Post on 22-Nov-2021
J U N T A D E L E G A D A D E L
T E S O R O a r t ì s t i c o
Libros depositados en la B ib lio te c a N a c io n a l
Procedencia
Y / I' \ v / ilîl il j. jp'jifi-i‘U)..A/ „ i
I — i;
L’A M I T I ÉA L ’ E P R E U V E ,
COMÉDIE EN TROIS ACTES,
EN V E R S , MÊ L É E D’ARI ETTES. .
R cp réfen téed evan t leu rs M a j f . s t é s^à Fontainebleau» le M ardi x\O Bobre l ' jS G ; Ù à P a ris . par les C omédiens ltaliens\Ordinaires du. R o i, le lundi O,
Paroles de M. F a v a r T j père.
Mufique de M. G r É t R y .
A P A R I S ,
La Veuve D u c h e s n e , rue S a in t-Ja cq u es , an C liez^ T em p led u G o û t; ^ r ,■
B r u n e t , Libraire y place de la Comedie Italienne, ^ = s s = s s s s s s s s â r
{1 7 8 7 .
P E R S O N N A G E S .
L e L o r d N E L S O N ,Membre du Parlement d’A n - gleterre. M . M ichu,
B L A N F O R T , Officier fupérieur de la M arine An~ glaifi, M . Narbonne.
T I M U R , feigneur Indien , f r h e de Corali. M , Philip.
A M I L C A R , n}gre au fe r-vice de Blnnfort. M . T ria l.
U n M A IT R E A C H A N T E R . K l. R aym ond. U n N O T A I R E . m . Favart fils.C O R A L I , jeune Indienne. R enaud.L a d y J U L I E T T E , fœur
de Nelfon. Mme Desforges.B E T Z I , faivanie de Corali. Adeline.
l a Scïne e/2 à Lon.ires t che i le Lord î^elfon,
Ze Théâtre repréfente vn grand cabinet, avec une bibliothèque. A gauche des Acieurs ejî un bureau ^fur lequel i l y a des livres , un écritoire , & dans les tiroirs i des papiers, Quatre ou cinq fauteuils font dans le cabinet.
A M I T I ÊA U È F R E U F E,
A C T E P R E M I E R .
S C E N E P R E M I È R E .
J U L I E T T E , A R
N E L S O N .r r T E.
E m’ y connois , mon cher &ère ; M on cher frère y vous aimez.Vous tenez dans le myftere •Vos fentimcns renfermés :M ais vous avez beau vous taire ,E u vous taifant vous parlez.Eu vain vous diiEmulez ;J e m’ y connois , mon cher frère ; Mon cher frè re , vous aimez.Quand cette jeune Etrangère Vient à vous, les yeux baiJles ,E lle trem ble, Se vous, mon trère )
Vous rougiiïez :EUe craint votre colère ,Vous craignez de ro lfen ler;Ou fc traiiit ikns y peiüer.
A i
4 L ’A M I T I É A L ’É P R E U V E ,J u l i e t t e . N e l s o k .
N e vous cacher plus mon frère «Avec moi f iy e z lînccre :C orali i f a it trop vous p laire y Avec vous je fuis iînc^rff.E t même vous Jui plaiiez.Eon, bon» je m’y counois, mon M o i, lu i p laire !
f r c r e , C’eft chimère.Rloii ciier frère j
T ous les deux vo is m ’a lla rm ez , .A tort vous vous allarm ez.
T o u sU s ceux vous vous amaez.A tort vous vous allarraez»
J u l i e t t e .Ce n'efl pas d’aujourd’hui que j ’ai fçu dcmêler Xes ieutim eus iecrets’ que l ’ on veut me celer.
N e l s o n .Eh ! non , ma fœur , foyez certaine......
J u l i e t t e .I l fuiKc. C ora li dem ande à vous parler.
N e l s o n .C orali ?
J u l i e t t e .
O u i , cela voas faic-il de la peine ? N e l s o n .
D e la peine à moi ? non : mais fans doute, m a Îœur, vous favez quel fiijec Tamene ?
J u l i e t t e .Elle ne me fait pas Thonneur De me prendre pour confidente.
N e l s o n .De jour en jour fon air cft plus rcveur ;
D'elle*mênie elle cft différente.V ous ne la traitez pas , p eu t-ê tre , avec aigreur?
J u l i e t t e .V ous me faites injnre.
N e l s o n .Elle aim e la retraite.....
A h ! c*eft aiTurémenc Blanforc qu'elle regrette.
C O M É D I E . jJ U L I H T T E .
Elle le doit au moins , il eil fon bienfaiteur.Faut-il vous rappeller l'état de fa m iière?D ans ces temps où la France , H ydêr &c l^Angleterrc L ivroient les bords du Gange au carnage à rhü ireur, B lanfürt la prefer va des fureurs de là guerre >
Et devint fon libérateur*C ette jeune indienne a perdu fa fam ille ;Déjà T im ur Ton frère , Sc fon feul défenfeur , T im u r étoit tombé fous un joug oppreiîeur :Son père en expirant fous le fer du vainqueur ,
A Blanforc- confia fa fille.Par la ra iib n , par la dou ceu r,
B lan fon fut abréger le temps de fon enfance ,Il l ’éclaira par la reconnoiiTance,
Et lîâta fon eiprit en parlant à fon cœ ur.N e l s o n » vivement , tr avec une efplce
aenîhoujîajme.Au-deiÎus de fon âge il eft v ra i qu’elle penfc y A m e n o b le , fenfible & franche avec décence.,.
Dans fes yeux on vo it la candeurt.J u L I î T T t .
C om m e vous 'en parlez , m on frère , avec cKaleür i C e traiifporc vous trahit.
N e l s o n .Suv une con jedure-...
J u l i e t t e .C on jeftu re ! ah ! l'heureux détour !
N e l s o n .Pouvez-vous {bupçonner l'am itié la plus pure?
J u l i e t t e .C'eft un voile que prend l'am our.
N e l s o n .M ais.....
J u l i e t t e .Je vous aim e trop pour n'être pas fincere.
V o u s , défenfeur des loix : A h ! quel égarement ! y OMS allez dégrader ce noble caractère j
è L ' A M I T I É A L ’É P R E U V E ,Vous allez être indubitablem ent A m i trom peu r, parjure à ion ferm ent
Et perfide dépositaire.N E I s o N.
M o i, ie pourrois....J u l i e t t e .
Que ne puis-je en douter î A n Îa n fo rt, C orali doit erre mariée ,A ion départ pour Tlnde il vous l'a confiée :Sur un dépôt il cher il auroit dû com pter ;Vous le lui ravilfez : dans les cœurs je içais lire , Dans le vôtre fur-tout.
N e l s o n .
Q_uofez-vous me prédire J u l i e t t e .
C e que vous devez éviter.Auprès de C orali prenez un a ir plus grave ,E t , quand elle vous parie , abrégez l'entretien,
N e l s o n .
Alors elle croira qu on la traite en efclave. J u l i e t t e .
V ous aim ez mÎei^x être le fíen.C orali va v e n i r , mon frère , & je crains bien. .. L a raifonperdfes droits quand on voiî cequión aime.
N e l s o n .
A llez , m a fœ ur , ne craignez rien ;J'a i prévu le d a n g er, Thonncur eft m on icu tien i J e fçais com m ander à m oi-m êm e.
c O M É‘ D I H.
S C E N E I I .
N E L S O N .j i K I S T T E.
N o N ) non , jamais ,Jam ais I’amour ne troùblera la paix Qui règne dans mon ame j J e triompherai de fa flamme.L ’honneur chez un Anglois D oit l ’emporter iur la tendrclTe.A u ro is-je la fbibleiTe . • .Non y non , jamais , ôcc.M ais je fens que mon cceur N ’a pas tant de rigueur.Eh comment s’ empêcher d’adorer tant d’attraîsî
Par lôn empire ,L ’Amour a ttire ,
Enchaîne »Entraîne . . .
Pour lui nos cœurs font-ils donc faits ?M ais m’ expofer à des regret* ,
Ccder à la tendreffe ,Aurois-je la foiblefie. . . .
Non , non , jam ais , &c.
S C E N E I I I .
C O R A L I , N E L S O N . N e l s o n .
A . iMABLE C orali j m a fcear v ient de m ’inftmÎrc * Q^ue vous deiîrez m e parler.
C o r a l i .M a i s , v ra im e n t, j ’ai toujours quelque chofe à vous
dire.
* L ’A M I T I É A t ' É P R E U V E , N e l s o n .
A moi ’C o r a l i ,O u i , pourquoi vous troubler ? N e l s o n .
M o i , m e troubler !...C o r a l i .T rè s - fo r t , cela m e fa it trembler.
A n i E T TSi je penfe, c’eft votre ouvrage ;J e vois en vous la vérité ^Vous m'en enie'gnez Je langage ;Avec plaifir , j’eit fais u(age ,J e peins ma fenfibilité.Excufez ma timidité yPour un maître c’eft un hommage ;M ais dans mon ccsyr fans fauiTeté.Que la reconnoiiTance engage yDémêlez bien la véritéDont vous m’enfeignez le langage.
N E L S o N , J part.J e ne fais où i’en fuis , & mon cœ ur traniporté.,.î A h ? m a fœ ur m'a dit vrai.
C o r a l i .C ette vivacité
Eft peut-être un m auvais préfage »Vous aurois-ie déplu ?
N e l s o n .Déplu ! vous >
C o r a l i .U n nuage
Sem ble obfcurcir cette férénité Q u i régnoit fur votre vifage.
A h I N e lfo n , contre m oi je vous crois irrité i N e l s o n .
N on , je vous en réponds.C o r a l i .
C O M é D I E. ÿC o r a l i .
