484

Elution: Isocratique 50% BDébit: 1mL/min

Temp.colonn 25°C

Long, d'onde Bandwith

360 100

Mass Range: 100-1000Fragmentor: 70

Capillary voltage (V): 4000Corona current (uA): 4

Vaporizer temp (°C): 400

Tableau 6 : Condition en HPLC analytique utilisé pour l'analyse de l'échantillon CS6C

Appareil:Modèle : Agilent 1100 series

Échantillon : CS6CFichier : \CSirois\66-C0009

Conditions chromatographiques :Injection : 5ul

Solvent A : H2O+0.1%HCOOHSolvent B : ACN+0.1%HCOOH

Détection:UV (DAD)MSD

Colonne: ZORBAX ODSLongeur: 150mm

Diamètre: 4.6mmSize : 5um

#série: USG0014484

Élution : Isocratique 40% BDébit : imL/min

Temp.colonne : 25°C

DAD: Long, d'onde Bandwith Référence : Long, d'onde Bandwith

250 100 360 100

Paramètre MSD : Mode: scan

Polarité: (+)

Chambre :Drying gas flow (L/min): 10

Nebulizer pressure (psig): 30

Drying gas temp (°C): 350

Mass Range: 100-1000

Fragmentor: 70

Capillary voltage (V): 4000Corona current (uA): 4

Vaporizer temp (°C): 400

44

Toutes les fractions furent analysées avec une méthode isocratique. Les tableau 5 et 6

résument les principaux paramètres de la méthode d'analyse.

B) HPLC à capacité semi-préparative

Ce type de HPLC permet la récupération du matériel après analyse. Le système semi-

préparatif du laboratoire est un appareil Agilent de la série 1100. Il est pourvu de deux

pompes binaires, d'un détecteur UV-visible et d'un collecteur de fractions. Les conditions

de la fraction 1C apparaissent au tableau 7. La fraction IE a été traitée dans les mêmes

conditions. Cependant, le pourcentage de méthanol y a été ajusté à 40%. La fraction CS6C

est soumise aux mêmes conditions d'élution décrite au tableau 6.

Tableau 7 : Conditions HPLC utilisées pour l'isolation des composés de la fraction 1C

Appareil:Modèle :

Echantillon :Concentration échantillon

|| Détection:Agilent 1100 series1C100 mg/mL

Conditions chromatographiques :Injection

Solvent ASolvent B

DAD: Long, d'onde250

200 ML

H2OMeOH

Bandwith Référence :100

UV (DAD)

Elution :Débit :

Temp.colonne :

Long, d'onde360

Colonne:Longeur:

Diamètre:Size :

# série �

Isocratique16 mL/min25°C

Bandwith100

ZORBAX ODS25 cm21.2 mm7 |jm

USBY002127

50% B

2.5 LA SPECTROSCOPIE

Les techniques spectroscopiques sont généralement des méthodes servant à identifier les

produits analysés.

45

2.5.1 La spectroscopie de résonnance magnétique nucléaire

Un spectromètre de résonnance magnétique nucléaire (RMN) Bruker Avance 400 est

employé à 298°K pour réaliser les spectres. La sonde QNP (5mm), capable de produire des

gradients (Z) de champ magnétique est optimisée pour une fréquence de 400.13 MHz pour

le proton et 100.61 MHz pour le carbone. Toutes les molécules font l'objet de plusieurs

expériences : ID !H, ID 13C, DEPT-135, COSY, HMBC et HSQC. Les échantillons de 5 à

10 mg sont solubilisés dans le méthanol-d4 ou le chloroforme-d, selon leurs affinités. Les

déplacements chimiques (ppm) ont été référencés avec les signaux du solvant résiduel, pour

le chloroforme (proton 7,26 ppm, carbone 77,0 ppm) et pour le méthanol (proton 3,31 ppm

et carbone 49,0 ppm).

CHAPITRE 3

RÉSULTATS ET DISCUSSION

47

RESULTATS ET DISCUSSION

3.1.1 Résultats des extractions de la première cueillette

Les extractions séquentielles des produits naturels du bois de Pinus banksiana, P. strobus,

P. resinosa et Thuja occidentalis ont été effectuées avec un Soxhlet contenant 50 g. Les

rendements de ces extractions figurent au tableau 8.

Tableau 8 : Rendements obtenus avec l'approche séquentielle d'extraction pour les

différents bois de la première cueillette

Espèces :

T. ocddentalisa

P. banksiana a

P. resinosa*

P. strobus "

HEX

Rend. (%)b

1,9%

2,5%

. 5,2%

6,9%

Masse (g)

0,8 .

1,12,13,0

DCM

Rend. (%)b

0,8%

1,1%

0,3%

1,0%

M asse (g)

0,4

0,4

0,10,5

MeOH

Rend. (%)b

3,9%

1,2%

1,1%

2,2%

Masse (g)

1,70,5

0,5

0,9

H2

Rend. (%)b

0,0

0,4%

0,4%

0,4%

O

Masse (g)0,1

0,2

. 0,2

0,21 environ 45 g de bois utilisé

masse estais utilisée \Aï,9g

Les rendements obtenus montrent des variations importantes entre les espèces. Ces résultats

suggèrent que les bois des différents pins étudiés sont riches en composés peu polaires qui

ont des affinités avec l'hexane. Le Thuja occidentalis semble cependant riche en composés

polaires ayant une forte affinité pour le méthanol.

3.1.2 Résultats des extractions de la seconde cueillette

Rappelons que la seconde cueillette a eu lieu approximativement 1 an après la première.

48

Tableau 9 : Rendements des extractions de la seconde cueillette

Espèces :T ocddentalisP banksianaA batsameaP tremuloïdesB. alleghaniensisB papyriferaP. marianaP. glauca

HEX

Rend. (%)1,5% -2,2%0,4%4,0%0,3%2,7%0,6%. -0,5%

Masse (g)

: 1.42,00,41,70,41,1

, °.50,4

DCMRend. (%)

0,5%1,7%0,5%0,6%0,2%1,3%0,2%0,3%

Masse (g)0,51,60,50,30,30,50,20,3

MeOH

Rend. (%)4,3%2,0%2,7%6,6%2,0%8,9%

" 0,7%0,8%

Masse (g)4,0

1,92,52,82,83,8

, 0,60,8

H2ORend. (%)

0,8%0,5%0,9%1,8%0,5%2,1%0,8%1,2%

Masse (g)0,70,4.0,80,80,70,90,B

1,1

Tel que montré dans le tableau 9, les rendements obtenus pour certaines espèces sont

étonnamment élevés. En combinant les quatre extraits, le Populus tremuloïdes et le Betula

papyrifera affichent des rendements en extractibles de l'ordre de 13,0% et 14,9%. Ces

rendements dépassent de beaucoup ceux obtenus avec le Betula alleghaniensis, Picea

mariana et P. glauca qui n'atteignent même pas 3 % en extractibles.

3.1.3 Rendements des extractions avec la sonde à ultrason

L'utilisation des ultrasons visait à augmenter les rendements d'extractions des produits

naturels du bois de pin gris ou à obtenir des résultats comparables dans des temps plus

courts que l'extraction au Soxhlet. Deux extractions ont été réalisées; la première,

séquentielle avec l'hexane et le dichlorométhane et la seconde, avec le dichlorométhane

seulement. L'extraction séquentielle effectuée a permis d'obtenir des rendements de 1.2%

avec l'hexane et de 2.1 % avec le dichlorométhane. Les extractions au Soxhlet ont donné

des rendements supérieurs avec l'hexane mais inférieurs avec le dichlorométhane.

L'extraction au dichlorométhane a permis d'obtenir un rendement de 2.9% ce qui se

49

compare avec l'addition des deux rendements séquentiels hexane et dichlorométhane

(3,3%). L'utilisation des ultrasons, même si les résultats étaient encourageants, n'a pas été

priorisé pour la suite de ce projet en raison de problème prévue de mise à l'échelle.