Enfin , j'ai dans l'idée Q ue je vous im portune f o r t ,
Depuis un certain temps vous craignez m on ab o rd ,A peine fuis je regardée.
N t L s o N , a part.Q ue je fait un crael' effort l
C o r a l i .Ici , vous ne m’avez gardée Q ue par amicié pour B lanfort.
N t L s o N.Dès que l ’on vous con noic, on en perd le m érite.
.T'ai fait l'office d'un am i \Plus je vous vois 5 plus je m ’en félicite ,Et m aintenant je ne fais r>en pour lui.( C o ra li, emportée par fa pajfion commence à tutoyer
Nelfon. )C o r a l i .
A h ! je fuis raÎfurée , ... ouï N elfon , car je t’aime A vec tan t de franchife , avec tant de. pUi f i r . . . .
N E L s Ó N , troublé.C o ra li . . . vous m ’aim ez ! . .
C o r a l i .C ent fois plus que m oi-m êm e
Et jufqu'à m on dernier foupir . . .N fc L s o N 5 à part.
O D ieu !( A cette exclamation de Nelfon , Corali rentre dans U
refpeâ quelle a pour lui. )C o r a l i ,
Q u'avez-vous ? ^N e l s o n , froidement, mais trouble.
R ien.C o r a l i .
Je v o u s entends g é m i r , N e l s o n .
P a rd o n , j'a i dans l'efprit une affaire im portante,Il faut fur un procès répandre un jour nouveau,
1)
ï£> L ’A M Ï T Î É A L ^ É P R E U V E , C o r a l i .
L'aiFaire eft-elie Ci preiTance ì N e l s o n .
O ui . . . . o u i , perm ettez-m oi d a lle r à mon bureau. C o r a l i , s’afjled vis-à-vis de Nelfon,
T rava illez , ie vais prendre un livre.C N tlfon fe met à fon bureau , i l en îir t quelques
papiers , des livres , 6 ’ fe difpofe à ira va ilk r ; Corali prend un livre & lit, )
>> T raité de l'A m itié , m axim es qu'il faut iu iv re , w N e l s o n , à part»
V oyons donc fur quel expofé Je puis juilifier l^innocent accufé ,
L'im iocent dans ics fers.C o r a l i .
Il faut qu on le délivre, N e l s o n ,
Vous ne lifez donc pas ?C o r a l i .
S i f a i t ,M ais j’écoutois.
N e l s o n .D u moins foyez filencieufe
U n feul mot de vous me d illrait. C o r a l i .
Et m o i , quand vous parlez , je deviens curieufe,N 6 L s o N.
Et bien ? ne difons rien cous deux. *C o R. a L I.
C e que vous voulez , je le veux.( Les quatre vers fuivans font précédés & cntre-eoupés
par des traits de Symphonie^ qui rempUJfent les Jilences , pendant lejquels Nelfon 6* Corali fe regardent de temps à a utre , & qui expriment leur émo“ iton , ce qui form e une e/jjece de mélodrame,
N e l s o n .Examinons ces pieces d ccrirure.
Symphonie^.
C O M É D I E . SIC o r a l i .
Recom m ençons norre led ure.S ym p h o n i e .
N l L s p N.Je ne puis travailler , toujours devant mes yeux.
S ym p h o n i e .C o r a l i , jettam Joa livre fu r k bureau.D h ! ce livre eft trop ennuyeux.
S ym p h o n i e . C ÎVVi à u M é lo d ra m e - ) N e l s o n .
C o ra li , prenez-vous donc garde A quoi nous em ployons le temps ?
C o r a l i .O u i , N elfon me legarde , & moi je le regarde. Nous ferions auiïl-bi^n de nous parler.
N e l s o n .j ’entends ,
V ous aim ez mieux parler que lire.C o r a l i .
Parler avec v o u s , c’eft s'inftruire ,Et j’éprouv3 toujours en ces heureux inftans U n charm e , un intérêt que l ’on ne peut décrit«,
N E L s o N j plus troublé.C*en eft trop C orali y ii vous voulez m on bien . . .
De grace . . . C o ra l i , ne me dites plus rien.C Nelfon renferme fes papiers , f e leve précipitamment,
6 dit à part,C ’eft un entretient qu’il faut rom pre,
S C E N E I V .
Les P récédens, J U L I E T T E , B E T Z t . J u l i e t t e , à Nelfon d^un ton ironique.
P a r d o n , fi l'on v ient in terrom pre .. . .B E T z I , e n a n n o n t j - à Co r a l i .
M ifs C orali , votre m aître à'<:hanter.( 'Elle fo r t apris avoir annoncé. ) ^
j i L ’A M I T I E A L ^ E P R E U V E , N e l s o n .
Il vient bien à propos.J u l i e t t e , à C o r a l i ,
Il faut en profiter.C u ltivez avec foin les talens agréables j U ne fem m e fouvcnt leur doit tout fon bonheur , C e fonc prefque toujours des fccrets immanquables P ou r féduiie un époux & pour fixer ion cœ ur.
Coj'itre l ’ennui ce font des armes ,C'efi: par eux qu’un mari s’attache à fa maiibn ,
Et tous les ralcns font des charmes Q ue l’am our inventa pour plaire à la raifon .
C o R A L i à N e l f o n .
Et bien donc , vous f:rez l’objet de m a leçon ,C Elle fort. )
S C E N E V.J U L I E T T E , N E L S O N .
J u l i e t t e *
Q _ u e vois-je ? de vos yeux il échappe des larmes.N K L s o N
Q ue je fuis m alheureux ! ma fœ ur . . . . je fuis aimé. J u l i e t t e .
J ’avois bien raiion de le craindre, N e l s o n .
C orali me l ’a confirmé.Son ame incapable de feindre N ’a pris ni voile ni détour ;
Son efprit na ture l , que rien ne peut contraindre , Penle qn'il cft: permis d’expofer au grand jour C e fentim ent fi doux , ce penchant de l’a m o u r. Q ue Péducation nous ordonne d^éteindre,
Lorfquc le cœ ur en prefcrit le retour.J u l i e t t e .
L ’am itié Va perdre ili caufe,
c o m é d i e . i îN e l s o n .
N on , à cet affreux repentir N e croyez pas que je m'expofc ,M a fœ ûr , & pour m'en g a ran tir,
Je fùis dès ce m om ent réfolu de partir.J u l i e t t e .
D e partir ?N e l s o n .
O ui fans doute , & je vais quitter Londre :A m on ami je fais ce que je dois ;
C e n'eft qu’en m^eloignant que je puis en répondre. C om m ent pouriois-je vo ir fans ceiTe auprès de m oi
U ne beauté fenfible &c verrueufe ,M e demander & me donner la loi î
L a circonftance eft dangereufe ,Et pour être exadt à fa f o i ,
Q uel homme auroit la force malheureufe De pouvoir répondre de foi ?
S C E N E V I
N E L S O N , J U L I E T T E , C O R . A L I ,
l e M A I T R E à chanter,
C o R A L I , <2 Juliette*
L a D I , j’am ene ici m on m aître ;I l faut que devant vous je prenne m a Itçon ,Vous aim ez la mufique 6ç vous pourrez connoîtrc S i je chante aflez bien pour am uler N elfon.
J u l i e t t e .J ’en fuis certaine avant de vous entendre.
C o R a L I , Nelfon.Q uand vous m'écouterez , m a voix fera plus tendre*
LE M a î t r e .^ lifs a du g o û t, de l a m e , de vous le prouvera.
* 4 L ’A M I T I É A L‘ÉP R E U V E , N e l s o n .
Dices de quel pays la m ufique fera ? Ita lie n n e , A llem a n d e , Françoife >
J u l i e t t e .M on frè re , là-de(Tus point de difcuiTîons :I l eft pour en juger une règle très-sûre :T oute mufique doit rendre les paffions : /
C elle qui fait exprimer la nature j Eft de toutes les nations.
L E M a Î t r e - Ladi penfe très-jufte , & je penfe com m e elle ,
L'arrêt qu'elle vient d é p o rte r .D oit term iner toute querelle.
( à Caroli. )M ifs C o r a l i , vous p laît-il de chanter ?
C o r a l i chante.D u Dieu d’ amour en bravant la puiffance >
On s’ expofe à fes rigueurs ;On croit le f i i ir , mais les traits qu’ il nous lance
Out déjà frappé nos cœurs.Aux doux murmure des fontaines «En vain l’on cherche le repos %E t le ramage des oifeaux K évfille encore nos peines.
On lan gu it,On g ém it,
On fe tourm ente,Toujours la peine augmente.
M ais on fe livre à l ’efpérance ,Quand l’amour unit deux coeurs «
D u Dieu d’amour en fervant la puiffance j On mérite fes faveurs,
l e ciel eft pur » nos jours font doux ,Quand les plaifirs forment nos chaînes,A u doux murmure des fontaines»Alors on goûte le repos,
Et lo ia de nous Taniour bannit les peines.
c o m é d i e . i jOui ) tout remplit nos defirs ,'Quand les iiœuds des plaifîrs
form ent nos chaînes.
N e l s o n , (¿5 p a r t . )
Q uelle voix légere êc couchante !Q uel em pire elle prend iur moi.
L e M a î t r e .Et b ie n , m ylo rd , troavez-vous qu'elle chante 3 .
N E I s o N.O u i , m ais pour aujourd'hui c'en e1l aiTez, je croîs. ( Le M aître fe re tire , en difant à Corali : vous chantez
aflez bien pour vous paiTcr de m aître. )
S C E N E V I I .
N E L S O N , J U L I E T T E , C O R A L I ,
C o r a l i .
C * est pour m ’ericourager qu’il me flatte peut-être,J t r I E T T É.
N on , C orali j vous chantez tout au m ieux. A l l e z , a l l ez , laifTez-moi fa ire .
L a m ufique rendra nos jours moins ennuyeux Pendant l'abfcnce de mon frère.C o r a l i , ayec la plus grande fu rprife ,
Com rncnc donc îN e l s o n .
O u i , je p a rs , ie vais bien lo in d'icû C o r a l i .
Où donc ÌJ u l i e t t e .
O ù fon devoir l'appelle. C o r a l i .
M ais Juîictte Sc m d i , nous vous fuivrons auiïî ? N e l s o n ,
N o n , C o ra li , je vous laiiîe avec elle.
l i L - A M I T I É A L ’É P R E U V E .gTWi....!.1'. ■■'■:=
S C E N E V i l i .
Les Précédens , B E T Z I , accourant avec la plus grande joie.
, un Nègre arrivé dans ce Port> V ien t vous apporter des nouvelles
D é votre am i Blanfort.J u l i e t t e , >
De B lanfort !N e l s o n .
De B lanfort !Faites entrer.
J u l i e t t e .
Nous apprendrons par elles Si fon voyage a fécondé nos vœ ux.
C o r a l i .Je defire iqu’il foit heureux.
e ■ ===»------
S C E N E I X .
Les précédens, & A M I L C A R , N é g re , BETZI
A M I L c A R .
B o N jour à to i, monfîeur , C Nelfon, )Bon jour à toi , madame , C Juliette.')
( appercevant Corali.'}M ais.... mais ... que voir.... c’eft... oui » ou i, oui.
O charmant tréior de mon âme •C ’eft C orali’, c’eft Corali.
C o r a l i .Soutien de ma tendre jeunelTej
C ’eft Amücar.A M I L c A R.
O u i, ce pauvreAm ilcar.C o r a l i
C O M É D I E . 1 7
C o R A L I & A m i l c a R j e n f em h l^ .Fidèle elclave de Zimar, I Qui fervit ton père Ziniax,
A M I L c A R.
A R I E T T E .
Ah ! quel plaifir ! quelle alle'greiTe !]Woi revoir ma chire maitreflê !
La la la la , la la , la ,
Ntlfon & à Juliette ahernaiivement.')Sur ce bras-ci , fur ce bras-Ià ,
Dans fou enfance >D ès fa naiiîance y M oi la porrer.Faire fauter ^L a balancer,La careffer ;
E t puis comm’ c i , comm* çala ,
( î l f a i t comme s i l pofoit un enfant à terre powr danfir auiour de lui» )
A u tour d’elle moi danfe.L a , la , la , l a , la ) la , la.
C O R A t I.LaiiTe tes foins pour mon enfance j
Parle-nous de B lanfort.N e l s o n & J u l i e t t e .
Parle-nous de B lanfort, J u l i e t t e .
A riiv e -r il \N E L s o N.
E ft-il au port ?C o R A L I.
A -t- i l fa it bon voyage ?J u l i e t t e ,
Avons- nous rc fp éra n cc .. . 1 A M I L c A R.
V pyage bon , m auvais.
I l L ’ a M I T I É A 1- É P R E U V E ,J U L I E T T E.
O c ie l !N e l s o n .
J e fuis en tranfc.'C o r a l i .
Fais-nous un fidèle rapport.A M I L c a R .
A R I F. T T E.Pai- un vent frais nous quitter le rivage y
M er paiiîble , ciel fans nuage,Vive gaieté régner fur notre bord ,E t lefteinent nous voguer vers le nord.
N e l s o n , J u l i e t t e , C o r a l i , B e t z i »
Avec Blanfort ?A M I L C A R .
Avec Blanfort,Long-temps tout pour nous favorable,M ais.....
N e l s o n , J u l i e t t e , C o r a l i . M ais....
A M I L C A R .Rien, rien durable.
O trifte iort.Sur les côtes d’Angleterre,T out près , tont prè •: de la terre
Vent fouffler,M er s’enfiler , C h o u , hou^ h ou j )Grand tonnerre, (/ ’r’ pr’ /ir’ )Fatras.E t deux mâts E n éclats.Le navire T o u rn e , v ire .Touche un roc :Par le ch oc,
Mon boQ œaîtxe,
C O M É D I E .
Qui m’ eft fi cher ,Tomber dans la mer »
E t difparoître.
N e l s o n , C o r a l i , J u l i e t t e , B e t z i , e n f e m S k ,
^ v iv em en t . ' ) O trifte fort!I l eft mort t il cft mort /
A M I L C A R , f r o i d e m e n t .Pas encor , pas encor.
y iv em en c , ;)' M oi bon courage.Zefte à la nage ,
N age , nage ,M oi pJon^er :D u danger M oi lé tira*Il re fp ire .
E t fain & iau f fu rie port le voiiâ ,T a , la , là . la , la.
E N S E M B L E .
N e l s o n .
Un tel fervici aura la récom- penfe.
Jam ais N elfon nel’oublie- ra.
C o r a l i . J u l i e t t e . B e t z i .
Amilcar a des droits à ma re- connoiiTance, Jam ais mon
cceur ne l’ oubliera.
Nous lui devons fon, exii* tence.
E t jamai- on ne l ’oubliera.
: u n telferv ice aura fa récom- peniê.
E t jam air jn ne l’oubliera.
Oh
A M I L c A R .E t fain & fauf fur le port le voilà.
T â } i a , l a j l a , la^ la ) la .
J u l i e t t e .cligne efclave !
C
N
O R A L I .O iè rv ite u r fidèle !
lui préfentant fa bourfi.E L s o N Tiens f prends.
A M I L c A R , refufant.N on , rien j jam ais, jam ais.
Q uand fau ver m aîcre à m oi tout avo ir i tout,C i
A® L ^ A M I T l é A é p r e u v e ;N e l s o n .
Q uel ic le !A M I L c A R.
Q u an d m airres b o n s , nous b o n s, q u a n i m auvais nous m auvais.
Eux feuls faire ce que nous fom m es, N e l s o n .
D e la nature en lui je reconnois les traits ;' C 'elt une leçon pour les hommes.
A M I L c A R.M oi n^avoir pas befoin de rien ;
A ffranch i par B la n fo rt, hom m e fenfible & brave ? M a i s , par le i ent i me nt , moi toujours fon efclave.
B E T 2 1.Il m 'a tte n d rit, il eft hom m e de bien*
N e l s o n .O ù B lanfort cft*il ?
A M 1 L c A R.A u r iv a g e ,
Où du vaiiTeau m a ltra ité , dém âté.Faire rép;ircr le dom m age ,
Etpuisapvès d abord en très bonne fa n té , o>e rendre i c i , pour faire m ariage
D e l u i , de toi.C o R A L I , foupirant avec trijltjfe»
De m oi !A M I L c A R.
Ton frère eft du v o y a g e , L u i , ven ir tout exprès de l'Inde pour te voir.
G o R A L I.M on frè re , quel heureux préiage !
A M I L c A R.M ais le p la ifir me fa ire oublier m on devoir.
N e l s o n .C om m ent !
A M I L c A R .M o i porteur d'une lettre
' D e E îanforc , à qui la rem ettre \
C O M É D I E . I lC Juliette prend la le t ir t , la donne à Nelfon 3 qui lit
bai, Juliette s'appuie Ju r l'épaule de Nelfon , pour voir ce que la lettre contient. Corali veut s'approcher a ’eux f le Nègre la retient, )
A m ilc a r . chante.G rande, grande réjouiiTance ,
; Blanfort à toi s’unir >E t ton trère venir,
ç Chaque jour ici bombance.A h î quel plaifîr ! quel plaiJlr ce fera !
Grande , grande réjouiiïance ,E t moi danler leCalinda.
( Danje favoriti des Nègres, )T a f l a } la } la ) la.
N e l s o n , haut.Voici ce que Blanfort m’adreiTe....
C A B e t i i - ) B ecz i, prenez loin d’Amilcar.
J u l i e t t e .Et qu’on le traite avec égard.i5 E T z I <7 A milcar,H om m e rare dans ton efpéce ,V i e n s , v\^vi s{àpar t ) i ce garçon m*intereiTe.
Il, 1 -wt;,■-.■-.ra
S C E N E X .N E L S O N , C O R A L I , JU L IE T T E
N E L s o N /// /i2 lettre de B lanfort.
J E fuis arrivé , m on a m î ,» Je t ’en fa is part à l'intlanc même ; w Je vais revo ir tout ce que j’aim e !» Je recevrai de toi l'aim able C o r a l i ,
Ce d é p ô r , ce tréfor fi rare ,»> Q ue ta fidélité reçut de m on am our.» Avec p laiiîr je touche à l’htureux jour » Où notre bonheur fe prépare.
#>j’eipére que ta fœ u r , par am itié pour m oi >
î i L ' A M I T I É A U É P R E U V E ,» Des momcns précieux fachanr fa ire r e m p lo i ,M A ura form é le cœ ur de m a jeune pupille ,»» Enrichi ion efpric par une étude utile ;« J e verrai fes talens égaux à fes attraits, w Et m a félicité fera bien plus réelle ;« Q ue je ferai content i c'eft un de vos bienfaits w Qiie je vais poiTédec en elle. ”
J U L i E T T E i i Corali.M ais pourquoi donc cet excès de froideur -
N E L s o N il Corati.V oici pour vous une lieureufe nouvelle,
C II conünun de lire, )M O C orail I pour toi quelle douceur ,» T im u r > iî cher à ta mé mo i r e ,»* Sera tém oin de mon bonheur,» »Ti mur , com blé de fortune & de gloire ,M Des ce jour même cm braifera fa fœ ur. «
C o r a l i .Q uelle faveur du ciel m'eft enfin accordée !O mon frère ! je v a i s . . .