3.1.4 Rendements des extractions à grande échelle (Soxhlet 400 g)

Les rendements des extractions à grande échelle du bois interne de Pinus banksiana sont

décevants par rapport aux tests préliminaires à petite échelle. À partir de 11 kg de bois, 150

g (1,4 %) d'extrait hexane et seulement 20 g (0,2 %) d'extrait dichlorométhane ont pu être

récupérés. Ces faibles rendements sont, par contre, explicables. D'une part, à quelque

reprise, le système de réfrigération a semblé défaillir au cours de l'expérience, ce qui a

détruit des portions d'extrait. Par ailleurs, la taille des cartouches ne facilite pas le passage

du solvant de façon uniforme dans la cartouche : des portions pourraient ne pas avoir été

extraites durant le processus. Les rendements d'extraction observés à grande échelle sont

nettement inférieurs à ceux observés à plus petite échelle. Ces problèmes amènent à mettre

en doute la pertinence de cette technique pour l'extraction sur de grandes quantités de bois

à un faible rendement. Aussi, dans les travaux futurs sur le bois de Pinus banksiana, il est

suggéré d'utiliser d'autres méthodes comme par exemple, la lixiviation sur une colonne.

3.2 CRIBLAGE BIOLOGIQUE ET BIOCHIMIQUE

3.2.1 Résultats du criblage biologique de la première cueillette

Les résultats des extraits de première cueillette aux tests d'activité anticancéreuse

constituent la raison d'être de ce projet. Ces résultats ont d'ailleurs servi à déterminer le

50

choix de l'espèce pour l'analyse phytochimique. L'analyse des résultats du tableau 10

indique clairement que certains extraits ne démontrent pas d'activité cytotoxique sur les

cellules. Aucun des extraits aqueux ne présente d'activité digne de mention. Parmi les

quatre espèces du tableau 10, les extraits au méthanol et certains au dichlorométhane

montrent une certaine cytotoxicité. L'extrait au dichlorométhane du bois de Thuja

occidentalis est fortement cytotoxique avec des IC50 souvent inférieurs à 10 ug/ml. Par

contre, cet extrait et même celui au méthanol semblent davantage cytotoxiques pour les

cellules saines que pour les cellules cancéreuses. Il est intéressant de souligner que les

extraits au méthanol et au dichlorométhane du Pinus banksiana et du Pinus resinosa, bien

que moins cytotoxiques que les extraits de Thuja occidentalis, montrent une toxicité plus

sélective aux cellules cancéreuses. Pour cette raison et parce que le rendement d'extraction

au dichlorométhane est plus concluant, nous avons porté notre attention sur le pin gris.

3.2.1 Résultats du criblage biologique de la seconde cueillette

Le tableau 11 présente tous les IC50 des tests anticancéreux de la deuxième

cueillette. Les résultats avec le Thuja occidentalis et le Pinus banksiana diffèrent de la

première cueillette. Dans le cas du Thuja, l'extrait à 1' hexane de la seconde cueillette (IC50

A-549 = 11 ± 1) semble beaucoup plus actif que celui de la première cueillette (IC50 A-549

= 111 ± 8). L'extrait dichlorométhane apparaît par contre un peu moins actif. Cette

tendance s'observe aussi chez Pinus banksiana où l'extrait à l'hexane se montre légèrement

plus actif et l'extrait au dichlorométhane légèrement moins, dans les extraits de la seconde

cueillette.

51

Tableau 10 : Résultats IC50 des tests d'activité anticancéreuse de la première cueillette

EspèceT occidentalis

T. occidentalisT occidentalisT occidentalis

P. banksianaP. banksianaP. banksiana

P. banksianaP resmosaP. resmosaP. resinosa

P resmosaP. strobusP. strobusP. strobusP. strobus

SolvantHex.DCMMeOHH2OHex.DCMMeOH

H2O

HexDCMMeOHHZOHex.DCMMeOH

H2O

Hoechst (pg/mL)A-54930±26±128±1

nd58±428±220±2>200

193±1650±756±5>20055±421±1>200>200

DLD-123±23±115±1nd

68±529±336±394±10>20051 ±351 ±3

170±1065±419±2>200129±9

WS121±34±116±2nd

121±675±746+4

108±11>200

103±1169+7

151±13138±642±5>200

142±13Note : Témoin positif: Etoposide : A-549 1,0 ± 0.3, DLD-1 : 4±1 et WS1 : nd

Le tableau 11 démontre que les extraits aqueux sont inactifs sur les cellules. Dans

les six nouvelles espèces testées, seul l'extrait hexane de Picea mariana montre une

certaine sélectivité sur les cellules cancéreuses comparable aux extraits hexane et

dichlorométhane du bois de Pinus banksiana. Les résultats de l'évaluation de l'activité

anticancéreuse des matrices végétales de cette récole confirment que le bois de Pinus

banksiana possède une activité intéressante et suggèrent qu'il contient un ou des composés

potentiellement anticancéreux.

52

Tableau 11 : Résultats IC50 des tests d'activité anticancéreuse de la deuxième cueillette

EspèceT. occidentalisT. occidentalisT occidentalisT occidentalis

P. banksianaP. banksianaP. banksianaP banksianaA balsameaA balsameaA. balsameaA. balsamea

P. tremuloidesP. tremuloidesP. tremuloidesP tremuloidesB. alleghaniensisB. alleghaniensisB. alleghaniensisB. alleghaniensis

B. papyriferaB. papyriferaB. papyriferaB. papyriferaP. nuiiuiruH irunanaP manoru)n m injnn

P. glaucaP. glaucaP. glaucaP. glauca

SolvantHex

DCM

MeOHH2O

Hex.DCM

MeOHH2O

Hex

DCM

MeOHH2O

Hex.DCM

MeOHH2O

Hex

DCM

MeOHH2O

Hex.DCM

MeOHH2O

Hev

DCM

MeOHH.O

Hex.DCM

MeOHH2O

Hoechst (pg/mL)A-54911±116±120 ±2>200

30 ±223 ±229 ±2>200

178 ±2445 ±4113±7>200

137 ±776 ±682 ±5>20077 ±463 ±4>200>200

67 ±761 ±4151 ±7>20063 ±357 ±4110±5>200

49 ±467 ±5

151 ±7>200

DLD-16 ± 115±211 ±1

123± 10

53 ±664 ±644 ±4

198 ±20>20046 ±4

112 ± 13>200

126 ±447 ±264 ±4>20073 ±544 ±3

200 ±14>200

59 ±550 ±3137 ±8>20088 ±550 ±367 ±4�200

55 ±560 ±353 ±3>200

WS-18 ± 119±338 ±8

154 ±26

103 ±2119 ± 1560 ±9>200>20059 ±3105 ±8>200

163 ±2163 ±650 ±5>20075 ±852 ±7>200>200

25 ±233 ±4

173±19>200

111 ±753 ±656 ±4>200

30 ±837 ±459 ±4>200

Note : Témoin positif : Etoposide : A-549 1,0 ± 0.3, DLD-1 : 4±1 et WS1 : nd

Les tests ORAC permettent d'évaluer le capacité antioxydant des différents extraits.

Une valeur de 1 uM/mg signifie que 1 uM de trolox sont nécessaire pour produire la même

activité antioxydante que 1 mg d'extrait. Les résultats obtenus pour les espèces de seconde

cueillette sont présentés au tableau 12. La majorité des espèces testées montrent une activité

53

antioxydante intéressant. Les extraits à l'hexane, à l'exception de ceux du T. occidentalis,

B. alleghaniensis et P. banksiana, s'avèrent moins actifs que les autres extraits obtenus

avec des solvants plus polaires. Les résultats les plus intéressants sont obtenus avec les

extraits méthanoliques de Thuja occidentalis, Pinus banksiana, Abies balsamea, Populus

tremuloïdes, Betula papyrifera et Picea glauca. L'extrait au dichlorométhane d'Abies

balsamea montre une excellente réponse aux tests ORAC. De plus, des tests sur cellules ont

été effectués avec les extraits afin d'évaluer l'activité antioxydante dans un contexte

cellulaire. Les résultats obtenus sur modèle cellulaire indiquent qu'aucun des extraits à

l'hexane et au dichlorométhane ne possède un pouvoir antioxydant. Les extraits aqueux et

méthanoliques possèdent en revanche des niveaux d'activité élevée pour les espèces

suivantes : Abies balsamea, Betula alleghaniensis, Betula papyrifera, et seulement l'extrait

méthanolique du Populus tremuloïdes, Picea glauca et Picea mariana. Tous les IC50 de ces

extraits sont inférieurs à 4 ug/ml (la concentration minimale testée), ce qui est étonnant.