N e l s o n .Q uel c il vo tre delfein ?
' C o r a l i . ^A h l . . . d'épanchet m on am e dans fon fein*
J u l i e t t e .Ga r d e z - v ous . . . .
C o r a l i .N on , je fu ivrai m on idée.
N e l s o n .B lanfort v ient réclam er les droits qu’il a fur vous,
J u l i e t t e .I l fa u t , fans b a lan cer, l'accepter pour époux.
C o r a l i .Et m o i , fans ba lancer , je fuis très-décidée A lui déclarer net que je ne le puis pas.
J u l i e t t e .M ais.
C O M É D I E . 1*C O R A L J .
Par la vérité ic fus toujours g u id ée ,V o ilà le ieul confeil dont je veux f a i « cas.
N e l s o n .
M a foeur , je pars en diligeiice.J u l i e t t e .
M ais pouvez - vous avec décence V ous éloigner au m om ent que B lanfort ^ .
N ' e l s o n .
C om m ent foutenir fa piéfence ,A h ! m a fœ u r , cachez-lui m on to rt ,
Et com m e vous p o u rrez , excufez m on abfejîce.( a Corali. )
V o u s , jufqu’à m on retour > obièrvez le iîlen c e . C ar de vous v a dépendre, ou m a v ie ou m a more,
( à Ju lietu . )J e me fie à votre prudence ,
M a focur.J u l i e t t e .
Parccz> i'en fuis d’;9<"rord.
p . * 4 L * A M I T I É A L ’É P R E U V É í
T R I O ,
N h l s o n . C o r a l i . J u l i e t t e .
Jepars,riennem ’ar-, Vous ne partirez rêre , I pas , vous ne par-
N e Cuivez point _ tirez paç.mes pas. i Corali t’eft fi
E lle me dcTeÎpere. I ciière '.j E t tu veux la • quieter.
All ! t'-0T> cruelle!, Ah ! trop cruelle fceur 1 \ fœur ■ _ .
N o n , tu n’es p as! J e .ne croirai haie. j haïe.
A h ! je cra’ n sto u t' Cher Nelibn j il de fes regards. î tu pars , _
Sois attendu par mes regards,
( à Ji/li/’t t f . ^Ah ! voiis me ren
der à moi-mc- me.
( à Corali . )N e me fuivez
pas.
N e fuivez point mes pas.
O défefpoir extréme !
A rrê te . . > . .
M ais il s’échape de mes bras.
r eu ! il ne m’aime pas.
Votre voiture e il prête
parte2,ne cédez pas. P a rtez , partez j
mon frère. Partez fans l ’é-
couter.La^ raiibn vous
éclairé* N ’ écoutez que
l ’ honneur,De l’amitié trahie. Craignez bien plu
tôt les regard».
Ctf N elfon . 'y N e l ’ccoutez pas.
C à Corali ' )N e fuivez poiaS
fes pas.
F in du premier
AC T E Iti
c o M È D I e ; 1/
A C T E I L
J e t h éâ t r e r e p r é f e n t e un g r a n d f a l l o n m eu b l é t i c h em en t : à d r o i t e des c o e u r s e f i u n e t a b l e , & p lu j i e u r s f a u t e u i l s d e s d e u x c ô t é s d u t h é a t r e . I l y a u n e g r a n d e p o r t e dan s l e f o n d , & deux p e t i t e s la t é r a l e s . Celle qu i e j i à d r o i t e d e s a â e u r s y c o n du i t à t app a r t em en t d e Corali.
S C E N E P R E M I E R E .T I M U R , A M I L G A R .
A M I L c A R.
C ' ES T i c i , c'eft ici j bientôt la vo ir paroître I T im u r 3 m on cher & prem ier m aître !L e iîdele A m ilcar partager ton plaiiîr.
T i m u r .M ais perfonne à mes yeux ici ne vient s'offrir.
A m i l c a r .Le chouiiTe dire à m o i, dans fa loge enfum ée ,L a m aifon eft dehors , m ilord NeKbn parti :
T out le m onde avec lui forti.T i m u r .
Et C ora li ?A m i l c a r .
C hez elle renferm ée A l ir e , tra v a ille r , s'ennuyer ou dormir.'
T i m u r .Q uand ta l’as vue , étoît-elle contente ?
A M I L C A R .O u i , te v o ir , c’em b ra iïè r, faire iout fon deiîr.’
T i m u r .Comment l'as-tu trouvée ?
A m i l c a r .A h ! ch arm ante, charmante,'
D
iCT L ^ A M I T I É A U E P R E U V E ,C O I / P L B T S ,
D e fraîcheur, de grace , d’amour ,Cet entant être une merveille »E tre Tawore qui s’ cveille E t fon regard le point du jour.
Les canciiers , les ananas Sencii- moins bon que ion haleine ;Uue ame noble, tendre, humaine Augmenter encor fes appas.
Doux pai'Ier , gracieux fouris,Beaux yeux touchans , paupiere noire à E t deux petits cocos d’ivoire Qu’amour femble avoir embellis.
D e traîcheur , de grace . d’ amour ,Cet enfant être une merveille ,E tre l’ aurore qui s?éveille E t fou regard le point du joui’.
T I M u R .M e fait-elle en ces lieux ? Eft-elle prévenue ?
V a t’in fo rm e r. . . . qui peuc la recenií 2
V a i cours . . . .A M I L c A R .
M oi la fa ire venir.T I M u R .
Je fuis im patient de jouir de fa vue.
S C E N E I L
T I M u R.A R I s T T B ,
O B l a n f o r t ! généreux vainqueur , Quels droits n’as-tu pas fur mon cœur î
L ’humanitc qui regne dans ton ame y D e tes foldats reprimant la fureur
A travers k fer & la iïamme A fauve les jours de ma fceur.
C O M É D I E . %-yO Blanfort ! généreux vainqueur,Quels droits n’as-tu pas fur mon c a u r î Après plus de cinq ans d’abfence Pour Tim ur quelle jouiifance !J e vais donc embraiier ma fœar.O Blanfort - généreux vaiiiquîjr*
A m ilcar ne vient p o i n t , je fuis dans la fo u fira n ce .. ¡ Q u’il tarde à m on im patience . . .
S ? E N E I I I .T I M U R & A M I L C A R , p l e u r a n t 6r fan-^
g l o î t a n t d a m la c o u l i j f e .V V o X> 1 A L o G u
H l i H Î y i n ,T i m u r .
Qu’entends-je I s
A M I L C A K i , i i i , Hii
M a Corali E tre dans la douleur.....
T i m u r .Quel malheur ai-je à crain^^rè ?
A M I L C A £ l î e g é m ir, fe plain<íre ,E tre dans la
T i m u r .
T a me remplis d’alarmés.
A m i l c a r .Ses lar-arm es... hi s h i , hi 3 íes larmes
Tomber » fur mon cœur.Doucement près de la porte y Peur de troubler fon repos
M oi itfaprocherds la forte ; ( i l p r ê t e PoreilU, 5D 1
aS L’A M I T I É A L ' É P R E U V E ^ '£nteudre foupirs , fanglots.
E lle dire j avec delire :A il ! Blanfort ! Ah ! ciier Nelibn î Tous deux faire mon marcyrc. •E t vingt fois répéter ton nom.
H i , hi , hi ,C o rd i, ma .pauvre Corali j
E tre dans la douleur.
T 1 M U B..
Pourquoi .répandre des larmes J Qui peut caufer fes alarmes •T u me perces le cœur.
E N S £ M B I , e .
A m i l c a r . T i m u r ,'Q uipeutcauierfes alarmes? T u me perces le cceur.
Ses lar,... mes Tom ber lur mon cceur.
T I M U R .T épronve une peine cruel le,A m ilc a r , conduis-m oi prés d ’elle.
A m i l c a r .O u i , m aître , viens : mais la vo ic i.
A h i vois-iionc , voiS'donc , qu’elle eft belle !
S C E N E I V .
T t M U R , A M I L C A R , C O R A L I , BETZI.Corali entrant avec précipitation f u r la Scene, dit ¿
B e t i j . , f a n s v o i r Ti/nur ;
A h ! pmfque l'ingrat eft partí ,C om m e lui je prends m on parti. T i m u r c o u r a n t à f a fœur^
C o ra li !C o r a l i fejettant dans les hras de Tim ur,
M on frè re , ah 1 m on frère !( ils i^cmôraffènt, )
C O M É D I E . t fT i m u r .
M a chere CorAli.C o r a l i .
Par quel dçftln prolpertf L e ciel te rend-il à mes vœ u x ?Quel eft ton ferc ?
T I M u R,Des plus heureux.
Surpris par les Anglois fur les rives du GangCsl Deux ans je fus captif. D élivré par échange ,
J ’ai fervi fous H yder-AU.L ’honneur 6 : la fortune ont couronné mes armes.
Enfin , je revois C o r a l i ,E t tout m on efpoir e il rem pli.
C o r a l i .J e n ’ai jam ais éprouvé tant de charmes !
T I M u R.M ais fur ton vifage abattu Je vois la trace de tes latm es ,
C o r a l i , avec un profond fcupir.A h ! ( elle fa it figne à B e iy de fe retirer, )
T I M u R 5 à Am ilcar.Sors.
S C E N E V .T I M U R , C O R A L I .
T I M u R.
^ Q uels chagrins , m a fœ u r , te livres tu ? C o R A L I.
Dans le filence je foupire :O n me fa it un devoir de cacher m on m artyre.
T I M u R. , ^A T i m u r , à ton frère 1 . . Eh ! nion cœ ur eil le tien,
C^eft te confier à toi-même.C o r a l i .
Hélas !- mon frère , j^aime,. , .
î<k L ’A M I T I E A L ^ E P R E U V E ;T I M ü R.
Eh bien ! . ; .T out doit aim er ; c'eft une lo i fuprcme.
C o r a l i , héjitant.Pardonne à ce cccur éperdu.
T i m u r .L am our eft foiblciì« ou vertu ,T our d ipend du choix qu'on fa it faire. Quel ert l'ob|et tìt; ta flâm e î
C o r a l i .A h ! mon' frère 1 . . .
N ellôn.T I M u K.
N elfon ! . . . Q u ’ai-je entendu l D u o D I A L O G U É .
C o r a l i .Par un charme puiiTant je me fens entraineei
R ieu ne peut vaincre mon ardeur ,
T i m u r .A ce penchant fatal ma iceur abandonnes )
S’ouvre l ’abîme du mallieur.
C o r a l i .Que ne puis-je à Nelfon unir ma deftince »Lu i fcul eût fait tout mon bonheur.
T i m u r .T a ne peux à Nelfoii anir ta deftiuie $
Sans offenièr B lan fort, Blanforc con bienfaiteur.
E n s e m b l e .C o r a l i .
Ah ! tu m’accables de douleur.
Ju ñ e Ciel ! à q u e ls mauT fu is- je donc condamneî !
Ah • tu m’accable de douleur ,
Ah ! plutôt m ille fois expirer de douleur)
T I Kl ü -R.Ah ! je frémis de ton mal
heur.A.h ! ma fœ ur, à quels maux
je te vois condamne'e î Voudrois-îu Ifli plonger un
poignard dans le cœur î O ui, tu lui plongerois un poi
gnard dans ie cœur.
C O M E D I E . ’ 5»C o r a l i .
Q uel tourm ent l rien ne la foulage. E p o u fe ra i- je B lanfort 5
T i m u r .N o n j
Et pusfqu’an autre ob jet t*engage ,C e îeroit un nouvel outrage ,U n parjure , une trah ifon ;11 lui faut un cœ ur fans partage.
M a chère iœ ur , ii tu chéris T im urA u tant que ton ibr: l'in térefle,V ie n s , triom phe de ta fo ib le iîe ,
Jam ais pour les amans il n’eft un plaiiîr p u r,’Au fein de Pamitié le bonheur eft plus fur ;C ’eft ie calm e du c œ u r, l’am our en eft i’ivreiTc.
V iens habiter notre fe jo u r,D'un frère , ton am i partage la tendr-eiîè,L am itié s’enrichit des pertes de l'am our.
( C orali, pendant cette derniere tirade , prête une te.ntion , qui par degrés dtvienî plus vive. Elle j i lève avec réfolution. )
Je te fu iv ra i , je m 'y fuis préparée.C ’en eft fa it i de N elfon pour jam ais iéparée.
T i m u r .J e vais trouver B la n fo rt, il eft plein d’éq u ltc . J e le rendrai fenfible à ta fouffrance ,
Et fans m anquer à la reconuoiiraiK« , J ’en obtiendrai ta hberté.
S C E N E V L C O R A L I , feule.
n»E vais donc m ’exiler fous un autre hcm ifphcrc >
•Qui ne fera pour m oi qu’une vafte prifon,( A près u n e p a u fe . )
Il faut à rhon fècours appeller la raifon.J e fem eiai desüeurs fur les cendres d^uu pcrc ,
?'i L ' A k i T l i A L 'É P R E Ü V E ; Je m e confoleraî par l'am idé d"un frère > Et j’o u b lie ra i. . . puis-je oublier N elfon 1
R o m a n c e ,I.
A quels maux il me livre !Nelfon t N elfon, mon ame va te fuivre, Sans toi pourrois-je vivre ?E t tu m'en fais la loi.A u lieu d’un bien iupréme j T u vas d’ un cceur qui t’ aime Rendre la peine extrême ;M ais fais-je iî toi-méme T u fongeras à moi y T u penferas à m oi?
I I.Dans nos bois y dans nos plaines «
H elas ! liélas ' mes larme* feront vaines }J e vais traîner mes chaînes E t gémir loin de toi.D e l ’ une à l ’autre aurore T out va nourrir encore Un tourment qui dévore....Mats toi qu’ en vain j ’ im plore,V as-tu fonger à moi?Vas-tu penfer à moi ?
S C E N E V I I .
C O R A L I , J U L I E T T E , J u l i e t t e .
Q u E L n o u v e a u t r o u b le v o u s ^ i t e ? C o r a l i .
C 'eft à regret que je vous quitte . . î Et votre iouvenir m e fera précieux,
J u l i e t t e .Expliquez - m oi cette conduite.
C o r a l i .
C O M É D I E , i iC o r a l i .
Je vais ave r mon «frère abandonner ces lieu x . Dans ion fein ie trouve un afyle i
C e fé jo u r, fans N e lfo n , m e feroic odieux.J u l i e t t e .
Q uoi l vous pourriez ? . . *C o R A L î.
R em ontrance inutile /T rès décidément je m ’en vais ;Pouvez-vous le trouver m auvais ?
Le déparc de N elfon vous fem bloit néceflaire ,Le vous Voulez vous oppofer au mien ; >
M 'aim ez-vou sp lu sq u e lu i, m oi qui ne vousfuis rien?J u l i e t t e .
N elfon fçait à quel point fa tendreiTe m ’eft chère.C o r a l i avec humeur^
Et pourquoi donc l’avez-vous fair prirtir ?A h I je vous h a ïro is . . . , fi je pouvois haïr.
J u l i e t t e , aÿeclueuftment^
Vous m e haïriez , vous ?C o r a l i , tendrement, en baifantîa main de Juliette^
P ardonnez, je m ’ég a re , N o n , jam ais, non ? ( avecréfolution, ) mais je déclare Q ue je veux m 'éloigner de ces affreux c lim ats ,
O ù de vos loix l ’injuftice barbare ,V eu t difpofer d’un cœ ur qui ne fe donne p a s ,O ù l’on défend d aim er , d’être fincère ,O ù l'am our le plus pur éprouve des combats >O ù la nature, eft la feule étrangère.
J u l i e t t e , àpart»Q ue puis-je lu i répondre ? hélas î
5 4 r A M Î T I É A L ’É P R E U V E ,
S C E N E V I I L
C O R A L I , J U L I E T T E , A M I L C A R , B E T Z I .
A M I L c A R. , c Juliette..
M A î T R E B lanfort m’envoyer touc-à-l'hcure , M adam e , dire à vous q u f ious vot' bon p laifir ,L u i , biemôc en ces i ie u x , établir fa demeure*
B e t z i .A vec m ylord N elfon , qu’on a vu revenir.
J u l i e t t e ,N elfon î
C o r a l i .N elfon revient l Je refîe,
O doux m om ent !J u l i e t t e .
( i part à Corali. )Je crains qu*il ne voas fo it funefte
Par égard pour N elfon réprim ez cette ardeur/ Ses jours font confumés par la m élan co lie ,
Et fon état m e rem plit de frayeur : Ç o m iaig n ez-vo u s, par am our pour fa y îc ;
C O M É D I E .Q ir T V o R .
Nota. Da/}j c e t t e S cen e fimuL tanee -, C ora li e j l f e u l e f u r le d e ya n i du X/ieaire , t?" Us a u tr e s d a n s Le fo n d .
A m i l c a r *J u l i e t t e ,
C’eft cet ap~ parteTienc
Que Blanfor: doit avoir j
Voyez fi tüur eft prêt pour
le bien recevoir.
Voyez ft tout eAprét J50ur le bien recevoir.
Voyez:, voyez cncoi) Zi faites mJigeii- ce
’ S’il eft bei'oiii d’aider. Ami- Icar'peut 1er-
vir.
Les gens de UJ.-’ jitbrt vont jcilogerauiTi.
Son?:-* y , Be- tzi.
C o r a l i ,a v e c to u t L’in - t é r h d u jeniL- m en t.
B E T Z I.
S’il eft befoi* d’aider,
M oi prêt à vous lèrvir > ■Ma Betzi >
commandez__ ; Amilcar obcir.
Oclierobjetde ma tendielle.'
vJorali va donc .. . „te revoir / A tout i ai içu
prévoir , Je coJinois
mon devoir.Amour,amour <5 doucey vielle r
Tu fa ii renaître mon ei-poir. U ’ ai tout pré-
( D 'un mou^'. paré d’ avan- v em en t p lu s , ce , v i f . } ' E t mon deyoii
Secondez mon, eft rempli.irapiitiencc.
Venez,venez,Lad i,
A hljeiéns que mon cœur
s’élance t’our voler au- devant de lui.
lecondez mon impatience,
Et venezdonc, venez, Ladi.S £ C/LE.
A hljefensque mon cœuf s^éiance
Pour voler a u - , devant deiui.i
C o R A L J fort précipitamment i & J t i Z J E T T E la fuit,E 1
A J u l i e t t e .N ’ayez aucun
fouci J Oui, oui, Ladi N ’ayez aucun
ibuci,
Bon, bon, moi loger i c i ,
ÀUÌÌÌAvec Betzi,
5<S L ’A M I T I Í A L ' É P R E U V E ,a « . . --- ....................................... —
S C E N E I X .
A M I L C A R , B E T Z I
A M 1 1 c A R , r e t e n a n t Beti^ j q u i v eu t f u i v r e Ju U ettt ^ L o ra li .
A ttends , attends.B t t z I . ^
Pourquoi ?A m i l c a r .
Pour caufe.Te vou loir dire quelque choie.
C h part, ) Scs petits airs gracieux & fripons T roubler m on cceur. ’
B e t z i .Et b i e n , que me veux-tu? réponds.
A m i l c a r , un p e u cm b a rra ffé p o u r f a i r e f a d i c t a - r a t io n d ’a m ou r .