Les résultats sur l'activité antibactérienne des extraits de la seconde cueillette sont

regroupés au tableau 13. Selon les résultats obtenus, les extraits de Thuja se démarquent par

leur efficacité. Il semble qu'ils soient à la fois actifs sur les bactéries à gram positif et

négatif. L'extrait méthanolique du Pinus banksiana montre encore une activité très

marquée à la fois sur les grams positifs et négatifs.

54

Tableau 12 : Résultats des indices ORAC et activité antioxydante sur cellule pour les

extraits de la seconde cueillette

EspèceT. occidentalis

T. occidentalisT. occidentalis

T. occidentalis

P. banksianaP. banksianaP. banksiana

P. banksianaA holiy.imoa

A halsamea

A balsamea

A hcj/ixjf/iea

P. tremuloides

P. tremuloidesP. tremuloides

P. tremuloidesB j/teg'jj/MC/is/iB nlleghamensis

B nlleiihamensis

B jlleqhaniensii

B. papyrifera

B. papyriferaB. papyrifera

B. papyriferaP. mariana

P. marianaP. mariana

P. mariana

P. glauca

P. glaucaP. glauca

P. glauca

SolvantHex.DCMMeOH

H2OHex.

DCMMeOH

H2OHex.DCMMeOH

H2OHex.

DCM

MeOH

H2OHexDCMMeOH

H.,OHex.DCMMeOH

H2OHex.

DCMMeOH

H2O

Hex.DCM

MeOH

H2O

Indice ORACuMol Trolox / mg

4,7 ±0,84,7 ±0,38,7 ± 0,7

4,5 ±0,31,5 ±0,4

4 ± 1

17±2

3,1 ±0,50,7 ± 0,215±2

9,6 ± 0 7

1,9 ±0,3

0,11 ±0,04

1,2 ±0,36,5 ± 0,6

0,8 ±0,11,6 ±0.33 0 ± 0,70,6 ± 0,7

4 ± 1

0,045 ± 0,006

2,7 ±0,713± 1

4,0 ± 0,40,10 ±0,04

1.71 ±0,045 ± 1

0,5 ±0,20,051 ± 0,005

1,4 ±0,19± 1

0,21 ± 0,03

Antiox Cellules

IC5o (Mg'mL)nd

nd

nd

nd

nd

nd

nd

nd

nd

<0,43 ± 1

8 ± 2

nd

43 ± 133± 1

15±4nd

58 ± 131 0 ± 0 5

0 9 ± 0 1

nd

24 ± 60,94 ± 0,09

0,8 ±0,2194 ±3512±5

1,27 ±0,05

7,6 ± 0,2153 ±42

18 ±31,2 ±0,7

319 ±67

55

Tableau 13 : Évaluation de l'activité antibiotique de plusieurs espèces de la forêt boréale

Résultats des tests antibactériens d'extraits de la seconde cueillette

EspèceT ocudontnlisT ocudfiitulis

T uccidontdlis

T uCLidentalis

P. bankslanaP. banksiana

P. banksiana

P. banksianaA hal&amcaA bal^amua

A halsamea

A hnlsamua

P. tremuloides

P. tremuloides

P. tremuloides

P. tremuloidesB KilkxfhumensisB lillcijhamonsis

B Jlleqhjniom>is

B alloghaniensis

B. papyriferaB. papyrifera

B. papyrifera

B. papyriferaP mommaP rnaridnj

P munjna

P mnihina

P. glauca

P. glaucaP. glauca

P. glauca

SolvantHexDCMMeOH

H,OHex.

DCM

MeOH

H2OHexDCMMeOH

H;OHex.

DCMMeOH

H2OHexDCM

MeOH

H.OHex.

DCM

MeOH

H2OHexDCMMeOH

H OHex.DCM

MeOH

H2O

IC50(Mg/mL)E.coli

6,8 ± 0.796 ±1534 ±3>160>160>160

111 ±9>160

>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160>160

S.aureus40 ±5

126 ±5077 ±6>160

58± 15150 ±2550 ±1>160

134±15134 ±7>160>160

79 ±1985 ±4>160>160103 ±2275 ±10>160>160

124 + 1361 ±2>160>16067 + 4

184 + 20>160>16059 ±2>160>160>160

Note : Témoin positif : Chloramphénicol : S. aureus : 7 ±1 etE. coli : 0.90 ± 0.06

56

3.3 CHOIX DE L'ESPÈCE

Les résultats de la première cueillette ont confirmé le potentiel anticancéreux de deux

espèces, le Pinus banksiana et le Pinus resinosa. Ces extraits montraient une activité

sélective sur les cellules cancéreuses. Le choix final de l'espèce s'est fait en considérant les

rendements d'extraction du Pinus banksiana, qui sont supérieurs à ceux obtenus avec le

Pinus resinosa. Les résultats obtenus lors de la seconde cueillette n'ont pas été pris en

compte puisqu'elle a été effectuée un an après le début du projet. Malgré cela, les résultats

découlant de la seconde cueillette ne remettent pas en question la pertinence du choix de

Pinus banksisana.

3.4 RÉSULTATS DE CHROMATOGRAPHIE

Les travaux de chromatographie ont conduit à l'isolation de neuf molécules. Les six

premières molécules viennent de l'extrait dichlorométhane. Les trois autres sont issues de

l'extrait hexane.

3.4.1 Isolation des composés de l'extrait dichlorométhane

La première chromatographie effectuée avec 10 g d'extrait, telle que décrite à la section

2.4.3 a permis d'obtenir plusieurs fractions dont les fractions IB (1,90 g), 1C (1,74 g) et

IE (0,66 g) particulièrement intéressantes pour un fractionnement subséquent car elles

présentent un rendement élevé et une composition chimique simple (par CCM). La

figure 9 résume le travail de purification effectué sur l'extrait dichlorométhane.

57

Fraction A, B

Extrait DCMbois interne

Pinus Banksiana Lamb,

Fraction C

HPLC:C,8MeOH50%

Chromatographie sur SiOa dans un système<r"éluantCHCl3:MeOH

Fract iou D Fraction E

Matairesiuol

Pinoceiubiiue

Acétate depinobauksiue

Fraction F, G. H, I . J,K

HPLC : Ou MeOH40%

Piuobmiksiue

Mntaùésiuol

Piuorésinol

Figure 9 : Schéma de purification de l'extrait au dichloromethane

Les analyses par CCM de la fraction IB (figure 10), montrent la présence de trois taches

dans la même zone chromatographique. Plusieurs conditions d'élution ont été mises à

l'essai et aucune n'a permis d'obtenir une meilleure séparation. Il est intéressant de

souligner que l'une des taches de cette fraction semble correspondre à la tache majoritaire

de la fraction 1C.

58

1D 1E 1F 1Gstd 11

Figure 10 : Chromatographie sur couche mince sur gel de silice des fractions 1A à II

(CHC13 : MeOH 40 : 1; vanilline)

La figure 11, illustrant le chromatogramme obtenu par chromatographie en phase gazeuse

de la fraction IB, montre clairement la présence de deux produits majoritaires et d'un

produit minoritaire. Par comparaison avec les données de la banque spectrales NIST02 et

de standards du laboratoire, les deux molécules majoritaires ont pu être identifiées comme

étant la pinocembrine (m/z = 256 g/mol, TR= 41,5 min) et le pinosylvine monomethyle

ether (m/z = 226 g/mol, TR= 46,5 min). Il n'a pas été possible d'identifier le produit

responsable du pic visible à 34 minutes (Figure 11). Cette fraction semble contenir les

constituants majoritaires du bois dePimis banksiana car elle représente 30% de la masse de

l'extrait au dichlorométhane.

59

1400000

13OOOOO

1200000

-1 1 OOOOO

8OOOOO

7OOOOO

eooooo

sooooo

400000

3OOO00

2OOOOÛ

-i ooooo

S.OO "I O.OO -I S.OO 2O.OO 2S.OO 3 0 . 0 0 35.OO 4O.OO -45.OO 5O.OO 55.OO OO.OO SS.OO

Figure 11 : Chromatogramme GC/MS de la fraction IB

La CCM de la fraction 1C (figure 10), montre la présence d'un composé majoritaire et

d'un produit minoritaire. L'analyse par HPLC en utilisant des conditions isocratiques (50%

MeOH / H2O) révèle clairement la présence de trois produits dont un majoritaire.