C 'eft . . . o u i . . . c’eft au fujet de ta jeune m aitreiîê» T antôt elle avo ir du chagrin ;Et puis , à préfent pas uu brin.Q_.i pouvoir cauier fa trifteiTè ,Et fon plaifir ? B lanfort î N elfon 3
B E T X I.Je ne fais rien.
A m i l c a r , 'R ie n ?■
B e t z i .R ie n , adieu.
A m i l c a r .T oi bien difcrette.B e t z i .
Sur nos m aîtres point d'entretien.S ’ils ont quelques défauts ; ( C a r chacun a le fíen. )
C e n’eft pas ce qui m 'inquietce,Ec lur ce point je fuis muette*
C O M É D I E . 37A m i l c a r .
M uette } ah ! roi faire très bien ;M oi regarder comme des tra îtres .V alets parler mal de leurs maîtres.
B E T z I.Tu parois un brave garçon,
A m i l c a r .O u i , fran c , joyeu x, & fans façon.T o i paroîrre auifi brave fille ,S a g e , honnê'.e, d'hum eur gentille,
B E T z I.O u i , fage , douce.
A m i l c a r .Ec b i e n , fi to i vo u lo ir . . I
B E T z I.Q uoi ?
A m i l c a r .i M e regarder.
B E T z I.Q u’il eft noir I
A m i l c a r .
C O U P L E T S . Oui ) noir ¡ mais pas fi diable ,
Sentir là je ne fais quoi :E ecz i, ma coûte aimable t Tourner la tête à moi.Lorl'que l’ on s’aimer bien y Couleur ni taire rien.V a , ma petite reine ,N e pas toi mettre en peine j L ’ivoire avec l’ ébeue Font de jolis bijoux.
C lioux, choux 9 Paire moi ton époux. *
B E T z I , contrefaifant h Nègre,Sec&nd C o u p l e t ,
Tant qu'on aime fans doute »
î S L ’A M I T I É A L ’É P R E U V E ,Couleur iie faire rien ¡Quoiqu’ amour n’y voit goûte).I l n’en va pas moins bien ¡M oi ta reine vraiment :M ais Ibis toujours confiant.T o i bien favoir d’avance Que Betzi veut confiance »G a ie té , foin , prévenance.Sans q u o i, point de bijoux ,Choux, clioux} choux, choux.M oi vouloir point d’éponx.
A m i l c a r .T ro ijlem e C o u p l e t .
Mon maître avec tendrelTe,Donner queq’chol'e à m oij C o ra li, ta maitrefTe ,Donner queq’chofe à toi.Avec cet avantage T en ir gentil ménage.O u i, ce queq’chofe à t o i ,E t ce queq’chofe à moi ,Unis par mariage ,N ous faire un iort bien doux. , '
Choux, choux }Faire m o i, faire moi ton époux.
B e t z i .M ais 011 dit que dans l’Inde on traire m al les Barnes?
A m i l c a r .C e i l fa u x , c’eft fa u x , très fa u x , nous regarder les
fem m es, , r j - •C om m e un préienc du c ie l , comme un treior divin 5 Ec nous tiuic les aim er , que nous en ayoir v i n g t ,
T re n te , quarante.B e t z i .A h ! les infâm es î
D ieu m e garde d’a ller dans ton v ila in pays ,O à vous êtes cous des m audits ,
C O M É D I E . " 3 9 Sans fo i , fans loi', fans goût, fans cosurSc fans ame.
A m i l c a r .Là , ià.
B e t z i .S 'il me plaiioir d'avoir plufieurs m aris »
C om m e vous plufieurs fem m es, dis :Le trouverois - tu bon ?
A m i l c a r .Etre une différence.
Par-tout l ’hom m e avo ir préférence ,En P erfe , en C h in e , en l'In d e , & juÎqu'au Sénégal-
B e t z i , l’interrompent.Et v a te prom ener avec to n Sénégal,
A n im al ;Apprends que tout doit être égal;
Et pour nous tout au moins.A m i l c a r .
Eh ! là , là , point de colere.M o i fuivre en tout les loix de l ’A n g le te rre ,
Et la volonté de Betzi :Ç à dire à m oi ton caraéière.
B e t z i .M on ca ra étè re , le voici ;Q i i i , ie c ro is , ne te plaira guère.
A R I E T T s D I A L O G U E S , B e t z i .
J e veux qu’ on ne me gène en rien s
A m i l c a r .M oi ne te pas gcner en rien.
B e t z i .J e fuis impcrieufe »
A m i l c a r .’Fort bien.
B e t z i .J e fiiis capricieufe.
A m i l c a r .fo re bien.
+0 Ï ' a M I T I É A l ’ É P R E ü V E ,B B T Z I
J e fuis tantôt rieufe Ou fcrieulè pour un rien .
A m i l c a r .'Fort bien, fort bien.
B E T Z I.J ’aime le je u , la danfe y la parure,
A m i l c a r .B on, bon « bon , bon, tout ça dans la nature*
Un peu coquette lB E T Z I.
E t mais , par-ci» par-là.
A m i l c a r .P a r-c i, p a r-là , bon , bon , c’ eft bagatelle,
B E T z I.M ais à l ’honneur toujours fidelle.
A m i l c a r .Ah î bon pour ça , fort bien comme pa. Peut-être aüilî d’humeur jaloufc î
B E T 2 I.Ja lo u fe , au point de t’ arracher les yeux a
Si tû manquois à ton époufe,
A m i l c a r .Preuve d’am our, tant m ieux , tant raieusj
Pour .\miicar quelle bonne fortune T Trouver en toi mille femmes pour une,
M ets ta main là.
B E T 2 I.LailTe-moi lâ.
A m i l c a r .Faifons la paix , viens ça , vienf ç»*E tre toujours ma fouveraine;
- Trouver en m o i, petits rciüc %L'ne douzaine.Une v in ita in e , -•v».’ r-
--. i '
C O M É D I E .Une trentaine D e m aris.
B e t z i . paix peut fe faire à ce prix.
A M I L C A r J M ?ts ta main là .
B e t z i .T iens ) la vo ilà .
A m i l c a r .
Un P*cit baifer , m a naignone, avec ça .
( B E T Z I 5*en allant. )
B m f m h l e . ^ On te le gardera.
A m i l c a r h fu iv a n t*
A m ilcar le prendra.
F in du fécond Acie.
V
U A M I T ï É A L ’É P R E U V E ,
f e " ' .1'- ■— Il . -----< = = r : ‘-
A C T E I I L
La décoration efi la même quau fécond Ac!e.
S C E N E P R E M 1 È R E .
C o R A L L
A R I F. T T s .
E vais jouir de fa préience,
M on cher Nelfon eft de retour.
H élas ! la crainte & l’efpcrance
Viennent m ’agiter tour-à-tour.
M ais il ton cœ ur, que je réclam e,
A l’amitié cède en ce jo u r ,
N elfo n , viens partager ma iîamme ,
Nelfon , reviens à m o i,
Quand mon cœur eft à toi.
Je vais revoir N e lfo n , o u i , m on cœ ur m e le dit, Je reprendrois un nouvel êc re ,S i fes yeux me faifoiem connoître Q ue par l ’am our i l eft conduit.
( On entend un hruît qui annonce Varrivét dt B lanfort. )
C O M É D I E .
S C E N E i l .
Q_ u A T u o K.
B l a n f o r t .C o r a l i .
Que mon ¿me eft contente !
J e rends graces à mon fort.
J e revois ce que j ’aime ,
A h ! quel bonheur extrême î
Qui peut me l’atti- rer
J e ii’ofois'l’ efpcrei'. Vous deviezJ ’ ttoisdansîes alar- pcirer,
mes.J e rtpandois des
larmes.T o u s L E S
Que mon âme eft ¡ contente !R ien ne m anqaeà
mon ibrc.Je revois ce que
j’aime.
T e f-
N E L ? 0 N & J U L I K T T J i .
Tout remplie rio» tre attente,
l'vous revoyons Blanfort.
J u L r E T T Vous deviez l ’el-,
pérer.N' E L s O N .
On vient iecher vos larmes.
A T R E .
C o r a l i .
J e rends graces à mon 1 irt.
J e paile des regrets au bieiifuprâme.
J e revois ce que j’aime.
A h î je renais.C à NeU'on à p a n . ) Cher N elibn , cher
Nelfon !D is-lu i, dis-luique
je t’aime.Que . mon âme eft
contente. •J e rends graces à
mon iort.
CL U
O moment plein de charmes !
B l a n f o r t .
Rien ne manque à mon fort.
J e revois ce que j’ aime.
Ah '• je reuais.
J U L I E T T E & N e l s o n .
Nous _ revoyons Blanfort-
( à C orali i à p j-r t ) Non 1 ñ o n , non. C ’eft Vous man
quer à vous-m ême.
Tout^remplit no- tre ’attente.
Nous revoyons Blanfort.
T O V S.
J e rends graces à mon fore.
f i n d u Q uatuor.
L ' A M I T I É A L ’E P R E U V E ; B l a n f o r t .
J 'a i rencontré N elfon s'en a llan t dans fes terres ,I l a , du plus lo in qu’il m ’a vu ,O u blié toutes fes affaires ,Sur le cham p il cft revenu.
N e l s o n .M o n am i , j ’aî fenti que la plus im portante Ecoit de te revo ir , de t’em braflcr cent fois.
B l a n f o r t .V ie n s , N elib n , viens rem plir mon am e im patiente ; Nos cœ urs en cc m om ent ren tren t dans tous leurs
droits.J u l i e t t e .
V o tre retour étoit bien néceflaire. B l a n f o r t .
L a fœ ur veut bien pour m oi penfer com m e le frère .C o r a l i .