Le spectromètre de masse couplé au HPLC a permis de déduire que le produit majoritaire

(TR = 50 min) possède une masse molaire de 256 g/mol, tandis que les produits élues à 10

min et 56 min ont des masses molaires de 358 g/mol 314 g/mol respectivement. Lorsque

cette méthode a été transposée avec succès sur HPLC préparatif (figure 12), la récolte des

fractions et leurs combinaisons ont conduit à trois produits purs : CS1CA (15,6 mg),

CSICB (54,2 mg) et CSICC (6,2 mg). Ces quantités ont été obtenues de cinq injections, ce

qui correspond à 100 mg de la fraction 1C.

60

400

MWO

Figure 12 : Chromatogramme HPLC préparatif de la fraction 1C

Afin de disposer de plus de matériel, la masse de la fraction IE a été augmentée en la

combinant avec une fraction similaire provenant d'une autre chromatographie. L'analyse

par CCM montre, après révélation à la vanilline, la présence d'un produit majoritaire. Ce

produit majoritaire est cependant accompagné d'une impureté visible par CCM et l'analyse

HPLC en condition isocratiques (40 % MeOH : H2O) révèle la présence de trois produits.

La purification par HPLC semi-préparatif à partir de 180 mg de la fraction IE (figure 13a

conduit à l'isolation de 3,0 mg de CS1EA, 1 mg CS1EB et 38 mg du produit majoritaire

CS1EC.

61

200

SX

s*

à '. ' ' ' 4 ' ' ' '

Figure 13 : Chromatogramme HPLC de la fraction IE

3.4.2 Purification de l'extrait à l'hexane

Les rendements d'extraction obtenus sur le bois de Pinus banksiana avec l'hexane sont

supérieurs à ceux obtenus avec le dichlorométhane. Il a donc été possible de disposer d'une

quantité suffisante de cet extrait pour entreprendre un fractionnement guidé par la

bioactivité. La figure 14 présente le schéma d'isolation des différentes molécules de

l'extrait hexane.

Comme différents groupes l'ont décrit [Rudloff, 1965; Bower, 1969; Rowe, 1971], les

différentes parties du pin gris contiennent des acides diterpéniques nommés acides

résiniques. Ces acides puisqu'ils sont solubles dans l'hexane ont été extraits selon nos

conditions d'extraction. Il est possible de séparer les composés non polaires (acides

résiniques et autres) des plus polaires avec une partition à l'hexane et une solution 60%

MeOH/EbO. Lorsque les deux phases sont soumises aux tests de bioactivité, la fraction

MeOH 60% est plus active que l'extrait brut et la fraction hexane s'avère totalement

inactive. Le fractionnement par chromatographie sur colonne sur gel de silice de la phase

62

méthanolique en utilisant un gradient d'élution CHCI3 : MeOH (100 :0 à 20 :1) a conduit à

la récupération de plusieurs fractions. L'activité cytotoxique de ces fractions a été évaluée

sur les trois lignées cellulaires tel que présenté au tableau 14.

Extrait hexane

r

Phase hexane

Extractîonîiq-lk

Phase MeOH 60%

r

Fraction  Fraction B

Chromaiog^aphiêsurSiDî avecun*luantCHC%: MeOH

r

Fraction C

HPLC : Ci«50%ACN -K),l%HCOOH

l p

Pince embrine

Pinosylvinemonomethyl éther

Fraction DF

Fraction E

HPLC : Ci840%ACN +0,1% HC<X)H

Acide 12-hydroxyabietique

Acide 15-hydroxy dehydroabietique

Acide imbricratoiique

Acide 8(14)-podocarpeii-13-on-l8-oiqiie

Figure 14 : Schéma de purification de l'extrait à 1' hexane

63

Tableau 14 : Masse et valeur d'ICso de l'extrait à l'hexane et des différentes fractions

obtenues lors de la purification primaire

FractionExtrait brut

Phase hexanePhase MeOH 60%

Fraction AFraction BFraction CFraction DFraction E

Masse totale50,0 g43,1g6,9 g

2,97 g0,35 g1,43 g0,56 g0,53 g

Hoechst (ng/mL)A-54997 ±6>20034 ±217 ±132 ±260 ±338±354 ±3

DLD-1>200>200

60 ±1135 ±266 ±579 ±1261 ±853 ±4

WS-1131 ±6>20048 ±459 ±894 ±4

172 ± 28132 ±761 ±7

La fraction A, qui présente une plus forte activité anticancéreuse a été purifiée par HPLC et

ces travaux ont mené à l'isolement du pinocembrine et du pinosylvine monométhyle éther

isolés par HPLC.

La fraction C est également intéressante puisqu'elle est abondante et sélective envers les

cellules cancéreuses selon le test de Hoechst. Cette fraction est cependant très difficile à

séparer par CCM dans des éluants constitués de chloroforme et de méthanol. La fraction a

donc été analysée au HPLC analytique afin de déterminer son degré de complexité. Pour

augmenter la résolution des pics, l'acide formique a été utilisé avec l'acétonitrile et l'eau.

Puisque la séparation était satisfaisante (figure 15), la technique a été transposée sur HPLC

préparatif et les fractions ont été récoltées selon la méthode décrite au tableau 6.

64

Figure 15 : Chromatogramme HPLC de la fraction CS6C

En 10 injections d'une masse totalisant 200 mg, il a été possible de récolter les fractions

suivantes : CS6CA (9,3 min, 4 mg), CS6CB (11,7 min, trace), CS6CC (12,5 min, 9 mg),

CS6CD (13,3 min, 8 mg), CS6CE (15,1 et 15,6 min, 17 mg), CS6CF (19,5 min, 12 mg),

CS6CG (27,6 min, 100 mg), CS6CH (29,44 min, 17 mg) et CS6CI ( 30,0 min, 9 mg). La

pureté de chaque fraction a été vérifiée par HPLC analytique : seuls C, D, F et H semblent

purs.

3.5 RÉSULTATS DE SPECTROSCOPIE : IDENTIFICATION DES MOLÉCULES

3.5.1 CS1CA et CS1EB : le matairésinol

Cette molécule a été isolée avec un rendement de 2,7 % par rapport à la masse de l'extrait

au dichlorométhane. Le spectre RMN montre des signaux caractéristiques d'un noyau

aromatique trisubstitué en para et en meta. Les signaux à 4,17 et 3,94 ppm proviennent de

protons attachés au même carbone (HSQC) qui est un CBb (8c = 72,9) très déblindé,

caractéristique d'un carbone oxygéné près d'une lactone. Les deux singulets 3,79 et 3,80

ppm, intégrant chacun pour 3H sont caractéristiques des groupes méthoxy. La structure de

la molécule, son assignation totale et d'autres données sont indiquées en annexe et

65

concordent avec les données spectrales de la littérature [Umezawa, 1991]. Il s'agit, à notre

connaissance, de la première mention du matairésinol dans le bois de pin gris. Les détails

de l'identification sont fournis en annexe. Cette molécule a été isolée dans deux fractions

soit CSICAetCSIEB.

3.5.2 CS1BB : la pinosvlvine monométhvle éther

La molécule CS1BB a été identifiée par CCM en la comparant la fraction IB avec un

standard de pinosylvine monomethyle éther en utilisant un milieu d'élution CHCI3 : MeOH

(40 :1). Puisque la molécule avait déjà été isolée du Pinus banksiana [Erdtman, 1943], la

similitude entre le Rf (0.61) et la couleur de la tache permettent d'affirmer qu'il s'agit

probablement de cette molécule. La confirmation s'est faite par injections sur GC/MS de

l'échantillon et d'un standard de pinosylvine monomethyle éther. Les spectres de masse

ainsi que les temps de rétention étaient identiques.

3.5.3 CS1CB : la pinocembrine

Ce composé a été obtenu avec un rendement d'isolation de 9,32% par rapport à la masse de

l'extrait au dichlorométhane. Il est l'un des produits les plus abondants dans le bois de

Pinus banksiana. Cette quantité aurait pu être fortement augmentée puisque la fraction IB

est, elle aussi, très riche en cette molécule. Le spectre RMN *H indique clairement la

présence de deux noyaux aromatiques, l'un monosubstitué et le second tétrasubstitué,

puisque l'intégration des signaux indique respectivement 5H et 2H. La multiplicité des

signaux du noyau aromatique tétrasubstitué (d, J = 2,2 Hz) indique que les deux protons

sont en position meta, l'un par rapport à l'autre. Un seul CH2 est visible sur le spectre

66

DEPT-135. Les deux protons diastéréotopiques sont visibles sur le spectre proton.

L'analyse attentive des spectres permet d'établir que ce composé est le pinocembrine. Ce

composé phénolique a été déjà identifié par le groupe d'Erdtman [Erdtman, 1943]. Les

détails de l'identification apparaissent en annexe et l'identification est confirmée par

comparaison avec la littérature [Wagner, 1976].

3.5.4 CS1CC : l'acétate de pinobanksine

Cette molécule se retrouve en petite quantité dans l'extrait dichlorométhane du bois de pin

gris (1%). Les spectres RMN de cette molécule montrent quelques similitudes (zone des

aromatiques) avec les spectres de la pinocembrine. La présence en RMN 13C d'un signal

supplémentaire attribuable à une fonction carbonyle (ôc 169,0) (caractéristique d'une

fonction acétate) et la perte en RMN !H d'un proton diastéréotopiques et la présence d'un

doublet à (ÔH 5.85; J =11,7 Hz), permettent de déduire la structure de l'acétate de

pinobanksine. La comparaison de nos résultats spectroscopiques avec les données

spectrales de la littérature [Neacsu, 2007] permet de confirmer cette identification. Une

analyse détaillée est présenté en annexe.

3.5.5 CS1EA : le pinorésinol

Cette molécule a été isolée en très faible quantité dans l'extrait (0,11%). Sur le spectre du

proton, on dénote la présence d'un cycle benzénique avec trois protons. La multiplicité des

signaux indique un profil de substitution en 1,3,4. Un seul CH2 est détecté par le DEPT-

135. L'analyse des spectres porte à croire qu'il s'agit de l'époxyconiferyl alcohol [Kostova,

1995]. Malheureusement, selon le spectre de masse, la masse moléculaire est de 358 g/mol,

67

un peu moins de deux fois celle de l'epoxyconyferyl alcohol (196 g/mol). La consultation

d'un erratum [Kostova, 2000] qui indique qu'il s'agit plutôt du pinorésinol et d'un article

[Nathan, 2000] qui porte sur différents dérivés époxydés du trans-coniferyl alcohol ont

cependant modifié notre vision l'identité de ce produit. Il apparaît hautement probable que

le produit CS1EA possède un centre de symétrie qui cause certaine complication pour

l'élucidation de sa structure. De plus, une analyse attentive du spectre RMN !H ne permet

pas d'observer les constantes de couplage typique (12 à 13 Hz) des protons en position

vicinale des fonctions époxydés [Nathan, 2000]. Les constantes de couplage observé pour

les protons au voisinage des oxygènes ne dépassent pas 9 Hz. L'ensemble de ces

informations permet de penser qu'il s'agit du pinorésinol. Cette molécule n'a jamais été

rapportée auparavant dans le pin gris. Elle devrait aussi se retrouver dans un vaste éventail

de plantes car elle est un précurseur de la lignine [Whetten, 1998]. Les détails de

l'identification sont présentés en annexe.

3.5.6 CS1EC : lapinobanksine

Cette molécule a été obtenue avec un rendement d'isolation de 1,4% par rapport à la masse

de l'extrait au dichlorométhane. Les signaux RMN *H associés aux protons aromatiques

sont pratiquement identiques à ceux du pinocembrine (section 3.5.3). Aucun CH2 n'est

visible sur le DEPT-135, ce qui indique que la position 3 est substituée. La masse molaire

déterminée par HPLC/MS (314 g/mol) ainsi que le déplacement chimique du proton en

position 3 (5H 4,56 ppm) (plus déblindé que les protons diastéréotopiques de la

pinocembrine mais moins déblindé que le proton en position 3 de l'acétate de

68

pinobanksine) permettent de penser qu'il s'agit de la pinobanksine. Cette molécule a déjà

été rapportée dans le bois de pin gris [Erdtman, 1943]. Les détails de l'identification sont

donnés en annexe et concordent avec les données de la littérature [Neacsu, 2007] .

3.5.7 CS6CC : l'acide 15-hvdroxvdéhvdroabiétique

Ce composé a été obtenu avec un rendement de 0,22% par rapport à la masse de l'extrait à

l'hexane. Le spectre de masse couplé au HPLC permet d'observer l'ion moléculaire qui

permet de déduire une masse molaire de 316 g/mol. Le spectre RMN C1 révèle la présence

de 20 carbones, ce qui appuie l'hypothèse que ce produit est un diterpène. Des signaux

entre 7,20 et 7,30 ppm sur le spectre proton confirment la présence d'un cycle aromatique.

Cette dernière information permet de supposer que ce produit est apparenté à l'acide

déhydroabiétique. Puisque l'acide déhydroabiétique non substitué présente une masse de

300 g/mol, cette molécule est fort probablement substituée par un oxygène. Le singulet à 5H

1,60 d'une intégration de 6H indique que la fonction alcool est en position 15. En effet, sur

l'acide déhydroabiétique, ce signal est un doublet puisque le proton, normalement présent

en 15, dédouble le signal des méthyles. Il s'agit, à notre connaissance, de la première

mention de l'acide 15-hydroxydéhydroabiétique dans le Pinus banksiana. Les détails de

son identification sont donnés en annexe.

3.5.8 CS6CD : l'acides 13-keto-8a4Vpodocarpenoïque

Ce composé a été obtenu avec un rendement d'isolation de 0,11 % par rapport à l'extrait à

l'hexane. Le rapport m/z de son ion moléculaire permet de déduire que sa masse molaire est

de 276 g/mol. Le spectre RMN 13C présente de façon évidente 17 signaux dont deux sont

69

attribués à des fonctions carbonyles de type cétone (200,1 ppm) et acide (184,3 ppm). De

plus, les signaux à 126,4 et 165,1 ppm suggèrent la présence d'une double liaison

conjuguée avec une fonction carbonyle. L'analyse détaillée des autres signaux RMN, ainsi

qu'une comparaison des données avec celles de la littérature [Ikeda, 1977], ont permis

d'identifier l'acide 13-keto-8(14)-podocarpenoïque. D'autres auteurs ont déjà isolé cette

molécule dans le Pinus banksiana [Ikeda, 1977; Schuh, 1984] ainsi que dans d'autres

espèces du genre Pinus [Cheung, 1993]. Les détails de l'identification sont donnés en

annexe.

3.5.9 CS6CF : l'acide 12-hvdroxvabiétique

L'acide 12-hydroxyabiétique a été obtenu avec un rendement d'isolation de 0,17% par

rapport à la masse de l'extrait hexane du bois de pin gris. Sur le chromatogramme HPLC de

la fraction CS6C, cette molécule semble être le produit majoritaire; toutefois, après

evaporation, la masse indique qu'il se retrouve dans les mêmes proportions que les autres

acides résiniques isolés. Le spectre du RMN !H présente trois signaux déblindés, soit deux

triplets à 4,25 et 5,51 ppm et un singulet à 5,85 ppm. Grâce au spectre HSQC, les

déplacements chimiques 13C associés à ces protons ont été déterminés, permettant ainsi de

les attribuer à deux fonctions alcéniques (5,51 ppm et 5,85 ppm) et à une fonction alcool

(4,25 ppm). De plus, la présence d'une fonction acide est évidente sur le spectre RMN 13C

(181,0 ppm). On trouvera en annexe les détails de l'identification qui concorde avec les

données spectrales fournies dans la littérature [Herz, 1965]. Cette molécule tend à

70

s'isomériser. En effet, quelques mois après son isolation, le vial ne contient plus que de

1 ' acide 15 -hydroxydéhydroabiétique.

3.5.10 CS6CH : l'acide imbricatolique

L'acide imbricatolique a été obtenu avec un rendement d'isolation de 0,22% par rapport à

la masse de l'extrait hexane du bois de pin gris. Par HPLC/MS, le rapport m/z de son ion

moléculaire permet de déduire que sa masse est de 322 g/mol. Le spectre RMN du carbone

montre la présence de 20 carbones, ce qui peut laisser croire qu'il s'agit encore ici d'un

acide résinique. La fonction carbonyle à 182,2 ppm confirme la présence de l'acide

carboxylique. Dix CH2 sont visibles sur le DEPT-135, ce qui infirme la possibilité d'un

acide résinique tricyclique qui possède au maximum 9 CH2 lorsqu'il n'y a aucune

insaturation. Trois signaux se démarquent des autres dans l'analyse du spectre proton. Le

signal à ÔH 4,53 et celui à ÔH 4,86 sont liés à un seul carbone, qui est un alcène géminal. Le

signal à 5H 3,71 correspond aux protons C-15 où est attaché un alcool. Les détails de

l'identification se retrouvent en annexe et correspondent à ceux parus dans la littérature

[Su, 1994].