O u i , nous vous déiirions tous trois égalem ent. Lorfque je vous revois , je crois revo ir un pere ; L oin de vous j eprouvois un tendre fentimeNt ,
£t déiîrois l'heureux m om ent D e vous ouvrir un cœ ur fîncere,
B l a n f o r t .C harm ant aveu l ( a Nelfon ) M ais t o i , tu me parois
changé ;Eh ! qui peut t’avo ir aftligé ?
U n e franche gaieté form oit ton ca ra d ere .N £ L s o N , triflement.
M es occupat ions . . . .B l a n f o r t .
M o n a m i , je ne fais :M ais j’a i cru vous trouver tout autre que vous êtes. V ous m e fem blez tous trois em b an a lfés. A uriez-vous de chagrin quelques caufes iccrette§?
J u l i e t t e ,Q u i pourroit m anquer à nos voeux î
N e l s o n .I l fuiEc que l'on çe leyoie.
c o m é d i e . a s
B l a n f o r t .T enez , mes cKers a m i s , vous n'êtes pas heureux > M ais ma préfence icifca ram ener la p ie .( à Ntlfon, ) Ouvre- moi ton cœ ur , je le veux,
C o r a l i , à Nelfon.Si quelque chofe vous a f l h ge ,
B lanfort eft un am i bien sûr , bien généreux Dites-lui tout 5 puifqu'il l'exige.
N e l s o n .M a fantcs^afFoiblit , le travail me fa it peur.Lcn-dre avec fon fracas me donne de l'humeur.'C cft la tranquillité que je cherche Si que j aim e ;J e veux pour quelque tem ps, fans quitter m on ecat Prendre un peu de repos & jouir de moi- même« Plus libre à la campagne , on y v it lans eclaC, C 'eft-là que tout entier à l’étude on fe livre.
J u l i e t t e .C ’eft exifter alors pour fes am is,, pour foi.
C o r a l i .Eh bien ! nous pourrons vous y fu ivre.
B l a n f o r t .P ar tout où tu feras , c'cft-là que je veux v ivre . M on a m i , ne crois pas te féparer de rnoi.Q ue de charm es fur nousl'am îtié v a repandrcl
Z^iais tu devrois te m arier auiîi.C ’eft un parti que je t ’engage à prendre.
N elfon , quand on a du Touci,U n e fem m e jo ae eft une enchantereiTe ,D on t le regard fereÎn fait fixer le plaifir j
Et fon fourire , qui carellè ,Nous préiente un bonheur qu’ü eft doux de faifir,
J u l i e t t e . _Je connois bien m on frère , & c'eft ainfi qu il penic»
B l a n f o r t .C o m m e n t, quelque beauté lui plaît î C o r a l i , vous favez qui c’eft ,M ettez-m yi dans lu confidence.
4 5 ' U A M Î T I É A L ’É P R E U V E ,C o r a l i , embarrajfée & contrainte par un regard
de UelfonMN on 5 je dois garder le îilence.
B l a n f o r t .Sans la difcréiion poinc de fo c ié té .Et Ton fecrec doit êcre re fp ed é ;
J e n e ‘fuis plus curieux de Tappvendre ;R end re m on am i libre eft m a prem iere loi.Ec je veux que ion cœ ur vienne au devant de m oi 5 J e me rcprochcrois de vouloir le furprendre.
N e l s o n .Mo n a m i . , , .
J u l i e t t e .Vous voyez quel eft Ton embarras,B l a n f o r t .
Sa réferve m*é[onne & ne m ’ofFenfe pas :M ais C o ra li , pour m oi fans doure eft fans m yftere , V ous l’avez difpoiee à recevoir m a m ain ‘
D e m on bonheur je fuis certain.C o r a l i .
J e ne 7ois point T im u r.... mon frère...,B l a n f o r t .
V otre frèreDepuis long, temps defire une union fi chère :N ous pouvons procéder toujours à fon défaut.
C o r a l i .I l vous cherche.
B l a n f o r t .Il viendra , nous nous verrons bientôt.
J e vais dès ce m om ent a ller chez m on N otaire.J u l i e t t e ,
M ais un v a le t p o u rro it , ■.B l a n f o r t .
J ’arriverai plutôt.I l s’agit du bonheur , il faut I l faut faifir tout ce qui l ’accelére.
c o M Ë D I E.A r i e t t e .
Qu’il eft doux de paffer fa vie Entre l’ amour & l’ amitié.D e tout l ’univers qu’on oublie j Heureux qui peut être oublié.Am i tendre &c &mme jolie ,
Sans ceilé feront mon bonheur;E t tous les biens que l ’on envie «J e les trouverai dans mon cœur.
-----------NELSON, JULIETTE CORALI,
N e l s o n .
S I nous trom pions cet h o m m e, en vérité ,Nous ferions bien im pardonnables.
J u l i e t t e ,Hon ! fouvcnt ce m alheur arrive à fes femblables :
Il femble que cc Îbit une fa ta lité. C o r a l i .
C ’eft votre intention , à ce que j'im agine.J u l i e t t e .
Q u i ? moi 5 vous me croyez ce projet inhum ain î C o r a l i .
Exam inez-vous b ic a com m e je m 'exam ine.V ous abufez B lanfort en lui donnant m a m ain.
J u l i e t t e .V oudriez-vous manqafer à la reconnolilànce ?
C o r a l i .N on : mais m on am e eft dans l ’indépendance.
Et qui vous a donné des drôles,Pour affliger , opprim er Tinnocencç ,
L a nature , l'am our &c me diiber m on choix ?Il n'eft donc pas permis qu^on aim e ,S i vous ne Pavez ordonné ?U n cœ ur doit fe donner lui-m êm e ,
Ec c'eft à t o i , N e lfo n , que le m ien s.eft donné.
'48 L ' A M I T I É A L - É P R E U V E ,N e l s o n , avtc pajjïon.
C o r a l i , con nois-m oi, je t ’a im e , )e t’a d o re :M ais en t’a im a n t, veux-tu que je m ’abhorre ?S i pour B lanfort j ’étois un étranger ;
Sans doute je ferois excufable ,C D'un ica plus modéré. ) A vec vous dans ce cas je
pourrois m ’en g ag er,Sans me rien reprocher , fans être m éprifable : M ais l’ami le plus c h e r.. ( trh-vivement. ) jufte C ie l l
j’en frémis.Q uoi ! d’un dépôt iàcré la fainteté trah ie ! . . •
C e feroit une p erfid ie ,U n attentat sffreux. S i je l’avols c o m m i s . . .Q u i 5 m oi I je traînerois la honte & l’in fam ie !
Q uoi ! le rem ord m e pourfuivcoit l Pourrois je fupporter le fardeau de la v ie î
A h 1 mon cœ ur fe déchireroit, J u l i e t t e .
V oyez le défefpoir où vous plongez m on frère.'C o r a l i .
Eft-ce m a faute à m o i , s’i l m ’a fçu plaire ?N e l s o n .
C ’eft la m ienne ; & le ciel s’apprête à m’en punir. Puis-je endurer les m aux où m on am e s’abîme î B ie n t ô t a v e c mes jours mes tourm ens v o n t finir.
C o r a l i .Q ue dis-ru? ( ü part ) ciel !.. ô ciel ! il feroit ma v i d u m e ! ) a Nelfon. ) Eh bien \... fois fatisfait. Blanfort
aura m a foi.N e l s o n .
M 'en fa is-tu le ferm ent îC o r a l i , en fanglottant.
O u i, je renonce à to î. J u l i e t t e .
Nos vœux font donc remplis.N B L s o N.Ah l tu me rends la vie.'
C o r a l i
C O M É D I E . 4ÿC o r a l i , continuant de fangïotter.
C ’eft à t o i , . . . c'eft pour t o i . . . que je me facrific.'N e l s o n .
B larforc ce chérira com m e \e te chéris D e ton cœ ur vertueux i l fentira le prix.C o R A L X.M ais t o i , N elfon , toi la véricé m ê m e ,T oi qui me l’enfeignois com m e une loi fuptêm e : D ois-je à Blanforc cacher ce feu ,Qui , pour t o i , àiK S m on cœ ur ne peut jam ais
s'éteindre iV oudrois-tu m^enfeigner à feindre ?
N e l s o n .En dom ptant fon penchant on n’en doit point l'aveu . C achons la vérité qui feroic une offcnfe ,Et q a i , fans aucun fruit rroubletoic le repos ; L orique la vérité peut caufer quelques m aux ,
Son afyle eft dans le fil«nce. Juliette, embrajfant Corali, )M a chere C o r a l i , faites uu noble e f fo r t ,
t n facrifiant votre f l amme ,N elfon & moi , vous«Sc B ian forc ,
Tous quatre , nous n’aurons qu’une am e :
t R 1 0 .
Rem plis nos cœurs ! douce amitié»T u conible l’hiver de fâg e j T u fais ennobJir la pitié ,T u viens au fecours du courage.Si l’ on éprouve des malheurs ,L e regard d’ un ami foulage ,Les plaifirs ont plus de douceurs,Lorfqu’ un tendre ami les partage.Infpire & reçois notre hommage «Pouce amitié % remplis nos coeurs.
G
L 'A M T T IE A L’É P R E U V E ,==gjT------ II I," ----------------------------= -rrstrm m
S C E N E I V .
B L A N F O R T , N E L S O N , C O R A L I ,
J U L I E T T E , L E N O T A I R E . B l a n f o r t .
L e contrat eft paiTé tout à votre avantage }C orali , j'en fuis enchanté.
Jouifîez de mes biens en pleine liberté.V ous m e donnez bien davantage ,Je vous dois ma félicité.