3.6 BlOACTIVITÉ DES MOLÉCULES ISOLÉES

Les molécules isolées n'ont malheureusement pas toutes été testées. En effet, certaines

molécules ont été isolées en trop petite quantité ou se sont dénaturées durant leur

entreposage. Le tableau 15 résume les résultats pour chacune des cinq molécules dont

l'activité a pu être testée.

71

Tableau 15 : Activité anticancéreuse des molécules isolées

MoléculePinocembrine

PinobanksinePinosylvine monométhyle éther

Acide 12-hydroxyabiétique

Acide 15-hydroxydehydroabiétique

Hoechst (\M)A-549

62±19>20027±3>200>200

DLD-1

100±20>20018±2>200>200

WS-1

>200>20024±6>200>200

À la lumière des résultats décrit au tableau 15, une molécule isolée démontre un certain

potentiel. La pinosylvine monométhyle éther montre une toxicité modérée à la fois sur les

cellules cancéreuses et sur les cellules saines. Ces résultats sont intéressants car cette

molécule représente l'un des produits majoritaires du Pinus banksiana. En effet, ces

produits se retrouvent dans les extraits hexane, dichlorométhane et méthanolique de cet

arbre. La pinosylvine monométhyle éther pourrait être en partie responsable de l'activité

anticancéreuse. Cependant on ne peut pas éliminer la possibilité que d'autres composés

pourraient être impliqués dans l'activité de cette fraction observée lors des tests

préliminaires.

CONCLUSION

73

CONCLUSION

Ce mémoire s'inscrit d'emblée dans un programme de recherche portant sur la valorisation

de la biomasse résiduelle engendrée par l'activité de coupe forestière. Les résultats d'une

première cueillette ont permis de mettre en évidence le potentiel anticancéreux de deux

espèces, le Pinus banksiana et le Pinus resinosa. Les extraits testés ont en effet montré une

action sélective sur les cellules cancéreuses. Le Pinus banksiana, sur lequel se sont ensuite

concentrés nos efforts, a été soumis à une analyse phytochimique. Cela a conduit à

l'identification de dix molécules. Parmi celles-ci, la pinosylvine monométhyle éther,

constituant majoritaire de l'extrait hexane et DCM, a démontré une activité anticancéreuse.

Par contre, le faible rendement d'extraction primaire combiné à une activité modeste limite

le potentiel de valorisation du bois de cette espèce.

Sur les dix molécules que ce projet a permis d'isoler dans le bois interne de Pinus

banksiana, cinq n'avaient jamais été identifiées dans cette espèce. Il s'agit du matairésinol,

du pinorésinol, de l'acétate de pinobanksine, de l'acide 15-hydroxydéhydroabiétique et de

l'acide imbricatolique. Ces substances ont, par contre, été isolées dans d'autres espèces du

genre Pinus. La pinosylvine monométhyle éther (Lindstedt, 1951), la pinocembrine

(Erdtman, 1943), la pinobanksine (Erdtman, 1943), acides 13-keto-8(14)-podocarpenoïque

(Ikeda, 1977) ont été aussi isolés mais étaient déjà connus dans la littérature.

La seconde cueillette de huit espèces cette fois, a permis d'obtenir des résultats qui

pourraient contribuer au développement de nouveaux projets au laboratoire LASEVE. Sur

les huit espèces récoltées, deux espèces se sont démarquées lors des tests anticancéreux :

74

l'extrait hexane de Picea mariana agit de façon sélective sur les cellules cancéreuses et les

extraits (DCM et MeOH) du Pinus banksiana y ont confirmé leur potentiel anticancéreux.

Les résultats du criblage antioxydant mettent en évidence les extraits méthanoliques et

aqueux de trois espèces : Abies balsamea, Betula alleghaniensis, Betula papyrifera. Une

forte activité antioxydante est également remarquée avec les extraits méthanoliques Picea

glauca, Piceae mariana et Populus tremuloïdes. Le pouvoir antioxydant de ces extraits est

élevé et pourrait ces matrices végétales pourraient s'avérer une source intéressante

d'antioxydant naturel. De surcroît, les extraits de Thuja occidentalis montrent, pour leur

part, un pouvoir antibactérien sur S. Aureus et E. Coli. Globalement, les résultats de la

seconde cueillette étayent ce que les résultats de la première avaient laissé entrevoir : ces

résidus forestiers possèdent un fort potentiel pour la découverte de produits bioactifs.

À la lumière des quelque résultats découlant de ce projet, les travaux de recherche sur la

valorisation des résidus de l'industrie forestière apparaissent prometteurs. Ce mémoire s'est

concentré plus spécifiquement sur la valorisation du bois interne de pin gris. Des molécules

majoritaires présentant une activité anticancéreuse en ont été extraites. Plusieurs espèces

échantillonnées ont démontré des activités anticancéreuse, antibiotique ou antioxydante et

justifieraient que des projets plus approfondis soient amorcés.

BIBLIOGRAPHIE

76

Banfi, S.; Caruso, E.; Biccafurni, L.; Battini, V.; Zazzaron, S.; Barbieri, P.; Orlandi, V. ;

2006, Antibacterial activity of tetraaryl-porphyrin photosensitizers: An in vitro

study on Gram negative and Gram positive bacteria; Journal of Photochemistry and

Photobiology Biology volume 85, numéro 1, pages 28-38

Balandrin, M. F.; Kinghorn, A. D.; Farnsworth, N. R.; 1993, In Human Medicinal Agents

from Plants; ACS Symposium Series 534, American Chemical Society,

Washington, D.C.; pages 2-12.

Bioxel Pharma inc, 2006, Profil financier : Principales raisons d'investir dans la Société,

http://www.bioxelpharma.com/docs/fr/corporate/21.investisseur.pdf, visité le 25

février 2007.

Bower, C. L; Rowe J. W. , 1967, Extractives of jack pine bark: occurrence of (+V13-

epimanoyl oxide and related labdane diterpenes. Phytochemist, volume 6, numéro 1,

pages 151-153.

Chalandre, M-C, 1999, Éléments de Botanique : cours de première année de pharmacie,

http://www.123bio.net/cours/bv/bv6.html, UFR de Pharmacie et Ingénierie de la

Santé, ANGERS, visité le 25 février 2007

Chapman, R. A; Manchester, D. F.; Lumsden, R. H.; Nugent, H. M. and Bolker, H. L, 1974

An Improved method for the analysis of wood extractives and its application to jack

pine (pinus banksiana lamb.). Pulp and Paper Reports , 20 pages.

77

Chapman, R. A.; Nugent, H. M.; Clayton, D. W.; Manchester, D. F.; Redmon, W. A., 1974,

Non-structural chromophoric substances in jack pine wood and pulp : The role of

galangin in the coloration of heartwood bisulphite pulp. Pulp and paper reports, 16

pages.

Cheung, A.H.T.; Miyase, T.; Lenguyen, M.P.; Smal, M.A.; 1993, Further acidic

constituents and neutral components of Pinus massoniana resin. Tetrahedron,

volume 49, numéro 36, page 7903-7915.

Commission d'étude sur la gestion de la forêt publique québécoise, 2004, Rapport de la

commission d'étude sur la Restion de la forêt publique québécoise, Québec, 303 p,

ISBN 2-550-43626-1

Deschesne, L., 2003, Les produits forestiers non ligneux au Canada - Une industrie en

développement, Nouvelles Express, Service canadien des forêts, Bulletin no 28, 1

page.

Erdtman, H., 1946, Die phenolischen Inhaltsstoffe des Kiefernkernholzes VIL Pas

Kernholz von Pinus nisra Arn., Pinus Montana Mill., Pinus Banksiana Lamb., und

Pinus palustris Mill., Svensk Kemisk Tidskrift, volume 56, pages 95- 101.

Gagnon, Daniel, 2004, La forêt naturelle du Québec, un survol. Rapport préparé pour la

Commission d'étude sur la gestion de la forêt publique québécoise, 74p.

http://www.commission-foret.qc.ca/pdf/Gagnon_foret_naturelle_final.pdf

78

Grieve, M., 1967, A Modern Herbal - Volume 2, Third Edition, Hafher publishing co,

New York, 860 pages.

Guz, R. N.; Stermitz, F. R., 2000, Spectral comparisons of conifervl and cinnamyl alcohol

epoxide derivative with a purported cis-epoxyconifervl alcohol isolate,

Phytochemistry, volume 54, pages 897-899.

Harvey, A., 2000, Strategies for discovering drugs from previously unexplored natural

products. Drug Discovery Today, volume 5, numéro 7, pages 294-300

Hatton, J. V.; Hunt, K., 1993, Chemical properties of juvenile and mature wood fromsecond-growth jack pine, Cellulose Chemistry and Technology, volume 27numéro 1, pages 17-32.

Hosie, R.C.; 1979, Arbres indigènes du Canada, Fitzhenry and Whiteside, Publication

officielle, Montréal, 380 pages.

Herz, W.; Wahlborg, H. J.; Lloyd, W. D.; Schuller, W. H.; Hedrick, G. W.; 1965, Resin

Acids. IV. 12-Hvdroxyabietic Acid and Its Reduction; Journal of Organic

Chemistry, volume 30 pages 3190-3195.

Ikeda, T.; Matsumura, F.; Benjamin, D. M., 1977, Chemical basis for feeding adaptation of

pine sawflies Neodiprion rusifrons and Neodiprion swainei. Science, volume 197

numéro 4302, pages 497-499.

Kostova I.; Dinchev D.; Mikhova B.; Iossifova T., 1995, Epoxyconiferyl alcohol from

Fraxinus oxycarpa bark, Phytochemistry, Volume 38, numéro 3, pages 801-802.

Kostova I.; Dinchev D.; Mikhova B.; Iossifova T., 2000, Erratum to "Epoxyconiferyl

alcohol from Fraxinus oxycarpa bark", Phytochemistry, volume 53, numéro 7, page

827.

79

Kunkel, G., 1984, Plant for human consumption, Koeltz scientific book, Koenigstein, 393

pages.

Law, K.-N.; Valade, J. L., 1994, Status of the utilization of jack pine (Pinus banksiana) in

the pulp and paper industry, Canadian Journal of Forest Research, volume 24,

numéro 10, pages 2078-2084

Legault J., Dahl W., Debiton E., Pichette A., Madelmont J.C., 2003. Antitumor activity of

balsam fir oil: production of reactive oxygen species induced by alpha-humulene as

possible mechanism of action, Planta Medica, volume 69 numéro 5, 402-407.

Lindberg, L. E.; Willfor, S. M.; Holmbom, B. R.; 2004, Antibacterial effects of knotwood

extractives on paper mill bacteria. Journal of Industrial Microbiology and

Biotechnology, volume 31: pages 137-147

Lindstedt, G; Misiorny, A., 1951, Constituant of Pine Heartwood, Acta Chemica

Scandinavica, volume 5, pages 121-128.

Mamelona, J.; Pelletier, E.; Girard-Lalancette, K.; Legault, J.; Karboune, S.; Kermasha, S.;

2007, Quantification of phenolic contents and antioxidant capacity of Atlantic sea

cucumber, Cucumaria frondosa , Food Chemistry volume 104, numéro 3, 2007,

pages 1040-1047

Marie-Victorin; 1995, Flore Laurentienne. 3e Edition, Les Presses de l'Université de

Montréal, Montréal, 1093 pages. (Édition originale parue en 1935)

Moerman, D. 1998, Native american ethnobotany. Timber press, Oregon, 927 pages

80

Neacsu, M.; Eklund, P. C ; Sjôholm, R. E.; Pietarinen, S. P.; Ahotupa, M. O.; Holmbom,

B.R.; Willfôr, S. M.; 2007; Antioxidant flavonoids from knotwood of jack pine and

European aspen; Holz als Roh-und Werkstoff, Volume 65, Number 1; pages 1 à 6

Ou B., Hampsch-Woodill M., Prior R.L., 2001; Development and Validation of an

Improved Oxygen Radical Absorbance Capacity Assay Using Fluorescein as the

Fluorescent Probe, Journal of Agricultural and Food Chemistry; volume 49, pages

4619-4626.

Pichette, A.; Larouche, P.-L., Lebrun, M.; Legault, J.; 2006, Composition and antibacterial

activity of Abies balsamea essential oil, Phytotherapy Research; volume 20, numéro

5, pages 371 -373

Rowe, J. W.; Bower, Carol L. and Wagner E. R., 1969, Extractives of jack pine bark:

Occurrence of cis- and trans-pinosylvin dimethyl ether and ferulic acid esters.

Phytochemistry, volume 8, numéro 1, pages 235-241

Rowe, J. W.; Nagasampagi, B.A.; Burgstahler, A.W.; Fitzsimmons, J.W., 1971,

Derivatives of nordehvdroabietane from pine bark, Phytochemistry, volume 10

numéro 7, pages 1647-1651

Rudloff, E.; Sato A., 1963, The Heartwood extractives of Pinus banksiana Lamb.,

Canadian Jounal of Chemistry, volume 41, pages 2165-2174.

Rudloff, E.; Sato A., 1965 , A.,Chemical composition of the heartwood extractive of Pinus

banksiana and Pinus resinosa, Canadian Wood Chemistry. Symposium., 1st.,

Toronto, pages 69-73 (discussion 74)

81

Rudolph, T. D.; Laidly, P. R.; 1990, Silvic of North America : Volume 1 : Conifer : Jack

Pine, http://www.na.fs.fed.us/spfo/pubs/silvics_manual/Volume_l/pinus/; visité le

30 mai 2006.

Sarkar, S. K.; Malhotra, S. S., 1979, Gas-Liquid chromatographic method for separation of

the organic acid and its application to the pine needle extracts. Journal of

Chromatography, volume 171, pages 227-232.

Savidge, R.A.; 1989, Coniferin, a biochemical indicator of commitment to tracheid

differentiation in conifers, Canadian Journal of Botany, volume 67, numéro 9,

pages 2663-2668.

Schuh, Beth A.; Benjamin, D. M. , 1984, The chemical feeding ecology of Neodiprion

dubiosus Schedl, N. rugifrons Midd., and N. lecontei (Fitch) on jack pine (Pinus

banksiana Lamb.), Journal of Chemical Ecology, volume 10, numéro 7, pages 1071-

1079.

Silverstein, R. M.; Bassler, G. C; Morrill, T. C ; 1991, Spectrometric identification of

organic compounds, 5th Edition, John Wiley & Sons, New York, 419 pages.

Sylvestre, M.; Pichette, A.; Longtin, A.; Nagau F.;Legault, J. ; 2006, Essential oil analysis

and anticancer activity of leaf essential oil of Croton flavens L. from Guadeloupe.

Journal of Ethnopharmacology, volume 103, numéro 1, pages 99-102

Su, W.C.; Fang, J.M; Cheng, Y.S.; 1994, Labdanes from Crvptomeria iaponica.

Phytochemistry, volume. 37 nunméro 4, pages 1109-1114

82

Thompson, Robert S.; Anderson, Katherine H. and Bartlein, Patrick J.; 1999, Atlas of

Relations Between Climatic Parameters and Distributions of Important Trees and

Shrubs in North America, U.S. Geological Survey Professional Paper 1650 A&B,

http://pubs.usgs.gov/pp/pl650-a/, visité le 25 avril 2007.

Tungland, B. C; 2000, Inulin References - A comprehensive Scientific Review,

http://members.shaw.ca/duncancrow/inulinreview.html , Bristol University of

Bristol, Grande-Bretagne, visité le 25 avril 2007.

Umezawa, Toshiaki.; Davin, Laurence B.; Lewis, Norman G.; 1991 Formation of lignans

(-)-secoisolariciresinol and (-)-matairesinol with Forsythia intermedia cell-free

extracts: Journal Biological Chemistry., volume 266, numéro 16, 10210-10217,

Wagner, Hidebert; Chari, Vendantha Mohan; Sonnenbichler, Johann;; 1976, 13C-NMR-

Specten Naturlich Vorkommender Flavanoide, Tetrahedron Letters, numéro 21,

pages 1799-1802

Wagner, H; Bladt, S.; Zgainski, E. M.; 1984, Plant Drug Analysis, Springer-Verlag Berlin

Heidelberg, 322 pages

Wichtl, M.; Anton, R.; 1999, Plantes thérapeutiques : tradition, pratique officinale, science

et thérapeutique. Technique et documentation, Cachan : Éditions médicales

internationales, Paris, 636 pages.