C o r a l i .V os difpofitions bleiTenc l'intégrité :V os parens n o n t-iis pas dro it à votre héritiige l
B l a n f o r t . 'S i m on bien ne m'eût rien coûté ,
' C e fond pour eux feroit une reifource :J e com m ettrois une in fidélité.
En le détournant de fa foufce.M a fortune eft le fru it de v in gt ans de travaux r J ai gagné quelque bien ; mais c'eft en honnête hom e, Et c'eft pour mes am is que j'en fuis économ e.
A qui le laiiferois-je ? à des collatéraux D e qui l ’avid ité , fur cet eipoir fe fonde ?
Q u i , foigneux de s'anéantir p a n s une inaétion p ro fo n d e ,N e favent que je fuis au m onde
Q ue pour épier l'heure où je dois en fo rtlr.( au Notaire. )
A llo n s , M onfieur , faites le(5ture D e cet A fte oià m on cœ ur fe m ontre à découvert;
Z e Notaire va s'affeoir devant une table, C o r a l i , ^ part.
V o ic i le m om ent qui nous perd. N e l s o n , ( æ part. )
L*amicié me foutient dans cette conjon<^urc.
c o M é D I E. 51B l a n f o r t .
Llfez 5 M onfieur , paiTcz les qualités ;C e t am as bourfoufflé de vaines digniués ,Pour tout A nglois qui penfe , eft un v ia i verbiage.
L ê N O T A I R t .Ho n , h o n , b o n , hon , les claufes font i c i ,
{ l l U u ) , . ■» Et B lanfott reconnoît avo ir de C orali
»> R eçu lors de fon m ariage « U ne terre près de Dubin ,
M V a lan t de revenu m ille livres fterling. «C o R A L I.
S i l’on m ’appelle en tém oignage ,Je dirai que l'article eft une fauiTecé.
L e N o t a i r e .C 'eft une fauiTeté d’ufage ,
( U continué de lire. )« Et fi ledit B lan fo it m eurt fans poftérité ,« La m oitié cie Tes biens fera pour fon époufe :»» L’autre m oitié de droit appattiendra M A l'hom m e heureux qui la conlolera. »
J ü L I E t T E.C ’cft n’avo ir pas l’hum eur ialoufe.
B l a n f o r t préfente la main à C orali, & la fa it a£eoir à côté du Notaire.
: ■ ---------- -------------------
S C E N E V.Zes Précéilens, & T I M U R qui paroit dans le fond
du Théâtre , fans être apperçu des Acleurs, B l a n f o r t , <2 Corali.
O vous ! dont la jeuneiîe em bellit la vertu , Signez cet a£te reipevtablc , ■Pour lu i donner la form e irrévocable
Donc il doit être revêtu.C o R A L I J ( i part, )
Helas ! mon fiè re m ’abandonne.G 2
j i L’A M I T I É A L’É P R E U V E ,¿ e Notaire préfeníe une plume à Corali pour Jtgner le
coairat.D o n n e z , je vaîs i igncr , ( ) mon ferm ent m e
l'urdoniic.B l a n f o r t .
M a cherc C o r a l i , votre cœ ur eft ému,C o R a 1 I.
D o n n e z . . . .B l a n f o r t .
Elie pâlit,T i m u r .
( ¿ Corali. ) Arrête j ( a B lan h rt- ) Elle te trom pe. Je ne dois p^s ioü ff.ir que fon cœu^" (é corrom pe , Q ue ce cœ ur aiiiTi pur que les rayons du jour P ar un devoir forcé trah iiie tou am our.,Ton am our ôc ie lîen.
B l a n f o r t .D ieux ! que viens.je d ’entendre î
T i m u r .E lle aim e !
B l a n f o r t ,Qui ?
T i m u r .N elfon.
B l a n f o r t .Aurois je dû m ’attendre ?
Q uelle furprife l ôc quel revers ! N e l s o n .
Je frémis.C o r a l i , prête à s’évanouir.
Je me meurs.B l a n f o r t '
G ran d Dieu I qu’allois-je fa ire ? J u l i e t t e , appellant Be¡‘{i pour fecourîf
Corali^B e tz i 3 B e tz i,
C O M É D I E . î j
S C E N E V I .JLes PrécéJens, EETz.1 , fu ivie t/*ATvlILCAR»
B l a n f o r t , à Nelfon,
T " o N em barras m 'éclaire ,N elfon. N e l s o n .
A h ! B la n fo rt, je te perds.B l a n f o r t , ¿i Timur.
N e lfo n , en q'.ii j'ai m;s toute ma confiance i Aui'Oit-il pu ? . . .
T I M u R.RcfpeôVe ton a m i ,
C ora li , fans l ’aim èr . n^a pu vivre chez lui ;T out autre que N elfon . . il s’t f t fa it violence* i l re fp efto .t un cœ ur qui n'étoii dû qu'à t o i ,
En le condam nant au filence ,D'un facrifice affreux il lui fa iio it la loi.
{ Après ces vers , i l court ^ fa fa u r , )M a chpre lœ u r . . .
N t L s o N , Blanfort,J e dois te paroîire coupable.Sans le v o u lo ir , j ’ai caufé ton m alheur.J ’ai préparé celui de cette fille aim able ,M ais j ’attefte la f o i , ton a m itié , l ’honneur#
B l a n f o r t ,L aiife-là tes ferroens, N e lfo n , ils nous outragent
C'eft la reifource des in g ra ts ,Et non de deux arois dont les maux fe partagent.
Te ferrerois- je dans mes b ra s ,6 i je ne te croyois l'am i le pl«s fidèle.
N e l s o n .A h î B lanfort !
B l a n f o r t , à part.C om bien il en coûte à m on cœ ur ! J^éprouve une douleur morcelle >
( en Je tournant vers Corali* )Corali 3 Corali,
j 4 L ’ a M I T I É A ¡ ' É P R E U V E ,C o r a l i , revenue a elle par degrés.
Q uelle voix m e rappelle ?( Pendant Vannonce de V A riette qui fu i t , Juliette pré*
fente Corali à B lanfort. )C o r a l i , à B lanfort,
A r i e t t e .Votre couroux eft legitime ,Soyez le maître de mon ibrt ;A il ' iî l ’amour a fait mon crim e.J e l ’expierai par le remord.
par vos foins , votre bieiifaifance ,C ’eft à vous que je dois Je jour j J e fens que la reconnoiiïance •A des droits plus forts que l’ amoitr.
B l a n f o r t .
F i n a l e ,Apprenez , C o ra li, comme Blanfort Îè venge,
Vous époufez Nelfon.
C o r a l i .Qu’entends-je î
N e l s o n & T i m u r .
Ouï } Corali.J u l i e t t e , ^ Corali.
Tom bez à fes genoux.
B l a n f o r t , relevant Corali.A ll! clierenfkat, que iaites-vous ?
C à Timur. ) Son bonheur doit te fatisfaire ,' T im u r, c’eft remplir tes fouhaits.
T i m u r & N e l s o n .T u mets le comble à tes b ienfaits.
E t dans Nelfon , ^ j’embraiTe un frère.
E H S B M S i E y excepté Ber^i & A m ilcar,Ne faifons plus qa ’une même famille,
C O M É D I E . S f
Ç l A N F O R T .
Ma C o r a l i , je t ’ adopte p ou r f il le . T i .m u r , J u l i e t t e j N e l s o n , C o r a l i ,
O B lan fo rt I qu e de b ien fa its !
B l a n f o r t .
C h er A m ilc a r , pour toi que puis-je fa ire ? A m i l c a r .
D onner B ctzi pour fem m e à m oî.B E T z I.
Il a fauve vos jo u rs , il eft digne de moL B l a n f o r t .
E lle y confent ? elle eft à toi.
A m i l c a r . B e t z r .
M a B e tz i , to i donc à m o i A m ilc a r j je fu is à to i.T a , l a , l a , l a , l a , m o i tou t R e ç o is m a m a in , m o n cû su r ,
à to i. m a foi-B e t z i , m ’ am our , m on p ’ t i t D e to i j ’ a tten d s m on bon-
cœ u r i _T o u jo u rs to i fa ire m on bon- Ja t te n d s de to i touc m o »
iieu r . bonheur^
L - A M I T I É A L - É P R E U V E ,B l a n f o r t .
8cN e l s o n .
Si nous avons fait leur bonheur,
N ous en pai tageons U douceur.
T o u s .
Si vous avez fait leur bonheur ,
Veus en partagez la douceur.
B E T z I.
¡M ’aimerois-tu toujours,,
A M I L c A R.O 'ji >
Touiouvs m’aimeraiüHjB B T Z I.
Oui.A m i l c a r .
Oui, Bi'tzi, oui, jnes «itîoars ,
Touj'^urs y toujours.
M o i, t’ aimer tou.- jours, tuLijours- B H T z i.
E t moi , t ’aimer aulii toii/ours C O n r 'p n n d U
D uo. )A M X I. c A R.
M a Beczi. h Z ; .Mon am’ ,T u firas,
A m i l c a r . 'Son mari.B ?. T /- I.
Le mari.Le plus chcri.
A M î L c A R.T a , la, la, la, re, ri.
T i m u r ;&c
J u L I E T T E.
Si nous avons fait leur bonheur ,
Nous en partageons la douceur.
.Ve lso n & B l a n f .
'Ti nous avons fait leur bonhtfur,
.'•'o us en partageons la douccur.
C h « u r G é n é r a i *
Que ram itié nous raifcmble , PafTons le i jours les plus doux ; PaiTons tous nos jours enfemble j L e vrai bonheur fera pour uous,
î I N,
J*
/ fV* ■
*
Éfevr'tiéiS^*lV ÂÂfî3 * V' í ?.í- - .** • Ä‘tf>.» ' •. « y *
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