Whetten, R.W.; MacKay, J.J.; Sederoffl, R.R.; 1998, Recent advances in understanding

lignin biosynthesis. Annual Review of Plant Physiology and Plant Molecular

Biology, volume 49, pages 585-609.

83

ANNEXE 1

LISTE DES ABRÉVIATIONS

85

Abréviation

CCM

cm

CHCI3

DCM

Se

5h

km

GC

g

Hex

Hz

HPLC

H20

IC50

LÀSÈVË

MeOH

mg

MIC8o

MS

PFNL

ÔRAC

RMN

TR

UQAC

um

Description

Chromatographie sur couche mince

Centimètre

Chloroforme

Dichlorométhane

Déplacement chimique en carbone (ppm)

Déplacement chimique en proton (ppm)

Kilomètre

Gas Chromatography

Gramme

Hexane

Hertz

High Pressure Liquid Chromatography

Eau

Concentration de produit qui inhibe 50 % de la croissance

cellulaire

Laboratoire de séparation des essences végétales

Méthanol

Milligramme

Concentration où on observe une inhibition de 20% de la

prolifération bactérienne de façon significative

Mass Spectroscopy

Produits forestiers non ligneux

Oxygen Radical Absorption Capacity

Résonnance magnétique nucléaire

Temps de rétention (min)

Université du Québec à Chicoutimi

Micromolaire (10~6 mol/L)

ANNEXE 2

IDENTIFICATION RMN DES MOLÉCULES

87

CS1CAET CS1EB : MATAIRESINOL

H3CO, ,OCH3

Matairésinol

^20^2296Masse moléculaire: 358.38

Position1234567891'2'31

41

5'6'T8'91

OCH3OCH3'

Ôc(ppm)130,1111,8147,6144,8114,8120,837,541,171,5129,4112,5147,6145,0114,7121,633,946,3180,354,855,0

SH (ppm)-

6,57 d--

6,70 D6,52 Dd2,55 m2,50 m

4,17; 3,94 T-

6,69 d--

6,72 D6,59 D

2,90; 2,83 Dd2,67 Q

-3,79 S3,80 S

MultiplicitéC

CHCC

CHCHCH2

CHCH2

CCHCC

CHCHCH2

CHC

CH3

CH3

88

CS1CB : PINOCEMBRINE

Pinocembnne

Masse moléculaire: 256,25

Position12345678910

r2'3'4'5'6'

ôc(ppm)-

78,842,9195,5163,796,1166,895,2162,9102,0138,3125,8128,4128,4128,4125,8

5H (ppm)-

5,15 Dd2,52-2,8 D

--

5,69 d-

5,719 d---

7,18 m7,15 m7,09 m7,12 m7,21m

Multiplicité0

CHCH2

CC

CHC

CHCCC

CHCHCHCHCH

89

CS1CC : ACÉTATE DE PINOBANKSINE

OH

Acétate de pinobanksineC17H14°6

Masse moléculaire: 314,29

Position123456789101112

r2'3'4'5'61

ôc (ppm)-

81,172,4191,4162,795,4168,296,5164,1100,6169,418,8135,9127,3128,2129,0128,2127,3

OH (ppm)-

5,43 D5,85 D

5,96 d

5,98 d

1,97 S

7,53 m7,43 m7,43 m7,43 m7,53 m

MultiplicitéOxygène

CHCH

C=OC

CHC

CHCC

C=O (acétate)CH3

CCHCHCHCHCH

CS1EB : PINORESINOL

H

III 7V"UII||

H

Pinorésinol

Masse moléculaire: 358,38

90

Position12345678910

r2'3'4'5'6'7'8'9'10'

8C (ppm)133,3109,7147,4145,9114,6118,771,385,854,455,4133,3109,7147,4145,9114,6118,785,871,354,455,4

8H(ppm)-

7,00 d--

6,78 D6,84 Dd

3,81 Dd, 4,21 Dd4,67 d3,1 q

3,85 S-

7,00 d--

6,78 D6,84 Dd4,67 d

3,81 Dd, 4,21 Dd3,1 q

3,85 S

MultiplicitéC

CHCC

CHCHCH2

CHCH

O-CH3

CCHCC

CHCHCHCH2

CHO-CH3

91

CS1EC : PINOBANKSINE

OH O

PinobanksineC15Hl2O4

Masse moléculaire: 256,25

Position12345678910

r2'31

41

5'61

ôc (ppm)-

85,173,7198,2165,497,5168,896,4164,4101,9138,6128,9129,4129,9129,4128,9

OH (ppm)-

5,08 D4,56 D

5,95 S

5,92 S

7,55 m7,42 m7,38 m7,42 m7,55 m

MultiplicitéOxygène

CHCHCC

CHC

CHCCC

CHCHCHCHCH

92

CS6CC : ACIDE 15-HYDROXYDEHYDROABIÉTIQUE

17

COOH20

Acide 15-hydroxydehydroabietiqueC2oH28°3

Masse moléculaire: 316,43

Position1234567891011121314151617181920

ôc(ppm)37,918,636,747,444,621,830,2134,8147,837,0124,2122,0146,1125,072,431,731,725,116,3184,3

ÔH (ppm)2,36 m ; 1,53m

1,80 m1,85 m ; 1,75 m

2,27 Dd1,90 m ; 1,59 m

2,96 m

7,24 m7,26 m

7,19 m

1,60 S1,60 S1,25 S1,32 S

MultiplicitéCH2

CH2

CH2

CCHCH2

CH2

CCC

CHCHC

CHC

CH3

CH3

CH3

CH3

C

93

CS6CD : ACIDE 13-KETO-8(14)-PODOCARPENOÏQUE

HCOOH

16 17Acides 13-keto-8(14)-podocarpenoïque

Position1234567891011121314151617

C 17H24°3Masse moléculaire: 276,37

ôc (ppm)38,418,037,047,148,024,235,3165,151,838,420,536,8

200,1126,415,716,9184,3

OH (ppm)1,80, 1,22 m

1,60 m1,76 m

2,08 m1,62, 1,47 m

2,52, 2,37 Dd

2,19 m

2,02, 1,75 m2,46, 2,28 m

5,89 br s0,86 S1,24 S

MultiplicitéCH2

CH2

CH2

CCHCH2

CH2

CCHC

CH2

CH2

CCHCH3

CH3

C

94

CS6CE : ACIDE 12-HYDROXYABIETIQUE

OH

Acide 12-hydroxyabietiqueC20H30O3

Masse moléculaire: 318,45

Position1234567891011121314151617181920

8C (ppm)37,217,838,040,845,125,5123,1134,843,533,730,765,4143,4125,332,221,420,613,416,0181,0

5H (ppm)1,81 m ; 1,66 m

1,62 m1,89 m

2,16 m2,12 m ; 1,87 m

5,51 T

2,38 m

1,86 m4,24 T

5,85 S2,41m1,07 D1,11 D0,854 S1,27 S

MultiplicitéCH2

CH2

CH2

CCHCH2

CHC

CHC

CH2

CHC

CHCHCH3

CH3

CH3

CH3

C

CS6CH : ACIDE IMBRICATOLIQUE

95

,0H12 14

18'11

2

3 5̂

^ 4 ^

f10

19 ^ 20 COOH

1 16

8 [

7,

Acide imbricatoliqueC20H34O3

Masse moléculaire: 322,48

Position ôc12345678 191011121314151617181920

(PPm)39,019,837,944,156,326,038,7148,256,540,521,036,330,239,461,119,8106,312,728,9183,5

ôH (ppm)1,89,1,10m1,90,1,54 m2,18,1,07 m

1,35 m2,00,1,92 m2,43,1,92 m

1,56 m

1,55,1,31m1,50,0,97 m

1,55 m1,67, 1,38 m

3,710,93 D

4,86, 4,530,63 S1,27 S

MultiplicitéCH2

CH2

CH2

CCHCH2

CH2C

CHC

CH2

CH2

CHCH2

CH2

CH3

CH2CH3CH3

C